Ce 18 janvier, Jean Castex a annoncé de nouvelles aides pour le secteur de l'hôtellerie-restauration notamment. Mais certains professionnels restent peu convaincus.
Suite aux premières annonces de Bruno Le Maire au début du mois, le Premier ministre Jean Castex a annoncé ce 18 janvier un soutien renforcé aux entreprises de l'hôtellerie, la restauration, des traiteurs, de l'événementiel et des agences de voyages à l'activité toujours affectée par les restrictions liées à la crise sanitaire, tout en saluant les efforts faits par le secteur pour revaloriser les salaires.
Des entreprises "très fortement impactées par la crise sanitaire"
Cette aide, complémentaire aux mesures déjà prises, était attendue par des entreprises encore "très fortement impactées par la crise sanitaire", a souligné Jean Castex, entouré de la ministre du Travail Élisabeth Borne et du ministre délégué aux PME et au Tourisme Jean-Baptiste Lemoyne, au terme d'une rencontre avec les représentants du patronat du secteur, dans une brasserie parisienne. "Il y a beaucoup moins de touristes. Les restaurateurs, à Paris comme ailleurs, sont impactés par les mesures que nous avons prises, notamment le recours au télétravail, le fait qu'on ne puisse plus consommer qu'assis... Donc il est normal que nous les aidions jusqu'à retrouver une situation normale", a déclaré le Premier ministre.
Très touché par la pandémie, le tourisme (dont les hôtels, restaurants...) fait partie des principaux bénéficiaires des quelque 240 milliards d'aides mobilisées par le gouvernement depuis le début de la crise sanitaire, a-t-il rappelé. Pour les mois de décembre et janvier, "les entreprises de moins de 250 salariés perdant au moins 30% de leur chiffre d'affaires, en raison des restrictions prises fin 2021" afin de freiner la 5e vague de Covid-19, auront droit à une "aide exceptionnelle au paiement des cotisations salariales", d'un montant égal à "20% de leur masse salariale", a annoncé M. Castex.
Quant aux entreprises de moins de 250 salariés des mêmes secteurs qui perdront plus de 65% de leur chiffre d'affaires, elles recevront, pour décembre et janvier, cette même aide au paiement des cotisations salariales de 20%, mais elles "seront également exonérées de charges patronales", a complété M. Castex. Il s'agit notamment des "traiteurs et des entreprises de l'évènementiel", a-t-il précisé. Dans le même temps, toutes les entreprises perdant 65% de leur chiffre d'affaires en raison des restrictions sanitaires ont accès au remboursement de l'activité partielle à 100% sans reste à charge, a-t-il rappelé. Celles du tourisme qui perdent au moins 50% de leur chiffre d'affaires voient l'intégralité de leurs coûts fixes pris en charge.
Une nouvelle "usine à gaz" ?
Du côté des professionnels, pourtant, l'inquiétude demeure, surtout pour les plus petites entreprises. Début janvier, Sabine Ferrand, présidente de l'Union des métiers et industrie de l'hôtellerie (UMIH) du Centre-Val de Loire, dénonçait au micro de France 3 un "pansement sur une jambe de bois" lors des premières annonces. Après ces nouvelles concessions, la cheffe d'entreprise reste droite dans ses bottes. "C'est encore une usine à gaz", déplore-t-elle. "Je me demande si les gens qui prennent des décisions sont au courant des situations des gens sur le terrain."
Un couple qui est TNS, travailleurs non salariés, et cotise au RSI, ils n'ont pas de masse salariale, et pourtant ils ont besoin d'aide aussi. S'ils ont perdu 'seulement' 48% de leur chiffre d'affaires, ils passent à travers les mailles du filet et ils n'auront rien ! Pourtant c'est 80% de nos entreprises en France !
Sabine Ferrand, présidente de l'UMIH Centre-Val de Loire
L'ensemble de ces mesures, explique-t-elle, est à l'avantage des "grosses chaînes" et au désavantage des petites structures plus familiales. De son côté, pour adoucir cet effet de seuil qui prive certaines entreprises de toute aide en dessous de d'un certain taux de pertes, il serait préférable de mettre en place un système de paliers. "10% de pertes de chiffre d'affaires sur une année, on peut encore l'absorber. 20% on a déjà plus de mal, mais 30% c'est foutu !" L'UMIH Centre-Val de Loire, affirme sa présidente, devrait donc continuer à discuter et à négocier avec le gouvernement pour des mesures plus significatives. Et tout cela ne prend toujours pas en compte, déplore-t-elle, la situation des discothèques, toujours fermées. Or les mois de décembre, janvier et février font partie des plus importants de l'année. "Là, on repart jusqu'en octobre sans trésorerie."
Dans l'hôtellerie et la restauration, le Premier ministre a aussi salué un "accord historique" entre le patronat de l'hôtellerie-restauration et la CFDT, "ce qui va leur permettre de mieux recruter". Au menu, une rémunération minimum supérieure de 5% au Smic et une augmentation moyenne de 16,33% de l'ensemble de la grille salariale actuelle. Une deuxième négociation doit s'ouvrir sur les conditions de travail et se pencher sur le travail en "coupure", les horaires, mais aussi la "majoration des heures supplémentaires, inférieure sur le secteur à ce qu'elle est ailleurs", a déclaré Stéphanie Dayan, secrétaire nationale de la fédération des services CFDT.
Un nouveau conseil de défense sanitaire se réunira le 20 janvier pour "essayer de donner des perspectives", mais "avec une situation encore extrêmement tendue dans nos hôpitaux, il faut rester mobilisés", a conclu M. Castex. De nouvelles décisions et de nouvelles mesures pourraient être annoncées à ce moment-là.