Ce jeudi 6 mai, le département du Loiret a présenté au public les nouveaux aspects du projet de déviation de la RD921 entre Jargeau et Saint-Denis-de-l'Hôtel. Un projet très contesté par les militants écologistes depuis près de 20 ans.
Nouvelle avancée dans le projet de la nouvelle voie sur la Loire. Ce jeudi 6 avril, le département du Loiret a présenté les nouveaux aspects de la déviation de la RD921 entre Jargeau et Saint-Denis-de-l'Hôtel. Parmi ces annonces, faites dans un live-tweet, sont évoquées :
- l'entreprise en charge de la conception et la réalisation du projet, à savoir le groupement Baudin Châteauneuf.
- la création d'un belvédère d'observation "pour bénéficier de panoramas en toute saison sur la Loire"
- la création d'une nouvelle route à 2 voies d'une longueur de 15 kilomètres entre la RD 13 au Sud de la commune de Marcilly-en-Villette et la RD 960 à l'est de la commune de Saint-Denis-de-l'Hôtel
- un nouveau pont sur la Loire d'une longueur de 570 mètres où "40% de la largeur du tablier du pont sera dédié à la circulation des modes de déplacements doux (piéton et cycliste, ndlr)"
- la mise en place d'une maison pédagogique pour accueillir particuliers et groupes scolaires désirant comprendre les différentes étapes du chantier tout au long des travaux.
Avec cette construction, estimée à 58,1 millions d'euros, le département veut réduire les nuisances sonores pour les habitants de Jargeau et désengorger cet axe routier, qui compte "environ 15 000 véhicules par jour (dont 10% de poids lourds), et un taux d'accidentologie important. "En effet, le taux de gravité des accidents y est deux fois plus élevé que la moyenne nationale".
Même s'il assure aussi "exécuter les travaux dans le plus profond respect du calendrier écologique des espèces en présence", le projet a su provoquer la colère des militants écologistes du département. Après ces annonces, ils n'ont pas manqué de le faire savoir une nouvelle fois sur les réseaux sociaux, où ils tweetent sous le hashtag #saccageloiret et #greenwashing.
@leloiret invente la réduction des émissions de CO2 avec de nouvelles routes ?#greenwashing
— La Loire Vivra (@LaLoireVivra) May 6, 2021
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60 hectares de terres agricoles
15 hectares de bois
1 île
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#saccageloiret https://t.co/lyF4x0WZ0m
20 ans de lutte contre le projet pour les militants écologiques ...
Depuis que le projet est connu du grand public, soit près de 20 ans, les opposants ne manquent pas de se faire entendre, estimant que cette déviation ne serait qu'un moyen de déplacer le problème. En 2016, Alain Delaigre, du collectif "La Loire vivra", proposait une solution alternative : "Nous ce qu'on veut depuis le départ, c'est que les deux têtes de pont, aussi bien nord que sud, soient aménagées, éventuellement par des giratoires ou avec des carrefours. Nous demandons que soit aménagé une passerelle accolée au pont de manière à mettre en sécurité piétons et cyclistes".
Pour prolonger ce combat, un village éphémère, baptisé "le village de la Loire", voit le jour à Mardié, à la lisière du bois de Latingy en août 2018. Il représente pour ses habitants un lieu de rencontre et de réflexion sur la lutte contre la déviation de Jargeau. Leur camp, fait uniquement avec des matériaux de récupération, se construit sur un terrain privé prêté par les différents propriétaires des parcelles.
Septembre 2019, nouvelle opération de protestation, cette fois-ci sur l'île de Baffaîts. Pendant les travaux préliminaires de déboisement, deux activistes du village de la Loire se sont enchainés à une pelleteuse. Ainsi, ils ont bloqué toutes les opérations pendant près deux heures, avant d'être entendus par la gendarmerie de Chécy.
... qui ont failli arriver à leurs fins
En plus de ces actions coup de poing, de nombreux autres facteurs ont failli empêcher le projet de voir le jour. Le 23 juin 2019, la Corydale solide, une fleur protégée, est détectée dans les sous-bois aux alentours de Jargeau. C'est par cet endroit exact que la déviation est censée passer. Les travaux sont alors suspendus avant d'être autorisés à nouveau par la Prefecture deux jours plus tard : " Tous les travaux susceptibles d’entraîner une destruction, altération ou dégradation de la Corydale solide, qui est une espèce protégée, sont interdits dans l’emprise Est du projet comprise entre la voie ferrée et la RD960, sur le territoire de la commune de Saint-Denis-de-l'Hôtel. La voie ferrée elle-même n’est pas incluse dans le périmètre d’interdiction."
16 sur 18 recours rejetés par le tribunal administratif
Selon le Département, 16 des 18 recours déposés au tribunal par les associations militantes ont été rejetés. Il continue d'affirmer que l'environnement "reste au coeur de ses préoccupations". A l'heure où nous écrivons ces lignes, des fouilles archéologiques sont entamées et les travaux devraient démarrer dans les prochains mois sur le franchissement de la Loire et la section courante de contournement de Saint-Denis-de-l'Hôtel. La mise en service de la déviation est attendue pour fin 2024.