L'intelligence artificielle envahit l'univers numérique et inquiète déjà bon nombre de citoyens. Mais l'I.A se positionne aussi dans le monde réel comme un vecteur de progrès. C'est le cas dans le domaine environnemental, la piste majeure de développement de l'intelligence artificielle en Centre-Val de Loire.
Sur le campus de l'Université d'Orléans, le laboratoire PRISME est surtout connu pour des recherches dans les domaines de l'énergie, notamment les futurs moteurs à hydrogène, ou des technologies de l'automatique et de la robotique.
Mais quels que soient les domaines d'études, il y a désormais un outil commun à tous les chercheurs et aux meilleurs étudiants de ce laboratoire, il s'agit de l'Intelligence Artificielle.
L'IA s'affiche comme le prochain allié incontournable de toute compilation et analyse de données, une nécessité pour explorer les domaines scientifiques actuels.
Alors PRISME a fait appel à un enseignant-chercheur chevronné pour ses cursus en I.A, le directeur de la Technopôle d'Orléans, Frédéric Ros.
Ses travaux de recherche portent notamment sur les "algorithmes évolutionnaires", des formules mathématiques qui s'inspirent de l'évolution des êtres vivants pour proposer les meilleures solutions dans un environnement donné.
Pour le commun des mortels, cette simple présentation peut paraître soit futuriste, soit totalement obscure !
C'est plutôt ce caractère ardu, voire inaccessible, qui saisit le visiteur en entrant dans le bureau des doctorants en I.A, des étudiants chercheurs de niveau Bac + 5 minimum.
Sur l'un des ordinateurs s'affichent des cartes de l'agglomération orléanaise sur lesquelles figurent des courbes de températures et de précipitations.
Sous la supervision de Frédéric Ros, les doctorants jonglent ici avec des concepts mathématiques dont la vertu est de permettre le traitement de millions ou de milliards de données numériques en un clin d'œil.
De ces concepts naissent les fameux algorithmes du "deep learning", l'apprentissage profond, censés s'approcher de la réflexion d'un cerveau humain.
Et dans cette unité du laboratoire PRISME ces recherches sont souvent orientées vers la transition écologique.
Le deep learning au service de l'environnement
De ces recherches mathématiques naissent aujourd’hui des programmes régionaux destinés à protéger ou améliorer notre environnement.
En Centre-Val de Loire, une communauté s'est rassemblée autour de l'utilisation de l'intelligence artificielle.
Elle rassemble des centres de recherche comme l'université d'Orléans ou le laboratoire d'informatique fondamentale de Tours, mais également des partenaires institutionnels ou des entreprises.
Ils sont répertoriés sur le portail "I.A Loire Valley".
Toujours sous la férule de l'enseignant-chercheur Frédéric Ros, mais cette fois en tant que directeur de la Technopole d'Orléans et co-architecte de la communauté I.A Loire Valley, plusieurs acteurs de l'Intelligence artificielle en Centre-val de Loire ont choisi la thématique environnementale comme terrain de développement de l'I.A.
Le programme le plus avancé se nomme PrévizO, un axe de recherche sur la préservation de la ressource en eau du Centre-Val de Loire.
Le laboratoire PRISME est l'un des contributeurs du projet aux côtés du Conseil Régional, du BRGM, de la Métropole de Tours ou de l'Agence de l'eau Loire-Bretagne.
PrévizO vient d'obtenir la reconnaissance de l'État en tant que projet pionnier pour la préservation des ressources en eau.
Il est l'un des 8 lauréats français du plan France 2030 dans la catégorie "innovation en matière d’intelligence artificielle au service de la transition écologique".
Le "Climate data hub"... incontournable pour traiter la masse de données nécessaires à l'établissement des constats et des remèdes
L'avenir a pour nom "Climate Data Hub", un projet conçu grâce à la volonté politique du Conseil Régional Centre-Val de Loire.
Des fonds publics et privés ont été levés pour agréger et mettre en commun les données pouvant concourir à l’adaptation au changement climatique.
Distingué en 2024 par l'Observatoire de l'Innovation Publique, le succès du Climate Data Hub est dépendant de nos avancées en I.A.
Rappelez-vous, au début de cet article, du bureau des doctorants en I.A du laboratoire PRISME à Orléans : "Sur l'un des ordinateurs s'affichent des cartes de l'agglomération orléanaise sur lesquelles figurent des courbes de températures et de précipitations."
Il s'agissait de l'une des pistes explorées dans le cadre du Climate Data Hub, la cartographie des îlots de chaleur en zones urbaines et la recherche des solutions techniques pour les atténuer.
L'intelligence artificielle est le levier incontournable pour traiter la masse de données numériques nécessaires à l'établissement des constats et des remèdes.
Avec l'I.A les possibilités sont infinies.
D'autres pistes d'étude sont identifiées, de la réalisation de jumeaux numériques pour comprendre la pollution des nappes phréatiques, jusqu'à la modélisation des risques d'inondations, en passant par la décarbonation des transports scolaires.
L'utilisation de l'intelligence artificielle n'en est qu'à ses balbutiements, mais la révolution est en marche et notre région a choisi d'en faire un couteau suisse au service de la nature.
