Les deux co-référents d'Anticor en Loir-et-Cher ont fait remonter les révélations de Mediapart sur Guillaume Peltier à leur conseil d'administration. Mais les liens d'un des deux avec la fédération Les Républicains du département font grincer quelques dents.
Les accusations contre Guillaume Peltier, député Les Républicains de Loir-et-Cher et conseiller départemental sur le canton de Chambord, sont apparues notamment avec la parution ce dimanche 21 novembre d'un article par Mediapart. Le média en ligne l'accuse notamment d'avoir employé, pour des missions privées, des collaborateurs rémunérés par des fonds publics, que ce soit par la région ou par l'Assemblée nationale.
Des faits qui, s'ils sont avérés, constitueraient une infraction. "C'est très sérieux", estime Pierre Laporte, co-référent en Loir-et-Cher de l'association Anticor, dédiée à la lutte contre la corruption, notamment en politique. Sérieux au point qu'il a saisi le conseil d'administration de l'organisme au niveau national. C'est ce conseil qui, après étude du cas, choisira ou non de porter le dossier, notamment devant la justice. "Une simple plainte, c'est 1 500 euros d'avocat", affirme Didier Melmoux, coordinateur des groupes locaux chez Anticor. Si bien que l'association est obligée d'arbitrer une telle décision. "C'est dommage mais on a pas le choix".
Co-référent et militant LR
Joseph Augugliaro, co-référent dans le 41 aux côtés de Pierre Laporte, dit avoir lui-aussi fait remonter l'information auprès du conseil d'administration, après que France 3 l'a contacté lundi dans la journée. Son statut au sein de l'association, dans le cadre de cette proto-affaire, en a pourtant chiffonné certains, à l'instar du compte Twitter "Ensemble pour Romo", du nom de la liste menée aux municipales par Louis de Redon à Romorantin-Lanthenay.
Car s'il n'est pas président mais co-référent, Joseph Augugliaro a bien, au moins par le passé, soutenu Guillaume Peltier à différentes occasions. Il a notamment, de son propre aveu, "soutenu sa campagne de 2017", apparaissant sur des photos d'alors avec le député sur son compte Facebook. Mais il dit n'avoir "absolument pas participé à celle de 2021", postérieure à sa nomination chez Anticor en 2020. Il avait également été conseiller municipal à Romorantin, d'abord sur la liste de Louis de Redon, avant une scission au sein-même du groupe d'opposition entre aile centriste et aile droite.
Face aux insinuations des réseaux sociaux sur une relation étroite avec l'ex-numéro 2 de LR, Joseph Augugliaro affirme que "rien ne [le] lie à monsieur Peltier". "Oui c'est le président de ma fédération (celle des Républicains du Loir-et-Cher, ndlr), oui parfois on se voit, assume-t-il. Est-ce que pour autant je vais abandonner mes convictions et mon engagement auprès d'Anticor ? Bien-sûr que non."
De façon générale, "être membre d'un parti politique n'interdit pas d'être membre d'Anticor", affirme Pierre Laporte, co-référent 41. Son engagement politique, Joseph Augugliaro l'avait d'ailleurs "mentionné au moment où il avait été nommé" par le conseil d'administration national. Et ce dernier n'a pas jugé que cet engagement était problématique. "S'il est en activité, ce sera un frein, mais monsieur Augugliaro n'était plus en activité politique", se souvient Didier Melmoux.
"Ma position Anticor prime"
Le co-référent tient à rassurer : "Ma position Anticor prime" sur la politique. Ce qui ne l'empêche pourtant pas de rester ouvertement militant. Durant la campagne des départementales, il continue ainsi de poster sur son compte Facebook des publications pro-Peltier et pro-Perruchot, jusqu'à la victoire de Guillaume Peltier dans le canton de Chambord. Aujourd'hui, Joseph Augugliaro dit ne pas penser que le nouveau conseiller départemental "soit coupable ou responsable de quoi que ce soit, sinon ça fait longtemps que ça me serait remonté", juge-t-il.
Alors forcément, si les accusations portées par Mediapart sont avérées, "je serai le premier déçu", se lamente Joseph Augugliaro. Si "monsieur Peltier était reconnu responsable, coupable d'une quelconque action qui serait illégale, je ne pourrais en aucun cas rester adhérent à la fédération", soutient-il.
En attendant, il laisse le soin au conseil d'administration de décider de la marche à suivre sur le dossier Peltier. "Je ne suis pas journaliste d'investigation, je ne suis pas enquêteur, je ne suis pas procureur", assure-t-il, estimant que là n'est pas son rôle à Anticor. Exit donc, selon lui, tout conflit d'intérêt. Et s'il y avait de tels soupçons, "je laisserais évidemment Pierre Laporte s'occuper du dossier". Là est la "vertu d'avoir un co-référent", comme le dit le même Pierre Laporte, qui ne relève d'aucun parti.
Contacté par France 3, Guillaume Peltier n'a pas donné suite à nos sollicitations.