Un rapport parlementaire, publié ce 23 janvier, alerte sur les graves dérives au sein des fédérations sportives, notamment celle d'équitation, dont le siège est en Loir-et-Cher.
C'est un rapport aussi explosif qu’accablant qui vient d’être rendu public. Ce lundi 22 janvier, la commission d'enquête parlementaire sur les défaillances au sein des fédérations sportives françaises a publié ses conclusions. Elle fustige des "défaillances systémiques" en matière d'éthique et de lutte contre les violences sexuelles, et réclame la création d'une autorité indépendante de contrôle.
Ce rapport, rédigé par la députée écologiste Sabrina Sebaihi, dresse un portrait particulièrement sévère du sport français. "Culture du secret, du mensonge et du faux témoignage", "omerta à tous les étages", "entre-soi", le document de près de 500 pages étrille les fédérations et les autorités de contrôle, c’est-à-dire l’État.
La nouvelle ministre de l’Éducation nationale, Amélie Oudèa-Castera déjà engluée dans les polémiques autour de la scolarisation de ses enfants dans un établissement accusé notamment d'homophobie, est à nouveau épinglée pour son salaire "très élevé, voire anormal" lorsqu’elle était à la tête de la Fédération française de tennis.
Violences, omerta et entre-soi dans le sport français : 62 recommandations pour un choc éthique et démocratique https://t.co/xXatNs4Nda
— Sabrina Sebaihi (@SabrinaSebaihi) January 23, 2024
"Voleur de pommes"
Un autre dirigeant de fédération est également pointé du doigt, mais cette fois pour son comportement. Serge Lecomte, l’actuel patron de la FFE, la "Fédé" de l’équitation française est accusée d’avoir tenu des propos minimisant une affaire d’agression sexuelle lors des auditions de la commission.
Interrogé en novembre 2023 sur les conditions dans lesquelles un éducateur sportif "condamné pour des faits d’agressions sexuelles, et privé à ce titre de la capacité d’exercer la fonction d’éducateur sportif, a été salarié par la fédération sur le site de son siège social au parc équestre de Lamotte-Beuvron", le président s’est "agacé" estimant qu’il s’agit d’une histoire de "voleur de pomme".
L’échange très tendu est toujours disponible sur la plateforme YouTube et fait référence à deux enquêtes du journal Mediapart, en 2020. Nos confrères ont révélé que le président de la fédération aurait fermé les yeux sur une affaire de pédocriminalité.
Dans son rapport, la députée fait mine de s’interroger à la suite de son échange avec le président de la fédération : "Peut-on imaginer qu’il soit capable de prendre des mesures ambitieuses en matière de protection des publics ?"
"Manque de volonté politique"
Plus que le cas du président, le rapport de la commission d’enquête parlementaire cite un autre rapport, rendu cette fois-ci en 2021, par l’Inspection générale de l’éducation du sport et de la recherche (IGÉRS). "L’inspection générale a également constaté, en mars 2021, que cette fédération [s’estimait] globalement incompétente pour sanctionner des comportements délictueux en dehors du domaine très étroit de l’activité sportive fédéral", est-il écrit.
C’est donc une absence de volonté politique qui conduit la fédération à ne pas prendre de sanctions y compris à l’égard des auteurs avérés d’infractions à caractère sexuel, dès lors que les faits n’ont pas été commis dans le strict cadre de l’entraînement ou de la compétition sportive.
Rapport de l'IGÉRS
Contactée, la fédération française d'équitation n'avait pas donné suite à nos sollicitations à l'heure où sont publiées ses lignes, tout comme Benoit Bouix, le directeur délégué de la fédération.