Des munitions de chasse en vente chez les buralistes ? Ce sera le cas dès le 1er janvier 2024

Un haut fonctionnaire du ministère de l'Intérieur a affirmé, ce mercredi 22 novembre, que les bureaux de tabac pourraient mettre en vente des munitions à destination des chasseurs.

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L'annonce est d'abord passée inaperçue, à part dans le milieu des chasseurs, avant de se répandre comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. À partir du 1er janvier 2024, des munitions de chasse pourraient être vendues directement dans les bureaux de tabac.

Une annonce faite par Jean-Simon Mérandat, le chef du service central des armes et explosifs auprès du Ministère de l’Intérieur, invité sur Chassons TV ce mercredi 22 novembre dans l'émission "Face à Baudouin". Selon le haut fonctionnaire, "ça intéresse nos concitoyens en ruralité" :

Quand il faut faire 50 ou 70 kilomètres pour trouver un armurier, ça oblige à acheter beaucoup de cartouches de chasse, parce qu'on va peut-être pas y aller tous les weekends. Donc on en stocke beaucoup, ce qui n'est pas forcément, en terme de sécurité, très optimal.

Jean-Simon Mérandat, chef du service central des armes et explosifs

Chassons TV

"On n'était pas au courant"

"C'est vrai que ça peut poser des problèmes de sécurité", considère Alain Machenin, président de la fédération de chasse du Loiret, contacté par France 3. "Il ne faut pas que ça tombe dans toutes les mains, il faut sécuriser l'endroit, ou ne pas avoir des centaines de cartouches, ça sert à rien."

Selon lui, l'annonce est arrivée comme un cheveu sur la soupe dans les milieux de chasseurs. "Même du côté des instances nationales, on n'était pas au courant", assure-t-il.

Dans l'idée, il ne se dit pas opposé à la mesure, pour un accès à des munitions de chasse "à une distance relativement courte". Tout en notant que, en Sologne par exemple, "on est bien dotés en armureries, il y en a plusieurs rien qu'à La Ferté-Saint-Aubin".

La vente de munitions ne peut pas se faire de manière libre comme comme si on allait chercher un paquet de tabac ou une baguette de pain.

Charles Fournier, député d'Indre-et-Loire (EELV).

Pour Charles Fournier, député d'Indre-et-Loire (EELV), la mesure ne passe pas. "Je ne suis très favorable à ce que l'on encourage et facilite l'accès aux munitions pour pouvoir chasser. Ça doit rester une activité d'exception et protégé". Concernant le fait de devoir faire plusieurs kilomètres pour aller chercher des munitions, "il faut aussi faire beaucoup de kilomètres pour aller chercher une baguette de pain, aller chez le médecin", poursuit-il. 

Une diffusion de munitions qui "devrait rester totalement encadrée tout à fait exceptionnel. Même si c'est un peu difficile d'excès, je pense que c'est tout à fait surmontable et ça l'a toujours été", déclare Charles Fournier. 

Quelles formations ?

Alain Machenin se dit cependant "inquiet" quant aux compétences des buralistes. "Au niveau logistique, il ne devrait pas y avoir de problème, estime-t-il. Mais il faut un minimum de formation."

En l'occurrence, Jean-Simon Mérandat a expliqué que devraient pouvoir "se former en quelques heures à la réglementation". "Si c'est 100 heures, ça peut être suffisant, mais si c'est deux heures, ça ne paraît pas beaucoup, ironise Alain Machenin. Sinon il y a un risque, on ne peut pas mettre n'importe quoi dans un fusil. Peut-être qu'ils seront limités dans les produits qu'ils pourront vendre ?"

Pour l'instant, aucune précision supplémentaire n'a été donnée par le ministère de l'Intérieur, qui n'a pas encore répondu aux sollicitations de France 3. Selon Jean-Simon Mérandat, les buralistes pourront "s'appuyer sur un armurier", et ne devraient donc pas avoir de stock de munitions. "On a rencontré la fédération nationale des buralistes, qui s'est montrée intéressée", a-t-il ajouté.

Sur X (ex-Twitter), les internautes ont massivement relayé l'information, principalement pour la fustiger. "C'est ahurissant", a ainsi réagi le Parti animaliste : "Il est insupportable que l'État facilite l'utilisation des armes." "Perso, je propose qu'on l'étende aux boulangeries et aussi à la Poste pour redynamiser nos villages", a de son côté raillé Pierre Rigaux, militant écologiste.

Le mode d'application de la mesure n'a pas encore été précisé.

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