Terrorisme : trois questions avant le procès des "accusés du 8 décembre 2020", proches de l'ultragauche

Sept personnes sont renvoyées devant le tribunal judiciaire de Paris, ce mardi 3 octobre. Parmi elles, Florian D., un homme originaire du Loir-et-Cher. Les "accusés du 8 décembre" comparaissent jusqu’au 27 octobre pour "association de malfaiteurs terroriste". Ils sont tous sympathisants d’ultragauche.

Été 1995. Plusieurs membres du groupe "Action directe" sont condamnés à de lourdes peines par la cour d’assises. Ils ont commis plusieurs dizaines d’attentats à l’explosif en région parisienne, dix ans plus tôt.

Aujourd’hui, trente ans plus tard et quinze ans après "l'affaire de Tarnac", l’ultragauche fait son retour sur le banc des prévenus. Six hommes et une femme, âgés de 33 à 39 ans, seront jugés pour association de malfaiteurs terroriste devant le tribunal correctionnel de Paris.

Qui sont les prévenus ?

Le petit groupe de militants d’ultragauche serait dirigé par Florian D., 39 ans, anarchiste et libertaire, qui, selon la Nouvelle République, a grandi près de Blois où résident encore aujourd’hui ses parents. Le prévenu a combattu Daech en 2017 auprès des Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) au nord-est de la Syrie. Il y serait resté 10 mois.

Lui, qui se fait appeler "Libre Flot" est dans le viseur de la DGSI (Direction générale de la Sécurité intérieure). Le service soupçonne "Libre Flot" et son petit groupe de fomenter une action violente à l’encontre de cibles institutionnelles. Florian D. est alors fiché S.

Autour de ce mystérieux "Libre Flot" gravitent donc six autres personnes. Camille B., avec laquelle il entretenait une relation amoureuse. Simon G., artificier à Disneyland rencontré dans des soirées punk lorsqu'ils avaient 18 ans. Il y avait également Manuel H., avec qui il avait été scolarisé dans le même lycée agricole. Les trois autres prévenus, Loïc M., William D. et Bastien A., ont rencontré Florian D. sur la ZAD du barrage de Sivens, dans le Tarn, en 2014.

Pourquoi sont-ils jugés ?

Les suspects sont placés sous écoutes, et après plusieurs mois de surveillance, ils sont interpellés le 8 décembre 2020 et mis en examen. Leurs logements sont perquisitionnés, les enquêteurs y retrouvent notamment des produits servant à fabriquer des explosifs et des armes.

Plusieurs faits leur sont reprochés. En février 2020, Florian D. et deux des autres suspects se retrouvent dans une maison de Haute-Garonne. Ils y pratiquent l’airsoft, un jeu de simulation militaire où les participants manient des armes à feu factices à air comprimé. Les trois compères sont soupçonnés d'avoir participé à ces entraînements de progression tactique et de tir, et surtout d’y avoir créé et utilisé des explosifs artisanaux.

Placés sous écoute, ils auraient prévu d’en faire usage afin d’abattre les institutions républicaines et de s'en prendre à des policiers et militaires. Devant les enquêteurs, Florian D, se défend. Il dit avoir fabriqué un gros pétard dans un but "ludique". 

Quelques jours plus tard, Florian D. et Simon G. expérimentent des matières explosives et volent deux sacs d’engrais à Paulnay dans l’Indre, selon nos confrères du Monde.

La justice reproche aussi à certains d'entre eux d'avoir refusé de livrer les codes de leurs moyens de communication cryptés. Toutefois, rien ne peut présager un passage à l'acte imminent en France.

Quelle sera leur défense ?

Le procès se tiendra devant le tribunal correctionnel de Paris. La défense se prépare.

"Sept personnes sont jugées pour association de malfaiteurs terroriste sans que le moindre projet et la moindre cible n'aient été établis, et sans qu'un quelconque groupe n'existe en réalité", ont commenté Coline Bouillon et Raphaël Kempf, avocats de Florian D. "Cette qualification sera contestée fermement par la défense au cours de ces quatre semaines d'audience".

"La réalité de ce dossier, c'est qu'il n'y a ni groupe ni projet violent, mais des modes de vie alternatifs qui échappent à l'accusation"

Lucie Simon et Camille Vannier, avocates de Manuel H.

Le procès débute mardi 3 octobre et doit durer jusqu’au 27 octobre.

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