Fact-checking : non, les convocations de journalistes par la DGSI ne sont pas liées à la loi renseignement de 2015

Les internautes ont reproché au sénateur du Loiret Jean-Pierre Sueur, inquiet de la convocation de la journaliste du Monde, Ariane Chemin, son vote de la loi renseignement de 2015. Cette loi n'a pourtant joué aucun rôle. 

"Ce que je dis sur le secret des sources est une chose, une autre chose est de lutter efficacement contre le terrorisme" , établit Jean-Pierre Sueur avec le flegme qui le caractérise. Le 22 mai, le sénateur du Loiret a partagé, sur Twitter, son inquiétude face à la convocation par la DGSI de la journaliste du Monde Ariane Chemin
 


Des convocations inquiétantes, devenues fréquentes


"Je rappelle que c'est son article du 18 juillet de l'année dernière qui a fait que l'on a su ce qu'il s'est passé place Contrescarpe, et c'est à partir de là qu'on a pu se poser des questions. Et je rappelle que, si on a pu trouver une part importante de la vérité (...) c'est aussi en raison du travail des journalistes, mobilisés dans plusieurs rédactions"  repend Jean-Pierre Sueur. Les enjeux et les pressions autour de l'affaire Benalla, le sénateur les connaît bien : il a été co-rapporteur de la désormais fameuse commission d'enquête du Sénat. 

Cette convocation par la DGSI intervient dans un contexte tendu pour la liberté de la presse : huit journalistes de différentes rédactions ont été convoqués par les renseignements ces dernières semaines.

"Il y a eu premièrement, il y a quelques mois, une tentative de perquisition chez Médiapart à l'initiative du nouveau procureur de Paris, retrace Jean-Pierre Sueur. Ensuite, il y a de nouvelles convocations de journalistes qui ont enquêté sur l'utlisation faite au Yémen d'armes vendues à l'Arabie Saoudite par la France, et là, c'est la même chose avec Ariane Chemin.  Il est évident qu'on cherche à savoir quelles sont leurs sources. Or le secret des sources est défini par la loi de 1881. Il faut le respecter. Point."

Suite aux propos de Jean-Pierre Sueur sur Twitter, les internautes sont nombreux à lui avoir reproché d'avoir voté la loi renseignement de 2015, dont découleraient selon eux ces procédures. 
 


La loi renseignement hors de cause


Pourtant, l'intervention de la DGSI et la loi renseignement de 2015 n'ont strictement aucun lien. En effet, les sept premiers journalistes ont été convoqués, comme le rappelle Check News, au titre de la "compromission de la défense nationale", encadrée par l'article 413-11 du code pénal.

Ariane Chemin, elle, est soupçonnée d'avoir permis, via l'un de ses articles, l'identitification d'un membre des forces spéciales, dont l'identité est protégée par l'article 413-14 de ce même code pénal. "Je ne sais pas si c'est un prétexte. On va bien voir, et je ne pense pas que le journal Le Monde ne manquera pas de nous informer là-dessus", glisse le sénateur. 

Il n'en reste pas moins que la loi renseignement de 2015, même si elle avait fortement inquiété les journalistes et une partie de l'opinion publique, n'entre donc pas en jeu.

Jean-Pierre Sueur, par ailleurs, assume totalement d'avoir soutenu cette loi controversée. "Certains disaient : ce que vous faites est contraire aux libertés. Ne croyez pas que je sois ravi qu'on permette d'intercepter des conversations privées ! Mais je constate que c'est nécessaire. Il y a eu l'attentat du Bataclan. Il est clair que si on avait pu intercepter la veille les téléphones portables des terroristes, on aurait pu éviter cet attentat."

 
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