Arrivé troisième au premier tour de l'élection présidentielle avec 22% des voix, Jean-Luc Mélenchon a fait savoir qu'il comptait sur les élections législatives pour devenir Premier ministre. Mais concrètement, comment est désigné le Premier ministre en France ?
Il lui a manqué 400 000 voix pour être qualifié pour le second tour de la présidentielle. Autant dire pas grand chose. Fort de ce score frustrant, le candidat de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a demandé aux Français de "l'élire Premier ministre" avec le 3e tour qui a commencé, les élections législatives du mois de juin. Une telle configuration imposerait donc une cohabitation au chef de l'Etat. Concrètement, comment cela se passe ? Déjà, contrairement aux dires du candidat, les français n'élisent pas le Premier ministre.
Vers une cohabitation ?
Comme le précise l'article 8 de la Constitution, "la nomination du Premier ministre est un pouvoir propre au président de la République". Il le choisit au sein de son propre parti s'il obtient, à l'issue des élections législatives, la majorité parlementaire. En revanche, le président de la République peut se retrouver dans une situation dite de cohabitation (sans majorité à l'Assemblée nationale), auquel cas il doit nommer un Premier ministre issu de cette nouvelle majorité. Qui plus est, la Constitution prévoit dans son article 49 que :
Le Premier ministre, après délibération du Conseil des ministres, engage sa responsabilité sur son programme
Article 49 de la Constitution de 1958
Et si une cohabitation venait à s'instaurer ? Et bien cela n'aurait rien d'inédit sous la Cinquième République puisqu'elle en a déjà connu trois : Lionel Jospin (PS) a été le premier ministre de Jacques Chirac (RPR puis UMP, devenu aujourd'hui Les Républicains) à partir de 1997 tandis qu'Edouard Balladur (RPR) a été celui de François Mitterrand (PS) à compter de 1993.
Enfin, pour nos plus jeunes lecteurs, la première cohabitation remonte à 1986 quand François Mitterrand avait choisi Jacques Chirac comme Premier ministre. Une fonction qu'il n'avait pas manqué de lui rappeler deux ans plus tard lors du débat d'entre deux tours de l'élection présidentielle.
A l'heure donc où la gauche réfléchit à une union de ses partis, le scénario de la cohabitation peut-il se répéter ? C'est en tout cas dans ce but que Jean-Luc Mélenchon a donné rendez-vous à ses électeurs aux urnes les 12 et 19 juin pour les élections législatives.
Mais pour Emmanuel Macron, "il y aura d'abord des décisions à prendre, un contexte géopolitique éminemment grave et peut-être des décisions qui seront profondes. Ensuite, il y aura à préparer des élections législatives au mois de juin. Ce sera à ce moment-là et en fonction du résultat qu'on verra. Quand on confond les agendas, on prend rarement des bonnes décisions" avait-il confié dans un entretien à nos confrères de Ouest France.