Une crise sans précédent s’abat sur les structures sociales en France. Six cents sites d’aides aux plus démunis sont menacés de fermeture, il ne percevront pas les dix millions qui auraient dû les aider à sortir de la crise. Leurs pertes s'élèvent à plus de 50 millions d’euros.
Le réemploi solidaire et le monde associatif impliqués dans la transition écologique ont subi de plein fouet les lourdes conséquences économiques et sociales de la crise. Emmaüs, pour la première fois de son histoire, a fait un appel aux dons pour survivre. Ressourceries, recycleries, et structures Emmaüs ont perdu plus de 50 millions d’euros durant les deux mois de confinement. Et la reprise s’annonce difficile.
« 10 millions d’euros sur des crédits non consommés, bloqués par Bercy »
L'Agence de la transition écologique (ADEME) a proposé de créer un fonds d’urgence de dix millions d’euros sur les crédits non consommés et prévus par le budget à Bercy. Mais stupéfaction aux votes, lors du conseil d’administration de l’ADEME, Bercy s’oppose à sa mise en œuvre et retire de l’ordre du jour la proposition de financement. L’argument du ministère : l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) s’est vue bénéficier d’un fonds d’urgence dédié, et les structures du réemploi solidaire font partie des cibles de cette aide. Le fonds dont il s’agit s'élève à 1,5 million d’euros de financement d’Etat . Il sera dédié aux structures de moins de trois salariés, et les recycleries en comptent en moyenne vingt et un.
« Le président de la République annonçait dimanche 14 juin qu’il fallait favoriser les emplois locaux, la solidarité et l’économie verte...»
« C’est une catastrophe pour nous les recycleries. Nous ne pourrons pas bénéficier de cette mesure d’aide » , affirme Tiffany Delgado, Directrice de la ressourcerie « Les ateliers Ligéteriens » à Tavers dans le Loiret. « J'ai gelé les embauches, et nous avons décalé un crédit immobilier, nos charges Urssaf ont été reportées mais ce n’est pas une solution, on paye afin d’éviter de nous retrouver encore plus endettés, le monde associatif est le parent pauvre de l’économie »
« Une aide jugée insuffisante, scandaleuse »
« Le gouvernement considère-t-il avoir fait sa part pour soutenir l’ESS, qui représente 10% du PIB, avec ce financement dédié d’ 1,5 million d’euros ?", s’étonne Martin BOBEL, vice-Président du Réseau des Ressourceries et coordinateur du REFER. « Pourquoi les dix millions sont-ils bloqués ?....alors que cette somme est nécessaire à la survie de milliers de structures solidaires. » Le parlementaire Joel Bigot poursuit, « On demandera au gouvernement de s’expliquer sur la non-attribution de ce budget, la question sera remise à l’ordre du jour du prochain conseil d’administration de l’ADEME. Des structures solidaires ont bénéficié d’un prêt d’Etat, or certaines sont actuellement dans l’incapacité de rembourser, et risquent de mettre la clé sous la porte dans quelques mois."