Il parait que c’est un événement à ne pas manquer. Lorsque vient septembre, dans le Loir-et-Cher, la capitale de la tarte tatin accueille les Nuits de Sologne. Un spectacle pyrotechnique, en deux parties, pour petits et grands.
Samedi matin, 11h, il peut averse. Ce soir, je dois me rendre à Lamotte-Beuvron pour assister aux Nuits de Sologne. Voilà cinq ans que j’habite dans le Loiret et je n’y suis pourtant jamais allée. Mes collègues en parlent comme une institution, quelque chose "à ne pas rater", ou "quand tu y vas une fois, tu y retournes tous les ans". Alors c’est décidé, j’y vais avec eux.
J’ai reçu une liste des "indispensables" de la soirée : bâche, duvet et grosses chaussettes.
J’obéis à la lettre sans trop comprendre pourquoi… Mais je leur fais confiance.
Une pyjama party grandeur nature
Les portes ouvrent à 17h, une fois passé les agents de sécurité me voici face à une immense pelouse et un parterre de chaises. "Nous, on n’a pas le droit aux chaises, mais ce n’est pas grave, c’est mieux par terre" me lance ma collègue. On fait le tour en contournant des groupes d’amis ou des familles installées sur leurs bâches.
Une fois notre espace trouvé, on commence la mise en place. La bâche est étendue, on retire ses bottes et on installe les duvets. Des stands tous autours nous permettent de nous ravitailler en nourriture et boissons. Mais beaucoup ont amené de quoi pique-niquer et passer le temps. Certains ont des jeux de société, d’autres vont danser au son des différentes bandas. Elles reprennent des classiques de la chanson française, les gens chantent : "Moi, j'avais le soleil, jour et nuit dans les yeux d'Émilie".
L’ambiance est familiale, la pluie qui menace n’est qu’un mauvais souvenir. Nos voisins de bâches viennent de Normandie et ne manqueraient ça pour rien au monde. On annonce au micro que la 300ᵉ caravane vient d’arriver ! Oui, certains viennent en caravane et dorment sur place avant de reprendre la route dimanche matin.
L’humidité commence à tomber, je comprends vite l’utilité des grosses chaussettes et du duvet. Après un concert animé par la chanteuse Emji et 45 min de pluie nous imposant de nous réfugier sous nos bâches, le premier spectacle peut démarrer. Je ne sais pas du tout à quoi m’attendre.
Roméo et Juliette
Un homme apparaît sur l’écran géant, "le conteur" me dit-on. C’est lui qui va rythmer l’histoire. Des feux d’artifice illustrent ses paroles. La coordination se fait d’une main de maître. On n’entend pas toujours bien, mais l’histoire étant Roméo et Juliette, on connaît les grandes lignes. Allongée dans mon duvet, regardant le ciel s’éclairer, je ne me rends pas compte du temps qui passe. Illustrer un chef-d'œuvre de la littérature anglaise de cette manière est tout bonnement du jamais vu !
Du rouge, du vert, en haut, en bas, en torsade, en forme de cœur, bref des artifices que je n’avais encore jamais vus ! Honnêtement, je suis bouche bée. L’entracte est annoncé.
Deux fois plus rapide, mais autant d’artifices
C’est un feu d’artifice qui lance la reprise du spectacle. Je suis restée les 10 min de pause dans mon duvet à écouter les gens parler. Tout le monde est ravi. C’est la 19ᵉ édition et pas une seule fausse note. On m’informe que cette fois-ci "ce sera deux fois plus rapide, mais avec autant de feux d’artifice que pour Roméo et Juliette !". Ça risque de faire beaucoup de bruit donc.
Il n’y a pas de thématique, les artificiers s’amusent à composer sur des musiques modernes un spectacle encore plus impressionnant. En fait, ça n’a rien à voir. On ne peut comparer.
Soudain le bouquet final. J’ai du mal à garder les yeux ouverts, la lumière des feux est trop puissante. Puis le calme avant de longs applaudissements. Les lumières des groupes électrogènes se rallument et une épaisse fumée se dégage du sol. Humidité et chaleur ne font pas bon ménage. Chacun range ses affaires et tente de regagner son véhicule. On ne voit pas à 1 mètre. Nos lampes torches ne percent pas la fumée opaque des six tonnes d’artifices tirés. Je n’avais jamais vécu ça. Beaucoup de nouvelles expériences en une soirée !
Nous sommes 20 000 courageux à avoir bravé la pluie, la gadoue et le froid pour voir ce spectacle en pleine forêt de Sologne. Et oui, je reviendrai l’année prochaine. Ils viennent d’annoncer le thème : "pour nos 20 ans, nous mettrons les années 20 à l’honneur !"
Pour celles et ceux qui aimeraient vivre ou revivre la soirée, rendez-vous samedi 14 septembre à 20 h 35 sur France 3 Centre-Val de Loire ou tout de suite sur France.tv.