La frontière entre la maison et l'école n'existe plus. Dans les établissements scolaires de la région Centre-Val de Loire, les réseaux sociaux sont à l'origine de plus en plus d'altercations entre élèves. Pire encore, les conflits concernent des enfants de plus en plus jeunes.
9 ans et 9 mois. C'est l'âge moyen auquel un enfant reçoit son premier smartphone en France selon un sondage de Médiamétrie réalisé en 2020. Dans une scolarité classique, les écoliers obtiendraient donc leur premier smartphone en classe de CM1. D'après cette enquête, 65 % des jeunes de 11 à 14 ans ont même déjà leur propre smartphone personnel.
Un smartphone qui leur offre un accès à énormément d'informations. Sans accompagnement ou contrôle des parents, le défi peut s'avérer difficile pour s'y retrouver. L'acquisition du premier téléphone, les premières inscriptions sur les réseaux sociaux, font disparaître, ou du moins tendent à réduire la frontière qui existe entre la maison et l'école. Une inscription prématurée puisque la majorité numérique en France est fixée à 15 ans. Avant cet âge, les parents devraient avoir donné leurs autorisations pour ces inscriptions.
Des conflits "presque tous les jours"
Des autorisations souvent absentes, qui peuvent provoquer des premières tensions en primaire, mais surtout dans les collèges. À Gien dans le Loiret, la principale du collège Bildstein a décidé d'alerter les parents des élèves de son établissement. "Plus de la moitié des conflits que les personnels de vie scolaire gèrent au collège relèvent d'un usage inadapté des réseaux sociaux", assure Karine Farraire. Pire, "il y en a presque tous les jours", poursuit-elle.
Il n'est pas rare que l'on soit obligé de gérer des conflits, des bagarres qui viennent régler des choses qui se sont échangées derrière l'écran.
Karine Farraire, principale du collège Bildstein à Gien.
Des disputes pouvant débuter en dehors des murs du collège qui rendent les gestions de ces conflits très difficiles. "On n'a pas la main [...] On doit travailler avec les parents parce que c'est aussi compliqué pour eux. C'est la première génération de jeunes qui est née avec les réseaux sociaux. On doit trouver un moyen d'accompagner ce qui s'y passe", alerte la principale du collège.
La problématique n'a pas de limites. "Les familles et les élèves ne mesurent pas que même si c'est sur les réseaux sociaux, l'école a son droit de regard sur ce qui s'y passe", remarque Martine Rico, coordinatrice régionale de FCPE, la fédération des conseils des parents d'élèves.
Le confinement comme tournant...
Par ailleurs, pour les parents, les comportements que pourraient avoir leurs enfants sur les réseaux sociaux, ont parfois du mal à passer. "Des familles peuvent dire, "le mien ne ferait jamais ça". À partir du moment où l'on est dans cet état d'esprit, on ne voit pas et on n'entend pas", insiste Martine Rico.
Autre problématique, le smartphone étant un objet personnel, "l'enseignant ne peut pas dire à l'élève qu'il veut voir ce qu'il y a dans son téléphone. Par contre les parents peuvent le faire", constate-t-elle. Face à ce fléau, des solutions peinent à être trouvées. Entre non-respect du droit à l'image, insultes entre élèves, violences numériques..., les champs d'action sont multiples.
Quelles solutions ?
"Différentes actions sont mises en place, de la formation continue pour les personnels à des plans de sensibilisation sur des pratiques ciblées comme le harcèlement ou le cyberharcèlement", explique Karen Prevost-Sorbe, référente académique en éducation aux médias et à l'information au rectorat de l'académie Orléans-Tours.
En l'absence de campagnes de sensibilisations nationales sur le sujet, le rectorat et les établissements scolaires font appel à des partenariats extérieurs. "Des gendarmes, des policiers et des associations interviennent auprès des jeunes", poursuit Karen Prevost-Sorbe. "On a un point écoute gendarmerie une fois par mois. Les élèves connaissent les règles mais c'est dans la pratique que c'est compliqué", renchérit la principale du collège Bildstein de Gien.
Pour répondre à une problématique de plus en plus présente, le programme Phare, mis en place depuis 2021, est un des plans de prévention contre le harcèlement à l'école. Il a été généralisé aux écoles et collèges à la rentrée 2022 puis étendu aux lycées en 2023.
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