Ce lundi 3 janvier, le ministre de l'économie Bruno Le Maire a dévoilé de nouvelles aides pour les entreprises les plus touchées par la crise. En Centre-Val de Loire, le secteur de l'hôtellerie-restauration réserve un accueil mitigé à ces nouvelles aides.
Alors que le nouveau variant Omicron fait trembler l'économie française, le gouvernement a annoncé ce 3 janvier que les aides en faveur des entreprises, notamment dans le secteur du tourisme et de l'hôtellerie-restauration, allaient être renforcées et élargies.
La prise en charge de l'activité partielle et des coûts fixes est élargie
Les dispositifs élargis concernent la prise en charge de l'activité partielle et des coûts fixes, a indiqué le ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance Bruno Le Maire à l'issue d'une réunion à Bercy avec les organisations patronales et des représentants du secteur touristique.
Les bases du déclenchement de ce dispositif sont élargies et "toutes les entreprises qui auront perdu 65% de leur chiffre d'affaires", contre 80% jusqu'à présent, seront éligibles au remboursement de l'activité partielle à 100% sans reste à charge.
Le dispositif de prise en charge des coûts fixes, réservé jusqu'à présent à un nombre limité d'entreprises (événementiel, loisirs indoor, traiteurs...), sera quant à lui élargi à l'ensemble des entreprises du tourisme: "le fameux secteur S1 et S1 bis, il y a les hôtels, les bars, les restaurants, les agences de voyages, toutes les activités qui sont dans le domaine du tourisme", a souligné Bruno Le Maire.
Le seuil d'accès au dispositif de prise en charge de l'intégralité des coûts fixes est lui aussi abaissé, à 50% de perte de chiffre d'affaires, contre 65% auparavant. Le ministre a par ailleurs promis d'accélérer les procédures de remboursement pour les sommes inférieures à 50 000 euros, "en quelques jours".
"Un pansement sur une jambe de bois"
Interrogé sur le coût pour l'Etat de ces aides renforcées, il a avancé un ordre de grandeur de "la centaine de millions d'euros", "très loin" des milliards du régime du "quoiqu'il-en-coûte". Selon le ministre, le fonds d'urgence de réponse à la crise économique dispose encore de 1,8 milliards d'euros, de quoi continuer à soutenir les entreprises.
Du côté des syndicats du secteur, les réactions sont mitigées. Pour Sabine Ferrand, restauratrice dans le Loir-et-Cher et présidente de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie du Centre-Val de Loire, les annonces du gouvernements sont bien en-deçà des besoins des entreprises et de la détresse du secteur. Les annonces du ministère sont "un pansement sur une jambe de bois", regrette l'entrepreneuse. "On est content de nous dire que tout va bien, on nous caresse dans le sens du poil", mais ces mesures "ne nous feront pas rattraper tout ce qu'on a perdu, ça paiera juste les factures"
En effet, la prise en charge intégrale des coûts fixe par exemple est conditionnée à une perte de 50% au moins du chiffre d'affaires, ce qui entraîne des effets de seuil. "Une entreprise qui a perdu seulement 30% de son chiffre d'affaire, ça signifie qu'elle n'aura rien ?" renchérit la restauratrice. "Je ne connais pas beaucoup d'entreprises capables de perdre 30% de leur chiffre et qui arrivent à régler toutes leurs factures. Qu'est-ce qu'on leur dit ?"
L'épineuse question des cotisations et du prêt garanti par l'État
En outre, les entreprises du secteur de l'hôtellerie-restauration vont devoir commencer à s'inquiéter du remboursement des prêts garantis par l'État, alors que les affaires ne vont pas beaucoup mieux qu'il y a un an. "Que valent nos fonds de commerce aujourd'hui ? Rien du tout", assène Sabine Ferrand. "Il y a des gens qui ferment et qui arrêtent par peur d'être endettés, mais leur commerce ne vaut plus que 25% de sa valeur de 2019." A ce stade, "l'exonération des cotisations sociales pour les mois où l'on n'a pas pu travailler, ce serait un minimum !"
Pour Didier Chenet, président du GNI, le syndicat des indépendants de l'hôtellerie-restauration, "Le gouvernement a bien pris en compte la situation du secteur" mais "il y a encore des améliorations à apporter, c'est tout l'objet des discussions que nous engageons dès maintenant parce qu'il faut faire vite, concernant notamment l'éligibilité au chômage partiel".
Une nette marge de négociation existe donc pour faire évoluer ces mesures. Face aux organisations patronales, Bruno Le Maire a également déclaré que deux demandes des secteurs concernés allaient être examinées: l'exonération de charges pour les entreprises qui auraient perdu 65% de leur chiffre d'affaires ou qui seraient l'objet de mesures de restrictions sanitaires, ainsi que les modalités de remboursement des prêts garantis par l'Etat (PGE) déjà accordés.