Les propos sur le "front républicain" de Guillaume Peltier créent le malaise au sein des LR du Centre-Val de Loire

Numéro 2 des Républicains, le député du Loir-et-Cher a créé un séisme dans son propre camp, notamment en attaquant l'idée d'un "front républicain" contre Marine Le Pen à la présidentielle de 2022. Après le recadrage du parti, les forces locales prennent à leur tour leurs distances.

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Il y aurait de quoi commencer à se sentir seul. Depuis le 30 mai dernier, le député du Loir-et-Cher, également vice-président des Républicains (LR), est critiqué au sein de son propre camp. Ce n'est pas la première fois : l'homme politique aime se singulariser, par exemple en étant l'une des seules personnalités de droite à soutenir une augmentation massive des salaires. Mais cette fois, certains estiment qu'il a franchi la ligne rouge.

Qu'a dit Guillaume Peltier ?

Remettons-nous en contexte. Ce 30 mai, Guillaume Peltier est l'invité de l'émission Le Grand Jury, conduite par RTL, LCI et Le Figaro. Criblé de questions sur une variété de sujets, il fait deux sorties particulièrement polémique. La première, réinstaurer la Cour de sûreté - une ancienne juridiction d'exception instaurée par De Gaulle - dans les affaires liées au terrorisme, "islamique en particulier", ne manque-t-il pas de préciser. Il s'agirait de d'emprisonner de manière préventive, et sans possibilité de faire appel, des personnes soupçonnées de porter atteinte à la sûreté de l'Etat.

Le deuxième volet qui courrouce au sein de LR, ce sont les déclarations du député concernant le Rassemblement National de Marine Le Pen et le "front républicain", censé faire barrage aux extrêmes lors des élections nationales. "Moi je ne me lève pas le matin contre le Rassemblement national" a déclaré Guillaume Peltier, qui a qualifié le front républicain "d'imposture". Il l'a également affirmé : face à un duel Macron-Le Pen à la prochaine présidentielle, il votera blanc. "En 2022, pas une voix ne doit se porter sur Emmanuel Macron", disait-il déjà quelques jours plus tôt, dans une interview à Valeurs Actuelles.

Qu'en dit-on chez Les Républicains ?

Même si Guillaume Peltier est vice-président de son parti, ses supérieurs et les autres membres du parti n'ont pas hésité à procéder à ce que l'on appelle aujourd'hui un recadrage. L'enjeu : affirmer que les opinions de Guillaume Peltier ne sont pas la ligne officielle défendue par LR. A l'heure de la surenchère droitière, les Républicains sont en effet menacés dans leur identité politique, et l'ambiance tendue de ces régionales ne semble pas propre à dissiper les confusions.

L'actuel patron des Républicains, Christian Jacob, a multiplié les déclarations pour contredire son numéro 2. Sur Twitter, il réagit le jour même sans nommer directement son collègue. "L’heure n’est pas aux prises de positions personnelles qui nuisent à tous mais à la mobilisation derrière nos candidats" écrit-il. Dans un entretien donné au Figaro (édition abonnés) le 3 juin, Christian Jacob abonde : "Nous n'avons rien de commun avec Marine Le Pen". S'il n'envisage pas d'exclusion, il estime que les propos de Guillaume Peltier ont "fragilisé" son parti.

L'exclusion, elle a pourtant été demandée, par le maire LR d'Ecully - près de Lyon - Sébastien Michel, personnalité en vue chez Les Républicains. Il a écrit aux instances dirigeantes, dans une lettre ensuite partagée sur Twitter. Il dénonce une "dérive inacceptable", et rappelle : "Nous sommes les héritiers de Jacques Chirac, qui a toujours placé la lutte contre l'extrême-droite au coeur de son engagement".

Le député LR Guillaumé Larrivé s'est également montré cinglant : "N’ayant pas été élevé à l’école du Front National, mais au Conseil d’Etat et aux cabinets de Nicolas Sarkozy, j’avoue avoir du mal à comprendre les propositions de certains "responsables" de l’actuelle direction du parti dont j’ai été le porte-parole lors de sa fondation..." Un rappel des engagements de jeunesse de Guillaume Peltier, passé au Front National entre 1996 et 1998. Ce ne sont pas des divergences de vues qui ont précipité son départ, mais la scission entre Marine Le Pen et Bruno Maigret.

Qu'en disent les figures de la droite du Centre-Val de Loire ?

Plus récemment, nouveau coup dur pour Guillaume Peltier. Gil Avérous et Nicolas Forissier, deux figures de la droite en région, ont également tenu à prendre leurs distances. "Il ne faudrait pas laisser croire aux Français que le RN et La République en marche c’est la même chose, qu’il n’y a pas d’incidence à voter Rassemblement national. Une gestion de notre pays par Marine Le Pen serait catastrophique. En cas de duel (...) au second tour de la présidentielle, j’appellerai très clairement à voter pour le président sortant" a déclaré le maire de Châteauroux à nos confrères de la Nouvelle République. Contacté par France 3, il n'a pas souhaité apporter plus de précisions, et maintient ses propos.

Egalement cité par la presse régionale, le député Nicolas Forissier, devenu candidat LR aux élections régionales des 20 et 27 juin. "Je suis quelqu’un de modéré, j’essaie d’être équilibré. Il y a des principes fondateurs dans la République, jamais je n’en sortirai. (...) Je pense aussi que nous n’avons rien à voir avec le Rassemblement national, et sur la forme et sur le fond. J’ai toujours été extrêmement clair et je ne varierai jamais" a-t-il tancé. Nicolas Forissier n'a pas répondu aux sollicitations de France 3. Il n'a pas non plus répercuté sa position sur les réseaux sociaux.

Une indignation générale, sans doute enflammée par le timing électoral. A deux semaines de l'échéances des régionales et des départementales, afficher autre chose qu'une unité et une ligne claire est un pari risqué. Rappelons que sur une diversité de sujets, les positions des Républicains et du Rassemblement National s'entrecroisent. En 2016, ils faisaient pour la plupart front commun contre le Mariage pour Tous. Plus récemment, ils s'alliaient pour rendre impossible l'examen d'une loi sur la fin de vie. Sur la loi séparatisme, en février, les deux partis votaient contre un texte qui n'allait selon eux pas assez loin. Il n'en reste pas moins que cette fois, le vice-président LR semble avoir franchi une ligne rouge.

Contacté, Guillaume Peltier n'a pas donné suite. Il a en revanche rendu sa position très claire sur ses réseaux sociaux. "Parce que je suis fier d’être de droite et pense différemment de la caste qui gouverne, le système me salit. Je maintiendrai."

 

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