Animaux sauvages : la chasse au renard de nouveau autorisée, toute l’année, sur l’ensemble du Centre-Val de Loire. Les ONG s’insurgent.

Dans la nouvelle version de la liste publiée le 3 août par le gouvernement des "espèces susceptibles d'occasionner des dégâts" (ESOD), le renard, la belette, la fouine, la martre, le corbeau freux, la pie bavarde, le geai des chênes et l'étourneau sansonnet peuvent être à nouveau "détruits" à volonté durant toute l’année.

La nouvelle liste, qui sera valable jusqu'en 2026, est quasi-identique à celle établie en 2019. Il y a bien des dérogations accordées pour certains territoires. En Centre-Val de Loire, la martre ne pourra plus être chassée sur une quarantaine de communes situées à l’est du département du Loiret. Partout ailleurs dans la région, la chasse reste autorisée pour ces huit espèces autrefois qualifiées de « nuisibles ».
Différentes ONG remettent en cause la légitimité des arrêtés ESOD, jugeant archaïque l'idée d'autoriser à tuer "sans limite" des animaux" dans le contexte de l'urgence écologique et de l'effondrement de la biodiversité". Elles fustigent la méthode d'établissement de la liste, qui résulte de simples déclarations ne faisant l'objet d'aucun contrôle, aussi bien sur la véracité des faits que sur l'estimation des dégâts.

L'exemple du renard cristallise les récriminations des ONG

Le classement ne tiendrait pas assez compte de l’équilibre des écosystèmes. Le renard par exemple se nourrit de mulots qui prolifèrent dans les cultures évitant ainsi l’utilisation de répulsifs plaide depuis des années l’association Nature 18 dans le Cher qui milite pour une chasse sectorisée du canidé et non plus sur l’ensemble du département.
"En maîtrisant les populations de rongeurs, le renard limite la propagation de la maladie de Lyme dont ils sont des réservoirs" avance encore Philippe Grancolas, directeur de recherches au CNRS dans une interview accordée à France 3 le 4 août 2023. "Il faut une gestion de ces espèces et pas seulement un permis de les tuer à tout moment".

Prouver la non-culpabilité des ESOD

La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) a aussitôt annoncé le 4 août un "recours juridique" à ce nouvel arrêté. "On aura une double action en local devant les tribunaux administratifs et d'autre part au niveau national au conseil d'Etat vraisemblablement. Nous allons prouver la non-culpabilité des espèces mises en cause dans cet arrêté" a indiqué son président, Allain Bougrain-Dubourg.
Il a dénoncé le "mépris avec lequel on traite tous les contributeurs" de la consultation publique, dont 71% s'étaient opposés au projet d'arrêté. "C'est un cadeau fait aux chasseurs, qui reprochent à pas mal d'ESOD de s'en prendre au gibier qu'ils vont relâcher", a dénoncé le président de la LPO.

Le putois sauve sa peau

Les associations de défense de l’environnement reconnaissent cependant quelques petites avancées Le putois d’Europe ne figure plus sur la liste des ESOD. Suite à une décision du Conseil d'Etat en date de juillet 2021 jugeant que l'état de conservation de cette espèce était "défavorable", il n'y apparaît plus.
Le gouvernement a par ailleurs publié le 4 août trois arrêtés pour suspendre la chasse de trois espèces d'oiseaux menacées jusqu’à fin juillet 2024 : le courlis cendré, la barge à queue noire et la tourterelle des bois.

Mais pour M. Bougrain-Dubourg, cela ne suffit pas : "on donne un an de sursis pour ces espèces qui sont à l'agonie alors qu'au minimum on devrait leur accorder cinq ans de répit pour tenter d'endiguer leur déclin et espérer une renaissance".

L'actualité "Nature" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Centre-Val de Loire
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité