Situé au Controis-en-Sologne, Fougères est un monument étonnant. Propriété de l’Etat français, il affiche la façade et une aile d’un château-fort du XIème, avant de laisser apparaitre un corps du XVIème.
Fougères comptait parmi les seigneuries du Royaume de France. Rattaché au comté de Blois. Comme beaucoup dans la région, elle tomba aux mains des anglais pendant la Guerre de Cent ans, qui la laissèrent plus tard à l’état de ruines.
Il fallut attendre quasiment la fin du XVème siècle pour que son salut arrive. Incarné par Pierre de Refuge, conseiller du Prince Charles d’Orléans et trésorier de Louis XI. Bâtisseur autorisé par le trône, il fit renaitre les lieux, tout en conservant ce qui restait de la partie médiévale encore debout. Ce qui donne aujourd’hui ce savoureux et surprenant mélange architectural.
Très habilement, le château fut bâti à son origine sur un cours d’eau : la Bièvre. Ce qui lui conférait une multitude de commodités. Un cours d’eau, mais également sept sources potables.
Aujourd’hui, Talcy offre avant tout un intérêt architectural : dans la cour d’honneur, on remarque deux magnifiques frontons d’époque Renaissance, surplombés de l’archange Saint-Michel, ainsi qu’une galerie à arcades caractéristique.
A l’étage, le visiteur est impressionné par une magnifique charpente en carène de bateau partiellement restaurée sur les parties les plus meurtries. Mais l’essentiel est du XVIème. Parfaitement conservé. Mémoire du savoir-faire de l’époque, chaque pièce étant façonnée à la main, assemblée par tenons et mortaises. Un travail exceptionnel. Ce morceau d’architecture résonne avec celui de la partie médiévale, qui dans sa tour de guet laisse également apparaitre une charpente en rotonde des plus magistrales.
Le château est en partie meublé pour reconstituer les logis d’époque. Les pièces - remarquables pour certaines - sont pour la plupart prêtées par le Mobilier National.
Une salle retrace le rôle de Fougères durant la seconde guerre mondiale, car il faut savoir que le château a abrité des centaines d’œuvres des grands musées parisiens. 600 caisses furent livrées et entreposées à l’abri. A l’abri, façon de dire… Car aucune toile, aucune peinture ne put y trouver refuge, à cause de la grande humidité ambiante (notamment parce que le château est construit sur l’eau !). Les murs ruisselaient.
L’eau, omniprésente, joua aussi un grand rôle au 19ème siècle au château. Grâce à la Bièvre qui courre sous l’édifice, on décida d’installer une filature, qui donna du travail à bon nombre de villageois.
Vu l’intérêt du site, le classement au registre des Monuments Historiques est intervenu en 1912, avant que le château devienne la propriété de l’Etat en 1932.