Cinq ans après le début la première manifestation des gilets jaunes, le constat est amer pour la dizaine de manifestants rassemblés à Issoudun (Indre). Ils estiment que leur combat n'a pas réussi à faire changer la donne.
Il flotte comme un air de nostalgie pour la petite dizaine de gilets jaunes rassemblés sur un rond-point d'Issoudun (Indre) ce samedi 18 novembre. Ils sont venus célébrer les cinq ans du mouvement social qui a particulièrement secoué le pays entre novembre 2018 et juillet 2019.
"Nous sommes les irréductibles gilets jaunes, c'est comme ça qu'on nous appelle", sourit Dominique Giraudeau, un retraité de 68 ans. Lui, qui a connu les "grandes" mobilisations dans le département en 2018, est aujourd'hui amer : "Cinq ans après, on se rend compte que rien n'a changé, c'est même encore pire", estime-t-il
Les revendications sont d'ailleurs toujours les mêmes sur le rond-point : "À l'époque, on avait le pouvoir d'achat qui faisait la tête et c'est encore le cas aujourd'hui. On est obligé de faire attention à tout ce que l'on achète", s'alarme le retraité.
Pouvoir d'achat et démocratie
Plus que le pouvoir d'achat, les questions autour des questions démocratiques sont toujours ancrées dans les revendications : "Emmanuel Macron et Elisabeth Borne gouvernent tout seuls, à coup de 49-3 à tout va. C'est catastrophique", s'agace Dominique, une autre gilet jaune.
Pour rappel, le mouvement avait été lancé pour protester contre l'augmentation des prix du carburant avant que d'autres revendications, comme la mise en place d'un référendum d'initiative citoyenne (RIC), soient portées. L'organisation d'un grand débat national et des primes, avait permis d'apaiser les tensions avant que la crise de la covid ne mette un coup d'arrêt à la mobilisation.
"C'est un mouvement qui est terminé"
Cinq ans après, les gilets jaunes d'Issoudun ne peuvent que constater que le mouvement ne mobilise plus autant qu'à l'époque. "Mais ce n'est pas un constat d'échec, plutôt de fatigue. Les gens en ont marre", analyse Dominique, qui rappelle que la mobilisation massive contre la réforme des retraites a également échoué.
Reste, les souvenirs et l'attachement à cette période inédite : "Gilet jaune un jour, gilet jaune toujours", assène Dominique Giraudeau. "Pour moi, cela reste un combat. D'une manière ou d'une autre, je veux faire entendre les idées de départ, puisqu'elles sont encore d’actualité", explique le retraité.
Dominique, en revanche, est plus fataliste : "On n’avait jamais rassemblé autant de personnes à Issoudun. C'était la France d'en bas, des invisibles, qui sont remontés à la surface et qui ont bloqué le pays pendant des semaines. Mais soyons honnêtes, c'est un mouvement qui est aujourd'hui terminé", souffle-t-elle.