La ligue contre la violence routière s'insurge contre les radars tourelles

Alors que de nombreux radars tourelles sont installés et dégradés, à l'image des deux d'Indre-et-Loire, la présidente de la Ligue contre la violence routière, Chantal Perrichon, a marqué son mécontentement contre ce nouveau dispositif, qu'elle juge "obsolète".

Déterminée. Même en vacances loin de la France, la presidente de la Ligue contre la violence routière, Chantal Perrichon a tenu à répondre à notre demande d'interview par téléphone, le 6 juillet, dans l'après-midi. Elle est revenue sur le déploiement et les premières dégradations des radars tourelles, mais également sur la limitation de vitesse à 80 km/h dans certaines zones et le rétropédalage du gouvernement.

France 3 : Des radars tourelles récemment installés ont été vandalisés, comme en Indre-et-Loire fin juin. Que pensez-vous de ce nouveau dispositif ?

Chantal Perrichon : Il est temps d’arrêter avec les radars fixes qui sont obsolètes. Ils sont dégradés. Avec les radars tourelles, ce sera identique. Certes, il faudra plus de ténacité et de malfaisance pour les dégrader mais c’est possible, notamment avec des engins de levage agricole. Ce sont des piliers : ils peuvent être sciés et abattus.  En plus, cela génère de l’inégalité entre les citoyens, entre ceux qui peuvent voir les radars signalés et d’autres non. Il faut arrêter de dépenser autant d’argent dans les radars fixes. Nous demandons un arrêt du déploiement. Poursuivre dans l'erreur, c'est pathétique.

France 3 : Les radars tourelles semblent pourtant plus performants que ses prédécesseurs...

C’est évident que c’est mieux au niveau technologique. Mais c’est plus coûteux et toujours aussi destructible. On veut des dispositifs performants qui ne seront pas vandalisés.

France 3 : Quelle est l'alternative ?

Les voitures banalisées, pilotées par des équipages de réservistes et qui ne pourront être vandalisées. On devrait se calquer sur ce que font les Anglais : 8 000 voitures banalisées pour 300 000 kilomètres de route. En France, nous n’avons qu’une centaine de voitures banalisées pour 1 million de kilomètres de route. En Angleterre, la vitesse est supérieure, les contrôles très largement supérieurs. Et ils savent qu’une infraction entraîne une sanction, ce qui n’est pas le cas en France.

Surtout, la DSCR (Délégation à la sécurité routière) doit être transparente : à quel endroit ces radars sont placés, pour quelles raisons...

Le plaisir du “moi je” doit laisser la place à “nous”

France 3 : Entre les radars tourelles et le rétropédalage du gouvernement pour les zones à 80 km/h et 90 km/h, vous êtes bien occupée...

Oui. Il n’y a pas de négociation ni de discussion possible pour les limitations de vitesse. Tout doit rester jusqu’à la fin de l’expérimentation. Le gouvernement a fait une expérimentation de l’ISF pendant deux ans, pourquoi ne pas en faire de même avec la limitation de vitesse ? 

Il avait avancé que c’était une des mesures les plus écologiques. Alors, soit il est en phase avec un discours très vert ou alors nous somme dans une incohérence totale.
France 3 : Quel est votre sentiment après les premiers chiffres liés à cette expérimentation ?

Des dizaines de vies ont été sauvées et ça continue. Certains diront que c’est grâce à une météo favorable ou une amélioration des véhicules. Quelle ânerie on va nous dire encore ? Le plaisir du “moi je” doit laisser la place à “nous”. La route se partage. 

France 3 : La décision va désormais dépendre des présidents de conseils départementaux...

Ils demandent l'aide ou plutôt, le parapluie, des préfets, voire même des pompiers et des gendarmes. Ce n’est pas une loterie. Ce serait illogique de rester à 80 km/h dans certains départements et pas dans d’autres. Certains seront plus en danger que d’autres pour aller à l’hôpital, faire leurs courses... C’est impensable et irresponsable. Il n'est pas question de négocier pour sauver des vies. 


 
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