Le conseil départemental a décidé de distribuer à tous les collégiens loir-et-chériens un bracelet rechargeable contenant du gel hydroalcoolique. Une commande importante financièrement que les collégiens ont largement détourné de l'objectif sanitaire.
"Un bracelet distributeur de gel hydroalcoolique pour tous les collégiens de Loir-et-Cher". C'était la bonne intention du conseil départemental du 41, "engagé dans la lutte contre la propagation de la Covid-19", comme avancé dans un communiqué transmis ce lundi 11 janvier.
Ces bracelets de plastique, rechargeables, peuvent contenir "entre 10 et 15 mL de gel", précise le conseil départemental. En tout, environ 15 000 de ces bracelets ont été commandés. Soit à peine assez pour les 16 000 collégiens que comptent le territoire.
Car un certain nombre de principaux de collèges ont décidé de refuser le don du conseil départemental. "On a été plusieurs principaux à réagir, en disant qu'on n'en voulait pas dans nos établissements", témoigne-t-on à la direction d'un collège du Loir-et-Cher.
"Jouer à Spider-Man"
La raison de ce refus : "Des collègues chefs d'établissement ont fait valoir que des élèves avaient mis de l'encre ou du parfum dans le bracelet avec le gel, et jouaient à se battre avec. Ce que nous avions complètement anticipé. Ce sont des collégiens, c'est le plein âge pour inventer des tas de choses avec ce genre d'objets."
Après en avoir elle-même discuté avec ses élèves, notamment sur la question de la mode, la directrice d'un autre collège du département confirme :
Les collégiens n’étaient pas prêts du tout à porter le bracelet, à part peut-être pour jouer à Spider-Man.
Démarche environnementale
Et si un certain nombre de collèges publics ont pu refuser la dotation avant même la commande, les collèges privés se sont retrouvés devant le fait accompli. Sans les avoir demandés, "on a reçu les kits la semaine dernière, et pour l'instant, aucun chef d'établissement n'est venu les chercher", affirme ce 11 janvier Philippe Colleu, responsable communication de la Direction diocésaine de l'enseignement catholique (DDEC) à Blois.
Les services de la DDEC ont en effet "fait passer un message interne, estimant que ce n'était pas très vertueux". Selon Philippe Colleu, "quand on s'engage dans une démarche de transition environnementale, on évite de se servir d'objets venus du fin fond de l'Asie", alors qu'existaient déjà d'autres moyens de se fournir en gel.
Alors "par le biais du refus, on veut les inciter à penser autrement", avance-t-il, promettant d'envoyer au conseil départemental "un exemplaire de l'encyclique du pape, qui prône une écologie intégrale".
"Un équipement opportun"
Des critiques qui agacent le département. "On ne peut pas reprocher à un département en charge des collèges de mettre à disposition des établissements des équipements pour protéger les jeunes, estime-t-on au conseil départemental. On est plutôt dans un équipement opportun, vu la période."
D'autant que, à un peu plus d'un euro pièce, les 15 000 bracelets pèsent léger sur le budget à côté "des 16 millions d'euros déboursés par le conseil départemental pour l'ensemble du dispositif Covid". Le Loir-et-Cher s'enorgueillit par exemple d'avoir été "l'un des premiers départements à doter tous les collégiens en masques", avant de fournir des bombes aérosols désinfectantes et des flacons de gel hydroalcooliques aux collèges.
Quant aux bracelets refusés par les collèges, le conseil départemental promet qu'il n'y aura aucune perte : "On va les distribuer à nos agents, car ils peuvent être utiles pour plein de métiers." Des adultes qui sauront en faire un usage certainement moins ludique que de jeunes adolescents.