Projet de loi sur la fin de vie : "Le pronostic vital à court et moyen terme sera l’un des enjeux du débat"

Le député Renaissance du Loir-et-Cher Christophe Marion est l’un des parlementaires retenus pour étudier le projet de loi relatif à "l’aide à mourir" qui sera examiné en commission paritaire le 22 avril.

Le projet de loi qui ouvre le droit à une "aide à mourir" a été présenté au conseil des ministres ce mercredi. Le député Renaissance du Loir-et-Cher, Christophe Marion, est l’un des 71 parlementaires retenus pour étudier le texte en commission.

La commission paritaire chargée de l’examen du texte de loi va débuter ses auditions le 22 avril. Le projet relatif à l'accompagnement des malades et de la fin de vie sera présenté en 1ère lecture à l’assemblée nationale le 27 mai et suivi par deux semaines de débat.

Vous vous êtes porté candidat pour la commission chargée d’étudier le texte de loi. Cette implication répond-elle à des préoccupations personnelles ?

Christophe Marion : "Comme des millions de Français, j’ai été confronté à la fin de vie douloureuse d’amis ou de parents, celle de mon père m’a profondément marqué.

Et depuis deux ans, j’organise des rencontres sur ma circonscription du Loir-et-Cher avec des citoyens, des soignants et des élus que j'invite à débattre autour de cette question sociétale. Je me sens légitime à m'exprimer sur le sujet."

Quelles seraient les conditions de ce "droit à mourir" ?

"Le discernement doit être total et réitéré à plusieurs reprises. Ce qui exclut de fait les personnes atteintes de maladies neurodégénératives de type Alzheimer. Néanmoins, la question de l’accès à l’aide à mourir va se poser pour les patients qui ont conservé toutes leurs facultés, mais qui ne peuvent plus s’exprimer ou qui ne sont plus en capacité de bouger leurs membres. 

Le projet de loi stipule expressément que le malade prenne le produit létal lui-même.

Christophe Marion, député Renaissance du Loir-et-Cher

Nous serions alors face à un cas d’exception d’euthanasie. Ce sera l’un des points dont nous devrons discuter en commission." 

Pour solliciter une aide active à mourir, le patient doit être atteint d’une affection grave, incurable qui engage son pronostic vital à court et moyen terme. Comment interprétez-vous cette temporalité?

"La notion de court et moyen terme sera l’un des enjeux du débat car sa perception est différente selon les malades. Un patient atteint de la maladie de Charcot, par exemple, sait qu’il peut vivre encore deux ou trois ans.

Pourtant, face à la dégénérescence inéluctable de ses facultés physiques et cognitives, il peut avoir envie de  solliciter une aide active à mourir bien plus tôt. L’ADMD (association pour le Droit de Mourir dans la Dignité) a d’ailleurs émis le souhait que cette notion de terme soit retirée du texte. Afin que le choix plein et entier de décider revienne au malade."

Est-ce que des patients sous soins palliatifs pourront avoir accès à "l’aide à mourir" ?

"Ce sont deux protocoles distincts. Les médecins estiment que tant qu’il y a un traitement pour soulager le patient, l’aide à mourir ne se justifie pas. En revanche, si le malade refuse les soins palliatifs qui lui sont administrés, cela veut dire qu’il rentre dans la catégorie des personnes dont les souffrances sont "réfractaires et insupportables" ce qui pourrait justifier une aide active à mourir."

Que signifie la "clause de conscience", accessible au corps médical pour refuser d'assister un malade qui souhaite mettre fin à ses jours ?

"Cette clause de conscience existe déjà pour l’Interruption Volontaire de Grossesse. Les médecins nous disent : "nous avons été formés pour soigner pas pour tuer."

Et ceux qui ont eu l’occasion d’accompagner des patients vers leur fin de vie en provoquant des sédations profondes et continues témoignent de leur difficulté à s’en remettre. On n’en sort pas indemne donc j’entends que certains médecins ne soient pas prêts à ces gestes-là."

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