La majorité des moines de l'Abbaye de Fleury à Saint-Benoît-sur-Loire (Loiret), l'une des plus vieilles de France car créée vers l'an 630, fait face à une vague de contaminations au Covid-19. Le lieu vient donc d'être déclaré "cluster covid", zone de circulation active du virus.
Le frère Dom Bernard Ducruet, âgé de 92 ans, est décédé dans la nuit de samedi à dimanche après avoir été contaminé par le coronavirus. Il appartenait à la communauté de l'abbaye de Fleury avec 27 autres moines, dont une majorité, au moins 18 d'entre eux, présentent des signes de la maladie.
L'abbaye est considérée comme un "cluster"
Un "cluster" est une zone où le virus circule activement et où le nombre de personnes contaminées augmente rapidement.Sur les 28 moines que compte l'abbaye de Fleury, trois ont été testés positifs au Covid-19 mercredi dernier.
Un médecin est désormais en contact permanent avec la communauté et le Prieur-administrateur, le Père Jacques Audebert, a pris des mesures sanitaires très strictes.
Les moines de l'abbaye sont tous confinés
Le père Audebert, joint ce mardi au téléphone, nous a confirmé, dans une conversation marquée par une brève quinte de toux, la situation et ses conséquences :
Le décès du frère Bernard a évidemment provoqué de l'émotion dans la communauté. (..) Aujourdhui la plupart des frères, atteints par le covid-19, montrent des signes d'un simple état grippal, cependant l'un des frères est sous oxygène. Il n'y a pas de frère hospitalisé.
L'organisation quotidienne de l'Abbaye est bien évidemment perturbée par l'irruption du coronavirus.
Le père Prieur a mis en place une livraison de plats préparés chez un traiteur pour pallier l'absence de fonctionnement de la cuisine interne.
Les 7 offices religieux qui ponctuent une journée habituelle à l'Abbaye sont maintenus mais célébrés à l'intérieur des cellules individuelles, les chambres occupées par les moines.
La pièce commune, où les moines avaient notamment accès à la radio et à la télévision, est fermée et le Père Audebert se charge de collecter des informations sur internet puis de les transmettre par l'impression d'un bref journal confectionné dans son bureau et déposé à l'entrée de chaque cellule.
Nous conservons une possibilité de promenade, une fois par jour et en respectant des distances entre chacun, mais notre Abbaye le permet aisèment. C'est le médecin qui nous a d'ailleurs recommandé de nous aérer et de marcher un peu. (..) Certains ont un peu de mal à le faire, car le virus nous a tous diminué physiquement (..) c'est une maladie qui nous laisse flageolants, sans forces.
Pas de peur, ni de plaintes dans les mots du Père Audebert, la communauté réserve l'essentiel de ses prières pour ceux qui souffrent à l'extérieur.