Mort de Luc Montagnier : une "vie exceptionnelle" marquée par des années de dérive

Né à Chabris dans l'Indre en 1932, le professeur Luc Montagnier, prix Nobel de médecine, est mort ce 8 février à l'âge de 89 ans. Sa carrière fut marquée par son rôle dans la découverte, avec d'autres chercheurs, du VIH, mais aussi par ses propos ultérieurs en faveur du lobby antivax.

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La mairie de Neuilly-sur-Seine, qui a assuré disposer de son certificat de décès, a fait part ce 10 février à l'AFP de la mort du virologue Luc Montagnier deux jours plus tôt à l'hôpital américain de la ville, confirmant des informations diffusées sur les réseaux sociaux. En effet, la nouvelle avait commencé à circuler le jour même, via des personnalités et des sites coutumiers des fausses informations, comme le média en ligne FranceSoir, bastion du complotisme antivax.

Co-découvreur du VIH

Ancienne vedette de la recherche française, le professeur Luc Montagnier s'était mis au ban de la communauté scientifique depuis une dizaine d'années par une série de prises de positions aberrantes.

En effet, le professeur Montagnier a reçu, en 2008, le prix Nobel de médecine pour son rôle dans la découverte du VIH, le virus de l'immunodéficience humaine à l'origine du sida, un prix et une découverte partagés avec Françoise Barré-Sinoussi. "Attribuer tous les lauriers, après coup, à Luc Montagnier était sans doute injuste pour Françoise Barré-Sinoussi", observe le professeur Thierry Prazuck, chef du service des maladies infectieuses du Centre hospitalier régional d'Orléans, joint par France 3. En effet, comme le rappellent certains chercheurs, les travaux de l'équipe étaient principalement menés par Jean-Luc Chermann, oublié du Nobel, et son élève Françoise Barré-Sinoussi, tandis que Montagnier était le responsable administratif du laboratoire.

"Nous saluons ce jour le rôle déterminant de Luc Montagnier dans la co-découverte du VIH. Une avancée fondamentale à laquelle suivront malheureusement plusieurs années de dérives scientifiques que nous ne pouvons occulter", a réagi pour sa part l'association Aides, engagée dans la lutte contre le sida.

Réalisée au début des années 1980, alors qu'explosait la pandémie de sida sans espoir de survie à court terme pour les malades, cette découverte a été le premier pas qui a permis d'aboutir une quinzaine d'années plus tard à des traitements permettant de vivre avec la maladie.

Elle a toutefois fait l'objet d'une longue polémique sur sa paternité avec l'équipe du chercheur américain Robert Gallo. Luc Montagnier et Robert Gallo s'étaient finalement accordés sur l'idée que l'équipe du premier avait isolé le virus, mais que celle du second avait établi son lien direct avec le sida.

"Plus aucune crédibilité" ces dernières années

Depuis les années 2000, le professeur Luc Montagnier a néanmoins bâti sa notoriété par des prises de positions largement discréditées par la communauté scientifique. Il a par exemple régulièrement pris la défense de la théorie (infondée) de la "mémoire de l'eau" à la base de l'homéopathie, voyant dans son inventeur Jacques Benveniste un "nouveau Galilée". En 2002, il a prescrit au Pape Jean-Paul II un extrait de jus de papaye fermenté pour soigner sa maladie de Parkinson, et estimé, en 2012, que les antibiotiques pourraient être efficaces contre l'autisme. Il avait connu un sursaut de renommée avec ses propos erronés sur le covid-19 sorti selon lui "d’un laboratoire chinois avec de l’ADN de VIH" et sur la vaccination, estimant qu'elle serait en cause dans l'apparition de variants alors que ces derniers existaient avant même le début des campagnes de vaccination.

"Il a raconté les pires bêtises", regrette Thierry Prazuck, observant qu'à la fin de sa vie Luc Montagnier n'avait "plus aucune crédibilité au sein de la communauté médicale et scientifique". Certes, "il a eu une vie exceptionnelle, mais ses prises de position ultérieures ne l'ont pas grandi". En revanche, le professeur était devenu une référence pour certaines personnalités antivax, qui lui ont rendu hommage, comme l'agitateur d'extrême-droite Florian Philippot.

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