Parmi les 86 départements actuellement concernés par des restrictions de l'usage de l'eau, l'Indre figure dans un triste top 5 national des territoires en manque d'eau. Ce département est déclaré en situation de crise intégrale.
Cela fait 18 mois que le département de l'Indre est en déficit chronique de pluviométrie. Une sécheresse qui a mis à mal les ressources en eau de surface, celles qui sont visibles dans les cours d'eau et notamment celui qui donne son nom au département, la rivière Indre.
En début de semaine et malgré quelques averses sur cette partie ouest du Berry, l'Indre, la rivière, avait une apparence de filet d'eau.
Cette spectaculaire baisse du débit est temporaire, liée à un effet de lent tarissement, mais suffisamment inquiétante pour mobiliser les associations environnementales.
Christian Toussaint, Responsable du groupe eau de l'association "Indre Nature" :
Mobilisée ce lundi sur le bord de l'Indre à Déols, commune de l'agglomération de Châteauroux, "Indre Nature" veut marquer les esprits et prendre les citoyens à témoins du manque de réactivité des politiques sur le réchauffement climatique.On a la moitié des cours d'eau, soit 2500km, complètement à sec (..) C'est complètement affolant et le reste des rivières qui ne sont pas à sec ont des débits 80% inférieurs aux minima connus.
L'opération est politique, pour venir au soutien des appels des mouvements écologistes, mais elle n'en est pas moins légitime.
Sur l'ensemble du département de l'Indre des arrêtés préfectoraux sont appliqués afin de suspendre tous les prélèvements d'eau non-prioritaires, y compris l'irrigation agricole, mais la situation reste alarmante.
Raphaël Tillie, du Collectif "Il est encore temps" :
Nous nous devons de nous lever et de réagir et nous nous devons d'aller voir les politiques, d'aller voir les associations, pour travailler ensemble à des solutions d'avenir.
Dans ce Centre-Ouest c'est tout le bassin hydrologique qui se trouve en situation critique. Deux départements voisins, la Creuse et la Haute-Vienne, font également partie du top 5 des départements les plus durement touchés par la sécheresse.
La DDT de l'Indre confirme la gravité de la situation
Le Directeur-Adjoint de la DDT 36 (Direction Départementale des Territoires) ne minimise pas la situation de son département. Joint par téléphone, Rémy Lauranson, livre un constat sans appel :Le réseau des cours d'eau de l'Indre est fait d'une multitude de ruisseaux, un "chevelu" très réactif au manque de pluie et effectivement à sec en ce début d'automne. Les quelques averses des derniers jours vont faire du bien, mais il faudra une pluviométrie soutenue - pendant plusieurs semaines - pour un retour à la normale. Pour pallier ce déficit de pluviométrie, 30 à 40% de moins sur deux étés consécutifs, les arrêtés de restriction d'usage de l'eau n'ont pas eu l'efficacité espérée.La situation est grave. (...) Il va falloir qu'on se retrousse les manches tous. (..) On a sans doute passé un cap dans notre secteur du Centre-France et tout cela est lié au changement climatique.
Les services de l'Etat vont entamer une réflexion sur les trois prochaines années pour réévaluer les procédures et mieux partager la ressource. Enfin les eaux souterraines sont aussi dans un état très préoccupant. Les nappes auraient besoin d'un hiver extrêmement pluvieux, pour faire face à un éventuel troisième été chaud et sec. Dans certains secteurs, ceux de Buzançay, Ecueillé ou Sainte-Sévère-sur-Indre, des menaces existent bel et bien sur l'eau potable. Si les mois à venir n'apportent pas une recharge suffisante en eau de pluie, ces communes pourraient être confrontées à des ruptures d'approvisionnement en 2020.