Loir-et-Cher: l'EHPAD Gaston d'Orléans de Blois bientôt transformé en hôtel de luxe, au grand dam de certains soignants

Le compromis de vente de l'EHPAD Gaston d'Orléans, à Blois, a été signé le 19 décembre. D'ici quelques mois, la maison de retraite deviendra un hôtel 5 étoiles, entraînant la fermeture de 77 lits, ce qui inquiète le personnel soignant. 

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Posté sur les berges de la Loire depuis des siècles, l'actuel EHPAD Gaston d'Orléans de Blois a connu plusieurs vies. Propriété du frère du roi Louis XIII, devenu hospice, puis maison de retraite, il pourrait prochainement se transformer en hôtel cinq étoiles.

Le directeur du centre hospitalier Simone-Veil de Blois, Olivier Servaire-Lorenzet, a signé le compromis de vente jeudi 19 décembre, avec le porteur de projet, Yvan Saumet, actuel président de la chambre de commerce et d'industrie du Loir-et-Cher.


"Les conditions d’herbergement et de travail ne sont pas dignes du XXIème siècle"

"J’ai accepté une proposition d’achat reçu il y a un an et demi. Ce n’était pas dans la stratégie de l’hôpital de vendre, mais après réflexion, j’ai donné mon accord, se justifie le directeur du centre hospitalier.

Les conditions d’herbergement et de travail à Gaston d'Orléans ne sont pas dignes du XXIème siècle. Les locaux sont vétustes [le bâtiment n'a pas été rénové depuis les années 1970, ndlr].

J’ai engagé l’hôpital dans un grand projet de transformation. Réhabiliter la maison de retraite aurait coûté 15 millions d’euros et l’hôpital n’a pas les moyens de financer tout cela. Nous avons fait le choix de privilégier la chirurgie obstétrique."


Les 77 lits - neufs - de cet éblissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes, dont une dizaine sont aujourd'hui innocupés, devraient donc être fermés d'ici quelques mois. Un "choix difficile" pour Olivier Servaire-Lorenzet, et lourd de conséquences pour le personnel et les résidents.

"Ce qui est compliqué pour eux, c'est de ne pas connaître la date du déménagement, concède le directeur. Mais je me suis engagé personnellement à recevoir les 45 agents qui travaillent à l'EHPAD et à proposer des solutions à toutes les personnes âgées de l'établissement. J’ai obtenu un avis favorable du conseil de surveillance qui m’a autorisé à signer le compromis de vente."


Trois solutions envisagées

Des solutions alternatives ont en effet été proposées. L'autorité régionale de santé a ainsi précisé que "l’intégralité des moyens alloués seront conservés par le centre hospitalier et dédiés aux personnes âgées".

Ces moyens permetttront de créer une unité d’hébergement renforcé de 15 places dans l'EHPAD de la Roselière, de développer 30 places d’EHPAD "hors les murs" - c'est-à-dire d'instaurer une prise en charge à domicile - et de créer un établissement d’accueil pour "personnes en situation de handicap vieillissant" de 15 places, dont certaines médicalisées, d'ici 2021.
 
60 places devraient donc être créées, au lieu des 77 actuelles. Pour Katia, infirmière et représentante CGT, cette solution ressemble fort à de "l'improvisation". "Tout le monde est très inquiet", tant pour les résidents que pour le personnel, assure la syndicaliste. 


Un choc pour les personnes âgées

"L’EHPAD à domicile ne se fait que sous certaines conditions : les patients doivent avoir un logement, ils doivent être sélectionnés par le médecin, ils doivent disposer d’un aidant. Or, pour beaucoup de résidents, ils n’ont plus de famille et ont vendu leur domicile pour payer l'EHPAD. Et puis, c’est un système qui leur coûtera plus cher : il faut compter des frais d’eau, d’électricité ou encore installer un système d’alerte par téléphone", s'insurge Katia.

De son côté, le directeur du centre hospitalier soutient que l'EHPAD à domicile serait moins coûteux qu'une prise en charge plus classique. 
 
Autre difficulté pour les résidents : la perte de repères liée au déménagement et une adaptation peu aisée pour les plus dépendants.

On sait qu’un certain nombre de patients décèdent au moment des déménagements. Le choc pour eux est énorme.

Alors oui, les locaux sont vétustes, reprend la syndicaliste CGT. Mais c’est une situation qu’on a laissée perdurer. Et certains résidents sont heureux dans cette maison, ils peuvent accéder au centre-ville à pied pour aller chercher leur journal par exemple."


"Psychologiquement, c’est très compliqué sur place"

Du côté des personnels soignants, l'inquiétude point également. Certains craignent de ne pas avoir les formations demandées ou de ne pas pouvoir accéder aux services choisis, quand d'autres évoquent la possibilité d'une rupture conventionnelle.
 
"Psychologiquement, c’est très compliqué sur place. Il y a une espèce d’omerta, soupire Katia. Et sur les postes et les formations demandés, il y a des contractuels et des gens qui préparent ces reconversions depuis plusieurs mois. Le personnel de Gaston d'Orléans serait prioritaire ?"

Si la vente se précise, les actuels occupants de l'EHPAD Gaston d'Orléans et leurs soignants auront quatre mois pour quitter les lieux. Une situation guère encourageante pour des professionnels à bout de souffle, dont le métier n'attire plus.  
 
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