Propos jugés sexistes : trois élus quittent un conseil communautaire en pleine séance

Lors de la séance du conseil communautaire du Val de Cher Controis, les propos d'un vice-président ont provoqué l'indignation des élus de Saint-Aignan, qui ont quitté la salle. Plusieurs jours plus tard, les deux parties continuent à se renvoyer la responsabilité.

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Le conseil communautaire du Val de Cher Controis connaît quelques remous ces jours-ci. La séance du 14 novembre dernier en est la preuve. Au cours de celle-ci, les trois élus de Saint-Aignan y siégeant ont claqué les portes du conseil suite à des propos de Jacques Paoletti, maire de Saint-Georges-sur-Cher et vice-président du Val de Cher Controis en charge des finances.

Selon un enregistrement que s’est procuré France 3, Zita Gomes, adjointe à la mairie de Saint-Aignan, a vivement réagi aux propos de Jacques Paoletti, avant de quitter la séance, suivie des deux autres élus de la commune, le maire Éric Carnat et son autre adjoint Xavier Trotignon. Ces propos étaient adressés à la maire de Selles-sur-Cher, Stella Cocheton.

Un conseil communautaire mouvementé

Alors que le vice-président aux finances faisait état des subventions accordées par le conseil communautaire à diverses entreprises, vient le tour de la boutique "Flo Lingerie", un magasin de lingerie de Selles-sur-Cher. "À Selles-sur-Cher, chère Stella, "Flo Lingerie", tu la connais parfaitement cette activité", commence Jacques Paoletti, avant de marquer une pause. "Je ne sais pas comment je dois le prendre", répond Stella Cocheton. "C’est n’importe quoi ! Je m’interroge sur cette réflexion. On va où là ?", questionne aussitôt Zita Gomes.

Quand Jacques Paoletti donne raison à Zita Gomes et tente de reprendre, l’élue de Saint-Aignan poursuit, très agacée : "Non mais franchement ? Est-ce qu’on se serait permis de dire ça si c’était un homme ? Non mais n’importe quoi, c’est une honte ! J’espère que cette réflexion sera notée sur le compte rendu !"

C’est alors que Jean-Luc Brault, président du conseil communautaire, donne raison à Zita Gomes et assure que la remarque sera notée, tout en demandant de passer à autre chose. Ce que nous confirme Zita Gomes mais qui est également audible sur l'enregistrement.

Des excuses exigées et présentées

Par la suite, Zita Gomes demande des excuses à Jacques Paoletti pour "toutes les femmes de cette assemblée" et même "toutes les femmes". "Je m’excuse", prononce Jacques Paoletti. Mais l’adjointe au maire de Saint-Aignan ne décolère pas : "Ça ne vous choque pas qu’on compare une femme à de la lingerie dans une assemblée d'élus ? C’est une honte ! C’est une honte !"

Au moment où Zita Gomes prend ses affaires pour quitter l’assemblée, suivie des autres élus de Saint-Aignan, Jacques Paoletti reprend la parole. "Chers collègues, effectivement, c’était très maladroit et malvenu, je m’en excuse. On pratique l’humour avec Stella, mais effectivement, ça n’a pas lieu d’être dans une assemblée délibérante comme la nôtre et je m’en excuse encore une fois", peut-on entendre sur l'enregistrement, qui se poursuit après le départ des trois élus.

"Blague" sexiste ou rancœur politique

Deux jours après ce conseil mouvementé, Jacques Paoletti confirme ses propos en insistant sur une "blague" destinée à Stella Cocheton mais considère la sortie de Zita Gomes comme "une attaque personnelle honteuse des élus de Saint-Aignan". "Ce n’est pas la première fois, ni la dernière qu’on fera de l’humour, quand bien même celui-ci est un peu gaulois", prévient-il, agacé.

De son côté, la maire de Selles-sur-Cher, Stella Cocheton va totalement dans son sens. "En plaisantant à mon tour, j’ai dit : ‘Je ne sais pas comment je dois le prendre.’ J’ai même dit à Zita que c’était de l’humour. Je n'ai pas compris sa réaction", assure-t-elle.

L’édile dit entendre la réaction de l’élue de Saint-Aignan, mais garantit ne pas s’être sentie "blessée ou salie en tant que femme". "Je connais effectivement très bien cette boutique et sa gérante", ajoute même Stella Cocheton.

Zita Gomes, quant à elle, persiste et signe : "Sur le moment, ce n’était pas sa réaction. Jean-Luc Brault a d’ailleurs tout de suite repris en disant que c’était maladroit et que ce serait noté dans le compte-rendu de séance."

Contacté par France 3, Jean-Luc Brault nie avoir entendu des propos de son vice-président aux finances et qu’il n’a jamais rien dit concernant le compte-rendu de séance. "C'était une blague", assure néanmoins le président du conseil communautaire.

"Il y a des Sandrine Rousseau à Saint-Aignan maintenant !"

Selon lui, la séquence correspond plutôt à une rancœur politique en rapport au 11e poste de vice-présidence du conseil communautaire, alors vacant. "Les élus de Saint-Aignan, déçus d’être battus pour le dernier poste de vice-président, ont cherché par tous les moyens à perturber l’assemblée", promet le président du conseil. À l’occasion de la séance du conseil communautaire, c’est Alain Poma, le maire de Châtillon-sur-Cher, qui a été élu au dernier poste de vice-président.

Quitter le conseil et partir de la séance sur des sujets importants qui concernent Saint-Aignan, c'est plutôt ça qui est inacceptable pour ces élus.

Jacques Paoletti, vice-président aux finances du conseil communautaire du Val de Cher Controis et maire de Saint-Georges-sur-Cher

Pour Jacques Paoletti, la sortie de Zita Gomes est d'ailleurs "à la limite de la diffamation".

Le maire de Saint-Georges-sur-Cher ne s’interdit d'ailleurs pas de porter plainte. "Ce sont des accusations faites par des gens complètement hurluberlus. Il y a des Sandrine Rousseau à Saint-Aignan maintenant. Il faut que Jacques Paoletti porte plainte pour diffamation", s’emporte de son côté Jean-Luc Brault. Ambiance.

Que dit la loi ?

Le sexisme est défini par la loi dans le code pénal, mais aussi le code du travail, avec quelques nuances. Comme l'indique le code pénal, l'outrage sexiste est sanctionné par une amende, mais peut aller jusqu'à un travail d'intérêt général en cas de récidive. "Constitue un outrage sexiste le fait d'imposer à une personne tout propos ou comportement à connotation sexuelle ou sexiste qui soit porte atteinte à sa dignité en raison de son caractère dégradant ou humiliant, soit crée à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante", spécifie l'article 621-1 du code pénal.

Le code du travail, lui, se concentre sur l'effet produit et non l'intention de nuire à une personne en particulier. "Nul ne doit subir d'agissement sexiste, défini comme tout agissement lié au sexe d'une personne, ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité ou de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant", précise l'article L1142-2-1 du code du travail

En attendant le compte-rendu de séance qui, à l'heure où nous écrivons ces lignes, n'a pas encore été publié, difficile d'imaginer que les relations se réchauffent entre les membres du conseil de la communauté de communes du Val de Cher Controis. 

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