"Il va y avoir du monde sur le carreau" : face au coronavirus, la galère des centres équestres

Les établissements équestres sont frappés de plein fouet par la crise du coronavirus depuis le confinement décrété le 16 mars. Sans aucune rentrée d'argent et avec de nombreux salariés au chômage partiel, ces structures aux finances déjà fragilisées doivent redoubler d'effort.

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Les cours d'équitation et les promenades sont annulés, les compétitions n'auront pas lieu, et les allées sont désertes. Pourtant à Orchaise, dans le Loir-et-Cher, le travail ne s'arrête pas pour Jean-Baptiste, gérant du Haras de la Vallée. Dans ses écuries, 40 chevaux doivent toujours être nourris, sortis et leurs boxes nettoyés. "J'ai encore un palefrenier qui vient quatre jour par semaine", explique-t-il au téléphone, "mais j'ai dû mettre ma monitrice en chômage partiel". Au mois de mars, il estime que 70% de son chiffre d'affaire prévu s'est envolé.

Heureusement, le centre équestre a pu s'adapter. Bien que tous les cours d'équitation soient annulés, dont des ateliers au profit d'enfants handicapés et d'écoles, qui représentent la majorité de ses revenus, il peut encore s'appuyer sur les propriétaires de chevaux gardés en pension, au nombre d'une vingtaine.

Quant aux cours du club, ils fonctionnent sur la base d'un abonnement annuel ou trimestriel, que les quelque 150 adhérents ont renoncé à se faire rembourser pour permettre au centre équestre de survivre. "On a la chance d'avoir une communauté hyper soudée", raconte le gérant, qui redoute néanmoins les conséquences de la crise sanitaire. "Sportivement et financièrement, ça compromet tout, ça va représenter un manque à gagner pour tout le monde."
 
 

Sur les chevaux, "il n'y a pas de bouton off !"

Car contrairement à d'autres entreprises, les centre équestres ne peuvent pas tout simplement fermer afin de limiter la casse financière en cette période de confinement. "C'est un peu la double punition", déplore le président du Comité régional d'équitation, Pascal Deboudt. "D'un côté on ferme, il n'y a plus ni cours, ni stages, ni compétitions et donc plus de rentrées d'argent, mais de l'autre côté on doit continuer à travailler puisqu'il faut bien nourrir et soigner les chevaux : il n'y a pas de bouton 'off' !"

La région Centre-Val de Loire compte 500 établissements équestre, représentant plus de 3000 emplois et un accès au sport unique dans les milieux les plus ruraux. Alors que la plupart se retrouvent privés de revenus mais obligés de continuer à travailler, le Comité s'inquiète désormais de voir "d'ici un mois ou deux", des centres commencer à s'effondrer si le confinement se poursuit.

De façon générale, on sait que les animaux ne seront pas en danger : je peux vous dire que les dirigeants de centres équestres préféreront mettre leur propre santé en danger plutôt que d'arrêter de s'en occuper. Mais c'est maintenant qu'il faut réagir !

 

Des structures déjà fragiles économiquement

Au cours des années précédentes, poursuit Pascal Deboudt, les centres équestres ont déjà été fragilisés sur le plan économique, notamment avec la hausse de la TVA et l'aménagement du temps scolaire. "Economiquement, les clubs ne sont pas bien, certains peuvent tomber très vite."

Les structures les plus robustes face à cette crise imprévue sont celles, comme le Haras de la Vallée, qui peuvent compléter leur revenu avec les pensions payées par des propriétaires et s'appuient sur une formule d'abonnement plutôt que sur un paiement ponctuel des activités.

Autre crainte : la pénurie de fourrage d'ici à l'hiver prochain. En effet, pour pallier les problèmes de personnel et le manque d'activité, les chevaux sont mis au pré, "mais ce sont des prés qui ne pourront pas pousser correctement", explique Pascal Deboudt. "On est en train d'attaquer un stock qui devrait durer jusqu'à cet hiver."
 

Appels à la solidarité

C'est la raison pour laquelle le CRE essaie de trouver des solutions auprès des collectivités locales disposant de réserves foncières pouvant être prêtées. "Il y a des terres mises en jachère à la demande de l'Europe, dans le cadre de la PAC. On souhaiterait, vu la situation que des terrains comme ceux-là puissent être mis exceptionnellement à disposition."

Le CRE a également mis en place un système de remplacement des soigneurs équins en cas d'arrêt maladie, afin d'éviter qu'un éventuel manque de personnel dans les établissements équestres ne se répercute sur le bien-être animal.

Comme beaucoup d'autres entreprises, les centres équestres devraient également pouvoir prétendre à des aides de l'Etat pour se relever de cette période de confinement. Face à cette crise quasiment inédite dans son ampleur, "on essaie de trouver des solutions", explique le président du CRE, "mais il risque d'y avoir du monde sur le carreau".
 
 
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