Présidentielle 2022 : pourquoi certains maires décident de ne donner leur parrainage à aucun candidat

Par crainte de pression, de reproches de leurs administrés ou par pure méfiance envers la classe politique, certains maires refusent tout net de confier leur parrainage aux candidats de l'élection présidentielle 2022.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Ils sont maires, souvent dans des communes rurales, et de leur signature dépend la présence, ou non, d'un candidat à l'élection présidentielle. En Centre-Val de Loire, seuls 394 élus, dont 253 maires, ont accepté d'accorder le précieux sésame à un candidat, sur un total de 1758 communes.

Des enjeux locaux bien éloignés de la politique nationale

Pourquoi une si faible implication des maires dans la course aux parrainages ? Pour beaucoup, en particulier dans les petites communes rurales, c'est avant tout une question de confiance avec leurs administrés.

"Ici nous sommes une commune rurale, tout le monde ou presque se connaît", explique à France 3 Annick Goineau, maire de Mareuil-sur-Cher dans le Loir-et-Cher. A la tête de cette petite commune de 1158 habitants depuis 2008, elle a décidé de ne donner son parrainage à aucun candidat de cette élection présidentielle. Ce n'est pourtant pas faute d'être sollicitée : certains militants, raconte-t-elle, sont même venus la chercher jusqu'à son domicile !

"Dans les communes rurales, on n'élit pas le maire par rapport à la politique nationale", évoque l'édile. "Avant tout, on est près de la population, on est là pour aider au quotidien." Autrement dit, se positionner pour ou contre un candidat revient à polariser un électorat qui, au contraire, tient par une forme de consensus vis-à-vis des élus locaux.

"Parrainer, ce n'est pas soutenir"

"Ce qui me gêne, c'est que les gens mélangent tout", regrette, à quelques kilomètres de là, Daniel Charluteau, maire du village de Thésée. "Parrainer, ce n'est pas forcément soutenir, c'est juste permettre à un candidat de se présenter. Après, forcément, il y a des formations politiques qui questionnent plus que d'autres."

Pour sortir de cet écueil, le maire de Thésée a quant à lui décider de signer à la "banque des parrainages" mise en place par François Bayrou. Promis au soutien de candidats "à la peine" dans leurs récoltes de signatures, ce regroupement de quelques centaines de maires doit permettre à des candidats crédités d'au moins 10% des sondages d'arriver au seuil de 500 parrainages. "Je trouve qu'au moins, avec ce système, on fait fonctionner la démocratie", estime l'élu.

En pratique, Marine Le Pen et Éric Zemmour, à qui il manque moins de cent signatures, seraient probablement les premiers à en profiter, devant Christiane Taubira, Philippe Poutou ou Hélène Thouy. François Bayrou lui-même a d'ailleurs décidé de parrainer la candidate du Rassemblement national.

La défiance démocratique jusque dans les mairies

Outre le fait de se trouver en délicatesse vis-à-vis de leurs électeurs, qui ont l'impression d'être engagés par un choix de parrainages, les maires vivent aussi une certaine défiance envers la classe politique nationale.

"Ces gens-là ont besoin des maires", explique Daniel Charluteau, "mais en retour quand les collectivités ont besoin d'eux, on ne les trouve plus." Il évoque aussi la "pression" que peuvent mettre certains élus encartés sur de petits maires sans étiquettes.

"J'ai soutenu deux députés successifs depuis que je suis maire, mais quand tu as besoin d'eux ils sont aux abonnés absents. Nous, les maires, on est comme le reste des Français : on a été déçus par cette classe politique." Ne pas parrainer qui que ce soit, c'est donc aussi une façon de s'abstenir.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information