Et si la vente à emporter était une solution pour traverser le confinement sans mettre en péril son activité ? Burgers maison ou cuisine gastro, deux restaurateurs du Loiret expliquent comment ils se sont adaptés pour faire face à la crise sanitaire. Reportage.
Jérome Da Cruz est le gérant d'un restaurant spécialisé en burgers faits maison à Orléans. Avec la fermeture de nombreux restaurants et la vente à emporter, il a vu le nombre de commandes augmenter fortement.La demande a augmenté de 30 à 40 % depuis le confinement. Mais on pense aux autres qui souffrent de cette crise
" Avant, on fabriquait entre 110 et 120 burgers par jour. Là on est autour des 170 burgers. C'est énorme ! Comme la salle est fermée cela nous permet d'envoyer plus de volume mais parfois on n'arrive à pas à répondre à toute la demande."
Du gastro à la maison chaque samedi
La plupart des ventes à emporter concerne des burgers, des pizzas ou des tacos. Mais de plus en plus de chefs de restaurants gastronomiques s'y mettent comme Eric Bouton du restaurant la Laurendière à Olivet.Il a lancé ses premières ventes à emporter ce samedi 25 avril. Au menu : Quinoa de saumon fumé au citron vert, cuisse de canard à l'orange et crème brûlée à la vanille bourbon.
"On fera ça tous les samedis de 10 h à midi et les gens viendront chercher leur marchandise puisqu' on a la possibilité de les faire entrer par une porte et sortir par l'autre. J'ai déjà une réservation pour huit personnes pour samedi prochain", explique le chef, plus serein.
"25 repas par semaine au lieu de 200, c'est mieux que rien en attendant la réouverture"
La vente à emporter n'est pas la panacée mais après un mois et demi de fermeture c'était importat pour le chef de se remettre aux fourneaux : "Il faut refidéliser notre clientèle. On est là depuis 27 ans. On a des habitués et on veut les garder. "Il ajoute, lucide : " Ça ne va pas combler le manque à gagner si on fait 25 ou 30 couverts par samedi au lieu d'en faire 200 par semaine."
Un soutien financier de l'Etat qu'il faudra rembourser
Eric Bouton a sollicité les aides de l'Etat pour passer le cap. Mais ce n'est pas suffisant. Il a bénéficié du fonds de solidarité de 1500 euros et emprunté 20 000 euros à taux zéro grâce au prêt garanti par l'Etat. "Il faudra le rembourser avant la fin de l'année. Il va servir à payer les fournisseurs et les charges qui courent toujours comme l'électricité, le gaz. Pour les salaires, ils n'ont toujours pas été remboursés par l'Etat comme cela était prévu. Cela devrait arriver dans les semaines à venir," espère-t-il.
De nouveaux clients grâce à la vente à emporter
Pour Jérome Da Cruz du "Burger du boucher", ouvrir la vente à emporter dès le début du confinement lui a évité de demander des aides de l'Etat : "Même si c'est calme le midi, le soir, il y a une grosse demande. Comme beaucoup de restaurants sont fermés, ça laisse moins de choix aux clients. L'avantage c'est que la vente à emporter nous a permis d'attirer de nouveaux clients et on a des bons retours. C'est bien pour après la crise. "
Une réouverture mi-juin ?
Evidemment les deux restaurateurs ont hâte de rouvrir leurs établissements aux clients. "Si on a fait ce métier c'est parce qu'on aime le contact, on aime voir les gens qui viennent en salle. Un sourire fait toujours plaisir," confie Jérôme Da Cruz, impatient. "Mais c'est sûr que quand on reviendra à la normale, avec la salle ouverte on fera moins de volume. "Pour Eric Bouton, "il faudrait au moins pouvoir rouvrir le 15 juin pour qu'on puisse se remettre dans le bain doucement. Surtout que la plupart de nos habitués sont des personnes âgées qui ne vont pas revenir tout de suite. On va pas faire complet dès le lendemain de l'ouverture. Il faudra du temps avant que les gens reviennent. "
Reportage Christine Launay, Charly Krief et Vincent Quemener :
Les intervenants :
- Eric Bouton, chef du restaurant La Laurendière à Olivet
- Jérôme Da Cruz, gérant du restaurant "Les burgers du boucher" à Orléans
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