Nous vous proposons un portrait étonnant : un directrice d'école maternelle devenue créatrice de bijoux en verre de Murano à Troo dans le Loir-et-Cher. Depuis 7 ans, elle crée ses perles dans son atelier-boutique dans le village troglodyte. Un lieu insolite pour une reconversion réussie.
Cela peut prendre entre 10 minutes et deux heures pour créer une perle. C'est comme un domptage. Il faut gérer le changement d'état du verre. C'est un vrai rapport de force que j'adore.
Claire Dufrenne est une femme qui a toujours aimé relever des défis, changer d'activité pour ne jamais s'ennuyer. " J'ai fait les marchés, éducatrice j'ai été éducatrice spécialisée puis institutrice en maternelle et directrice d'école," raconte Claire, le sourire malicieux. "Je créais des bijoux quand j'étais directrice d'école pendant mon temps libre. Peu à peu, les bijoux ont pris plus de place que les enfants dans ma tête. Je me suis dit qu'il était temps que j'arrête".
Une retraite anticipée à 47 ans
A ce moment-là, Claire a 47 ans, 3 enfants et le droit de prendre une retraite anticipée après 15 ans de service dans la Fonction publique. " C'était le moment ou jamais. Après ce droit allait disparaître alors j'ai foncé. "
Bien sûr, c'est un sacrifice financier. 650 euros par mois de retraite ce n'est pas évident. Mais c'est un revenu fixe sur lequel Claire s'appuie pour lancer son activité de créatrice de bijoux à plein temps.
Un atelier-boutique tombé du ciel
" Au départ je créais chez moi. Je n'avais pas d'atelier ni de boutique. C'est difficile de vendre seulement sur internet. Et puis j'ai trouvé ce lieu qui est tombé du ciel."
Ce lieu c'est l'ancienne porte du village de Troo. Le propriétaire cherchait à le faire vivre. Il l'a loué gracieusement à Claire pendant des mois. " Sans cet atelier-boutique, je n'aurais jamais réussi à vivre de mes créations. "
Tous les après-midi, Claire ouvre sa boutique au public. Elle montre sa façon de dompter le verre, organise des stages et des expositions.
7 ans après sa reconversion, Claire ne regrette pas l'Education nationale. "Bien sûr, parfois on se sent seule. Il m'arrive de ne croiser personne pendant deux jours. Cela change du bruit et du fourmillement de l'école. " Et puis, elle a des nouvelles de ses anciens élèves devenus grands. "Je vois régulièrement mes ex-collègues de travail,. Ils me racontent leur quotidien. Une chose est sûre, je ne regrette vraiment pas mon choix. J'adore ce que je fais. "
Reportage de Marine Rondonnier, Sanaa Hasnaoui et Jérémy Bénard :