Coronavirus : rentrée du Maroc après avoir été bloquée, une habitante de Blois raconte son parcours du combattant

Lundi 16 mars, le chef de l'État a annoncé la fermeture des "frontières à l'entrée de l'Union européenne et de l'espace Schengen" dès le lendemain midi et pour 30 jours. Il a aussi précisé que les Français souhaitant rentrer "pourront bien entendu rejoindre leur pays". Est-ce le cas dans les faits ?

Pour Elodie, c'est un calvaire qui touche à sa fin. Mercredi 18 mars, elle a enfin pu poser un pied sur le sol français, après avoir été bloquée plusieurs jours au Maroc avec sa famille.

Je suis encore sous le choc, explique-t-elle. Je me suis sentie abandonnée par mon pays, j'ai vraiment eu honte.


Cette maman de trois enfants, originaire de Blois, était partie avec sa famille à Kénitra le 8 mars dernier, pour présenter sa dernière-née à sa belle-mère. Elle avait prévu de rester six jours et devait repartir le 14 mars de l'aéroport de Fès. Mais tout ne s'est pas passé comme prévu. "Le 13, nous avons reçu un mail de la compagnie aérienne nous indiquant que le vol était annulé. Ils ne nous ont proposé aucune autre solution."

Depuis le vendredi 13 mars et jusqu'à nouvel ordre, le Maroc a officiellement suspendu ses liaisons aériennes et maritimes avec la France, à cause de l'épidémie de coronavirus, laissant des centaines de Français démunis. 


Un parcours du combattant

S'en suit alors un véritable parcours du combattant. Elodie se rend à l'aéroport, à trois heures de route de Kénitra, pour tenter de trouver un moyen de rentrer en France. "On nous proposait seulement des vols pour les Pays-Bas, la Belgique ou l'Angleterre, sans certitude que nous pourrions rentrer chez nous après."

Sans solution, elle tente de trouver un autre billet pour Paris sur le net : bingo ! Mais deux jours après, le vol est de nouveau annulé. La Blésoise adhère alors aux groupes Facebook de Français bloqués au Maroc et tente de joindre l'ambassade de Rabat. "C'était extrêmement compliqué de les avoir. La première fois, ils ont pris mon nom et mon numéro de passeport et ils m'ont raccroché au nez."
 
Après le discours d'Emmanuel Macron lundi 16 mars au soir, la famille a eu bon espoir que de nouveaux vols se débloquent pour rapatrier les ressortissants français. À juste titre.
 

Dès le lendemain des annonces, ma mère a réussi à avoir l'ambassade de nouveau. Nous avons expliqué notre situation : nous étions avec trois enfants et je manquais pour ma part de médicaments contre l'asthme. On nous a alors indiqué que nous allions être pris en charge, car nous faisions partie des personnes prioritaires.


Une bonne nouvelle pour Elodie, qui sentait la pression monter parmi la population marocaine. "De retour du marché, une Marocaine nous a agressé verbalement, en nous disant que les Français n'étaient plus les bienvenus", raconte-t-elle. "L'ambiance a changé dans le pays : des cafés, des hammams ont fermé, on sent l'inquiétude."

Le mardi soir, le téléphone sonne : un agent de l'ambassade confirme à Elodie qu'elle sera rapatriée avec sa famille dès le lendemain, de l'aéroport de Rabat. "Ce n'est pas vraiment un rapatriement à proprement parler, car nous avons dû payer nos billets, 270 euros par personne sauf pour le bébé. Je me suis même endettée pour pouvoir rentrer."
 

"On nous a fait entrer par une petite porte cachée de l'aéroport"

Le lendemain, Elodie et ses proches se rendent à l'aéroport mais ont pour consigne de rester à l'extérieur.
 

Un agent de l'ambassade s'est chargé d'aller chercher nos billets. Nous avons attendu dehors avec une dizaine de personnes dans la même situation que nous. Quand il est revenu, l'agent nous a dit : "Si on vous demande où vous avez eu vos billets, dites que vous les avez trouvés sur Internet, pas que je vous ai aidés." On nous a ensuite fait entrer par une petite porte cachée de l'aéroport, pour que personne ne nous voit.


La famille a finalement pu atterrir à Paris, dans un avion pas tout à fait comble. "J'ai compté, il restait 5 places vides. C'est dommage, une famille comme la nôtre aurait pu prendre ce vol."

Depuis son retour, Elodie peine à réaliser les événements des derniers jours.
 

Dans mon malheur, j'ai eu de la chance, car je pouvais être logée chez ma belle-mère. Mais je sais que de nombreuses familles de Français n'avaient plus d'argent, plus d'hôtel. Moi, j'ai choisi de rentrer pour mes enfants. Je voulais qu'ils puissent être soignés en France au cas-où."
 

Pour l'instant, la Blésoise n'a pas de solution pour se faire rembourser les billets avancés, ni son premier vol retour annulé. "C'est une galère que je ne souhaite à personne. Je me demande encore pourquoi j'ai pu rentrer en France et pas d'autres. Je pense d'ailleurs à ceux qui sont encore bloqués." Elle ajoute : "Le pire avec tout ça, c'est qu'aujourd'hui j'ai vraiment peur de repartir à l'étranger..."
 

Un site web pour les Français en galère de logement à l'étranger
Dans un communiqué, le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères annonce qu'une "solution web" vient d'être mise en place pour les Français en difficulté à l'étranger. 

"Pour nos compatriotes qui sont en attente d’un vol et qui ne disposent pas d’hébergement, nous venons de mettre en place un service d’urgence de mise en relation de français bloqués à l’étranger en situation de difficulté et des français établis hors de France se portant volontaires pouvant les accueillir. Ce service d’entraide, pour proposer un hébergement ou pour en demander un, est disponible à l’adresse web suivante : www.sosuntoit.fr"
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