Le prix du gaz va augmenter de 5,5% à 10,4% au 1er juillet 2024. Cette hausse est due à une baisse de la consommation. Un paradoxe ? Absolument pas.
Les prix vont encore grimper. À partir du 1er juillet 2024, le coût du gaz va augmenter entre 5,5% et 10,4%, ont annoncé vendredi 2 février la Commission de régulation de l'énergie et le gestionnaire du réseau GRD. La nouvelle a de quoi surprendre alors que le prix repère du gaz pour janvier 2024 a baissé de 4% après des mois de hausses successives.
Selon Emmanuelle Wargon, la présidente de la Commission de régulation de l'énergie, interrogée sur France Info, cette hausse est "essentiellement liée" au fait que la consommation baisse. "Dans le prix de la facture des particuliers qu'on paye tous, il y a le prix de la molécule de gaz elle-même, et puis le fait que ce gaz passe bien dans des tuyaux. Ces tuyaux, il faut les entretenir, il faut les remplacer quand ils sont défaillants."
Une explication qui n'a pas empêché de provoquer la colère de certains utilisateurs : "Tu consommes plus de gaz, le prix monte. Tu consommes moins de gaz, le prix monte aussi, c'est magique", s'agace l'un d'entre eux.
Tu consommes plus de gaz ? Le prix monte.
— Ceci est mon Twix (@ceciestmontweet) February 4, 2024
Tu consommes moins de gaz ? Le prix monte aussi, c'est magique. pic.twitter.com/QwAIyCtCqS
La pilule a d'autant plus de mal à passer que cette baisse de la consommation des ménages a été encouragée par le gouvernement à la sortie de l'été 2023, dans un contexte tendu par la guerre en Ukraine et les difficultés d'approvisionnement, notamment de gaz. Sauf que cela n'a rien à voir...
Mécanique ou politique ?
"Le gouvernement n'a rien à voir là-dedans", précise d'emblée Nicolas Goldberg, expert énergie chez Colombus Consulting. En effet, ces tarifs sont régulés par une autorité indépendante du gouvernement : la Commission de régulation de l'énergie (CRE). "Le rôle de cette autorité est d'assurer le bon fonctionnement du réseau. Donc la CRE et GRDF font des prévisions de consommations et adaptent le tarif en fonction des besoins en investissement pour maintenir le réseau en bon état".
Quand il y a moins de consommation, on amortit le réseau sur une consommation en baisse alors que son entretien est à coût fixe. Donc le coût unitaire augmente.
Nicolas Goldberg, expert énergie chez Colombus Consulting
Ce mécanisme est d'ailleurs prévu dans les tarifs de GRDF et d'Enedis. C'est ce qu'on appelle le CRCP (compte de régularisation des charges et des produits) : "Le tarif prévoit donc un mécanisme permettant de corriger, pour des postes préalablement identifiés, les écarts entre les charges et produits prévisionnels et ceux réellement constatés", indique le site de GRDF.
Facture en hausse ? Pas si sûr
Cette augmentation du tarif de gaz pourrait, pour les plus chanceux, ne pas se faire sentir au moment de passer à la caisse. Là encore, si cela peut paraître étrange au premier abord, il y a une explication. "Il y a trois grands leviers qui se répercutent sur votre facture. Les taxes de l'État, qui dépendent de choix politiques, comme l'augmentation du 1er janvier 2024. Le coût du réseau, qui est régulé par la CRE, comme dans ce cas, et enfin la molécule qui dépend du marché mondial. Ces trois leviers sont indépendants", détaille Nicolas Goldberg.
Ainsi, quand la consommation baisse, le prix de la molécule baisse. Or, selon le spécialiste, cette baisse pourrait possiblement "compenser" la hausse du coût du réseau. "Il n'est pas impossible que certains ne voient rien sur leur facture, pour d'autres l'augmentation sera très légère", rassure-t-il.