Loir-et-Cher : La ville de Vendôme cède la marque "Vendôme" à LVMH pour dix mille euros

Le conseil municipal de Vendôme a finalisé, ce 4 février, la cession pour 10 000 euros au groupe de luxe LVMH du droit d'utiliser le nom de la ville comme une de ses marques de joaillerie. Une belle affaire qui doit pérenniser le "partenariat" entretenu entre la commune et la multinationale.

Des bijoux ou du mobilier de luxe estampillé "Vendôme" ? C'est possible. En réalité, ça existe même déjà. Mais ce 4 février, le conseil municipal de la commune loir-et-chérienne a voté la cession du nom de la ville au fleuron du luxe français pour ce qui concerne la joaillerie. "Enfin, on ne va pas enlever les panneaux de la commune !" plaisante son maire, Laurent Brillard (UDI). La cession, explique-t-il, concerne notamment la "création de produits pour la joaillerie de luxe", et a été conclue pour la modique somme de 10 000 euros.

Une belle affaire pour le groupe de Bernard Arnault

Dans un contexte de crise économique et de réduction des recettes dans les communes, la décision n'a rencontré que peu d'opposition au conseil municipal, où seuls deux élus ont voté "contre". Mais elle n'est pas sans faire grincer quelques dents, dont celles du conseiller écologiste Florent Grospart, qui dénonce une "vente à la découpe" de l'identité de la petite ville, après une vente identique en 2018, cette fois pour ce qui touche à l'industrie du cuir.

"Privatiser ce mot et le transformer en emblème publicitaire est une décision que nous ne pouvons pas partager", a déploré l'élu sur les réseaux sociaux. "Il ne s’agit pas d’une vente temporaire, d’une licence, ou d’une convention d’exploitation mais bien d’une cession définitive à une très grande multinationale pour … 10 000€." Une belle affaire pour le groupe de Bernard Arnault, adepte de l'optimisation fiscale.

Il y a une dimension masochiste pour une collectivité de traiter avec des personnes qui mettent tout en œuvre pour éviter de payer leur impôt.

Florent Grospart, conseiller municipal de Vendôme

500 emplois supplémentaires dans la commune

Laurent Brillard, lui, préfère parler de "partenariat" avec la marque de luxe. "C'est une bonne nouvelle, qui montre que LVMH continue d'investir à Vendôme." Non, admet le maire, "on ne s'est pas battus pour obtenir 50 000 euros au lieu de 10 000". Mais il compte sur les bonnes relations développées entre la commune et la multinationale pour pérenniser l'installation de plusieurs ateliers à Vendôme depuis 2018, notamment sur les sites de Rochambeau et de la ZA du Parc technologique du Bois de l'oratoire. Le 24 décembre 2019, le groupe LVMH annonçait déjà l'implantation de sa deuxième usine et promettait la création, à terme, "d'un millier d'emplois".

Dans un contexte économique difficile, Laurent Brillard espère donc voir l'activité et l'emploi se maintenir, voire se développer dans sa commune grâce à ce partenariat. En 2020 Vendôme a en effet été touchée par la crise économique due au covid-19, notamment lors des licenciements annoncés chez l'équipementier aéronautique Thales ainsi que chez Bosch.

L'argument du développement économique, s'il semble fondé, n'en fait pas moins bondir l'opposition. "Les créateurs, artisans Vendômois sont oubliés", déplore Florent Grospart. "Dorénavant, un artisan (dans le domaine d’application) de notre commune ne pourra plus utiliser le nom de sa propre ville sans en quémander l’autorisation à LVMH." Et, la cession étant définitive, il pourrait être très compliqué pour la commune de revenir sur son souhait.

En 2020, le groupe LVMH revendique 44,7 milliards d'euros de ventes et 4,19 milliards d'euros de bénéfice net. A environ 1500 euros le mètre carré (c'est le prix moyen à Vendôme), LVMH aurait donc pu s'offrir la ville entière pour "seulement" les deux tiers de son chiffre d'affaires annuel.

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