Après la confirmation de 34 cas positifs au sein de l'abattoir Tradival, 400 salariés vont être testés lundi et mardi. L'entreprise reste fermée jusqu'au 25 mai au moins, tandis que l'Assurance maladie s'occupe de rechercher les personnes rentrées en contact avec les salariés infectés.
La recherche se poursuit. Après la confirmation hier samedi 16 mai de 34 cas de Covid-19 - après le dépistage de 84 salariés - au sein de l'abattoir Tradival de Fleury-les-Abrais dans le Loiret, une grande opération de tests PCR a débuté.
Lors d'une conférence de presse ce 17 mai, le directeur général de l'Agence régionale de santé du Centre-Val de Loire Laurent Habert a confirmé "le dépistage de tous les salariés de l'entreprise" lundi et mardi, soit près de 400 personnes. Ce dimanche matin, une quarantaine de personnes de l'unité découpe a également été dépistée.
Laurent Habert le reconnait : la concentration de cas positifs au sein de l'entreprise est "extrêmement importante", et l'urgence est pour l'instant à l'identification de toutes les personnes infectées, ainsi que celle de leurs cas contacts. Le but : éviter une nouvelle propagation du virus au sein de la population.
"Entre dix et quinze cas contacts par personne infectée"
Les salariés de Tradival sont en effet majoritairement résidents du Loiret, et plus particulièrement des environs d'Orléans. L'Assurance maladie est de son côté chargée de tracer toutes les personnes ayant pu entrer en contact avec les salariés infectées hors de la sphère professionnelle.
Une tâche entamée dès hier, et qui devrait être terminée pour les 34 cas déjà identifiés "dès ce soir", selon Stéphanie Astier Parigino, directrice adjointe de la CPAM du Loiret. Cette dernière estime par ailleurs "entre dix et quinze cas contacts par personne infectée". Soit déjà plus de 300 personnes, à qui va être recommandée une quatorzaine.
En attendant la fin de ces investigations sanitaires, menées par l'ARS et par les équipes du centre hospitalier d'Orléans, l'abattoir a été fermé par arrêté préfectoral. "Si les conditions sanitaires sont respectées, le travail devrait reprendre lundi 25 mai", a précisé le préfet de région Pierre Pouessël.
Un abattoir caractérisé "par son obsolescence"
Pour s'en assurer, la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) et la Direccte du Centre-Val de Loire seront mobilisées toute la semaine. La DDPP, par l'intermédiaire de 10 agents permanents au sein de l'abattoir, sont déjà présents sur le site depuis plusieurs mois.
En effet, l'abattoir Tradival de Fleury-les-Aubrais "se caractérise par son obsolescense", a expliqué le préfet Pierre Pouessël. Un plan d'investissement de 15 millions d'euros avait été engagé pour moderniser les locaux, avec "un permis de construire délivré à la veille du confinement" selon le préfet.
L'unité de transformation de Tradival est par ailleurs fermée depuis fin novembre 2019, et a perdu son agrément sanitaire par décision préfectorale le 19 décembre. En cause : la révélation de huit cas de listériose chez des personnes ayant consommé de la langue de porc en gelée fabriquée dans l'atelier.
Entre temps, "les mesures correctives présentées par l'entreprise ont été jugées insuffisantes pour assurer la réouverture", a précisé le préfet de la région Centre-Val de Loire.
L'analyse des chaînes de transmission est toujours en cours
A l'heure actuelle, rien ne permet de dire si "l'obsolescence" des locaux est en partie responsable de la contamination des salariés de l'entreprise. "L'analyse des chaînes de transmission est encore en cours", d'après Laurent Habert, directeur général de l'ARS Centre-Val de Loire.
Deux scénarii sont pour le moment à l'étude : la possibilité d'une contamination dans l'organisation du travail, ou lors des temps de pause hors-organisation stricte. "La DRH nous a dit qu'il y avait les masques, le gel hydroalcoolique et la prise de température à l'entrée, a complété le préfet Pierre Pouessël. Il semble que le protocole sanitaire ait été respecté."
Pas de danger pour les consommateurs
Autre cause d'inquiétude, la potentielle contamination de la viande par le coronavirus. Marie-Agnès Linguet, maire de Fleury-les-Aubrais souhaite rassurer : "On doit mettre fin à certaines rumeurs. J'ai entendu que des gens voulaient jeter leur viande ou leur pâté. Sachons raison garder."
Ce que confirme Laurent Habert, qui ne témoigne "d'aucune alerte sur la contamination par les produits carnés. On est sur de la contamination directe entre humains". Pas de danger pour les consommateurs donc.
A ce stade, l'urgence reste ainsi à la détection des cas. A l'heure actuelle, le département du Loiret dispose d'une capacité quotidienne de 1 200 prélèvements en vue d'un dépistage.