"Les gamins auraient le choix entre brûler vifs ou sauter par les fenêtres" : l'effrayant journal intime du "chasseur de nazis"

Un homme suspecté de vouloir commettre des actes violents a été arrêté dans le Loir-et-Cher et placé en détention provisoire. France 3 Centre-Val de Loire a retrouvé le blog de ce trentenaire qui révèle un profil inquiétant entre paranoïa et haine des autres.

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C'est une plongée vertigineuse dans l'esprit d'un homme suspecté de vouloir commettre des actes violents de masse. Arrêté la semaine dernière par les enquêteurs de la sous-direction antiterroriste (SDAT), l'homme avait en sa possession une quarantaine de bombes artisanales qu'il cachait dans la maison de ses parents, avec qui il vivait, à Veuzain-sur-Loire, au sud de Blois. 

Le suspect tenait également un blog en ligne. Écrit comme un journal intime, l'homme y raconte son parcours et ses projets de tuerie de masse. Il révèle aussi un parcours sinueux, de son placement en foyer pour adolescent à son séjour en maison d'arrêt. 

Entre racisme, paranoïa et pulsion meurtrière, les propos tenus dans ce journal intitulé "mémoire du premier chasseur de nazi" ne permettent pas d'identifier un projet politique clair, mais plutôt l'esprit d'un homme paranoïaque qui voue une haine profonde de l'autre.

L'obsession des "nazis"

Le mot est employé 230 fois. À en croire ses écrits, l'homme est persuadé d'être entouré par des "nazis" qui "prient Hitler". Un terme qu'il utilise pour qualifier aussi bien "les blancs", des gendarmes, ou un homme qui "prie Allah". Il estime que son village "et les villages environnants sont composés de plus de 95 pour cent de néonazis et de leurs esclaves".

Selon lui, ces derniers l'espionnent dans tous ces faits et gestes, mais également ceux de sa famille "Ils utilisent un dispositif pour espionner les appareils connectés de ma famille". 

J’ai voulu acheter une carte Pokémon sur eBay. Elle est passée sous mon nez à la dernière seconde. [...] Les néonazis ont lu ceci. Le lendemain, à chaque fois que j’enchérissais, ils enchérissaient à la dernière seconde. Tout l’après-midi, une dizaine de cartes sont parties ainsi.

Journal en ligne du suspect

De quoi justifier son projet mortifère : "Pendant un Mass Shooting, c'est à Dieu de faire le tri entre ceux qui ont le droit de vivre et ceux qui empêchent les autres de vivre", écrit-il, estimant que "tout ce qui va se passer n'est pas de [sa] faute", car il est le "seul innocent" qui a été "maltraité" : "Les autres personnes de couleurs ont préféré se mettre à genoux devant les croix gammées".

"Lancer une ou deux bombes à clous dans une salle de classe"

Dans ce mémoire de 132 pages, l'homme expose son "plan" pour commettre des actions violentes.  De nombreuses options, plus ou moins crédibles, sont envisagées. Parmi elles, la « stérilisation de la population par un empoisonnement de l'eau", que l'auteur rejette, car les "effets" seraient trop tardifs.

Je pourrai aussi mettre le feu au rez-de-chaussée. Les flammes grimperaient les étages, les gamins auraient le choix entre brûler vifs ou sauter par les fenêtres. Ceux qui sautent se blessent en tombant. Tranquillement dans la cour, je n’aurai qu’à finir les blessés. Ce serait si simple. Comme tirer sur du faisan d’élevage.

Journal en ligne du suspect

Un massacre dans un collège du Loir-et-Cher est également envisagé pour "tuer une centaine ou plus de néonazis". Dans son texte, l'homme fantasme son projet : "Il suffirait que je monte au premier étage, que je fasse sauter quelques bombes incendiaires dans les escaliers pour empêcher les petits hitlériens de descendre", écrit-il. "Puis j’aurai juste à lancer une ou deux bombes à clous dans une salle de classe, de rentrer pour finir les blessés puis de passer à la suivante".

Soif de vengeance

Mais d'où vient cette haine des autres ? La lecture de son journal propose une piste.  À l'en croire, il a été victime durant toute sa vie de racisme, de l'école jusqu'à la vie professionnelle : "Il y avait un dessin d'un groupe d'esclaves noir en train de travailler dans notre livre. Valentin me montra cette image en me disant :  Regarde ! C'est ta famille ! Et toute la classe éclate de rire". 

Après un placement en foyer pour adolescent à Valencisse, à quelques kilomètres de son lieu de résidence, il raconte comment il tente de trouver un contrat en "préapprentissage" dans une mairie. Dans son journal, il mentionne les propos d'un de ses collègues : "Moi, j’aime bien les noirs. Je suis déjà allé en Afrique [] oui ! J’aime bien les noirs, mais chez eux. Et tout le monde a éclaté de rire", écrit-il. Ces moqueries répétées auraient donc provoqué sa soif de vengeance, c'est en tout ce que l'on peut lire entre les lignes de ce long et funeste journal. 

Case prison 

Selon nos informations, l'homme était sorti récemment de prison pour "incendie volontaire". Un épisode que le suspect semble mentionner dans son journal. Il explique avoir tenté de mettre le feu, en 2015, à un véhicule de gendarmerie. Un acte qu'il qualifie de "frappe préventive" pour "montrer à nos agresseurs que moi aussi, je peux m'en prendre à leur famille".

Interpellé durant la semaine du 18 septembre après un signalement sur la plateforme d'alerte Phraros, l'enquête est désormais entre les mains du parquet antiterroriste de Paris, devra déterminer si l’homme a agi seul ou avec l’aide de complice.

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