C'est une avancée technologique qui devrait être d'une grande aide pour les buralistes. Depuis quelques temps, en Indre-et-Loire, des caméras détectrices d'âge ont été installées dans plusieurs bureaux de tabac. Leur objectif : éviter la vente de tabac ou de jeux d'argent aux mineurs.
À Tours, une drôle de caméra a fait son apparition sur le comptoir du bureau de tabac de Martine Ozan depuis deux mois.
Au moment de payer, le boîtier analyse les traits du visage du client sans enregistrer les données. Si le voyant est vert cela signifie que l'acheteur est majeur, s'il est rouge c'est qu'il est mineur.
Quelques erreurs
Mais la caméra à reconnaissance faciale ne semble pas encore totalement au point. Ce jour-là, le voyant affiche rouge pour une jeune femme venue acheter du tabac. Après vérification de sa carte d'identité par la buraliste, il s'avère que la cliente est âgée de 21 ans.
"C'est un peu embêtant quand on sait qu'on a dépassé l'âge légal depuis un petit bout de temps, confie cette dernière. En plus je n'ai pas toujours ma carte d'identité sur moi maintenant que je sais que je suis majeure."
La cliente repartira néanmoins avec le sourire, admettant que "sur le principe c'est plutôt une bonne idée".
Quelques minutes plus tard, nouveau voyant rouge et nouvelle erreur de la caméra. Cette fois-ci, c'est pour un jeune homme de 25 ans. "Ça n'a pas l'air de bien marcher, sourit-il. Je ne pense pas que ça soit très efficace."
Une technologie dissuasive
Mais pas de quoi entamer l'enthousiasme de Martine Ozan. Même si la fiabilité de la caméra semble contestable, elle dissuade malgré tout les fraudeurs.
Avant, un jeune de 16 ans, assez grand, avec un peu de barbe, il se disait 'ça va passer'. Désormais, les jeunes qui n'ont pas 18 ans et qui savent qu'on a cette caméra, ils ne viennent pas car ils se doutent qu'on va vérifier leur âge.
Martine Ozan, buraliste à Tours
Buraliste à Amboise, Thierry Bessé s'est équipé de l'appareil il y a deux semaines et constate déjà un changement, notamment dans les rapports avec ses clients.
"Quand on n’avait pas la caméra et qu'on demandait une carte d'identité, on avait toujours plus ou moins un rapport de conflit avec le client. Il nous demandait le pourquoi du comment, explique-t-il. Maintenant quand il passe au détecteur, ce n'est plus le buraliste mais la machine qui dit."
La région bientôt entièrement équipée ?
Cette innovation soulagerait donc les buralistes, car vendre volontairement ou par erreur des produits interdits aux mineurs (tabac, jeux d'argents, etc.) n'est pas sans conséquences. "Il y a le risque d'être radié", affirme Matthieu Meunier, président du syndicat des buralistes en Indre-et-Loire.
En Indre-et-Loire, département pilote, une cinquantaine de bureaux sont dotés de détecteurs d'âge. Le syndicat des buralistes projette d'étendre le dispositif à l'ensemble de la région Centre-Val de Loire au premier semestre 2025.