Une enseignante de Gien, dans le Loiret, a été la victime d'une erreur d'informatique qui retient depuis deux mois son salaire de septembre.
"Ce n'est pas une question d'argent, c'est une question de considération." Depuis deux mois, Virginie Lagneaux bataille contre l'administration de l'Éducation nationale. À 49 ans, cette enseignante de mathématiques d'un lycée de Gien attend toujours que son salaire de septembre lui soit versé.
Tout commence peu après la rentrée. Virgine Lagneaux reçoit un mail du rectorat l'informant que son salaire de septembre a été retenu à cause d'une "erreur informatique". Malgré tout, un acompte de 1600 euros lui est automatiquement versé à la fin du mois, en attendant que son traitement lui soit reversé le mois suivant.
"On est face à un mur"
Mais en octobre, le problème n'est toujours pas réglé, ce qui n'empêche pas l'administration de lui retirer l'acompte accordé le mois précédent. Ne reste sur son bulletin de salaire qu'une somme d'environ 600 euros, correspondant à la prime pouvoir d'achat versée aux enseignants au même moment.
Depuis, elle se bat avec l'administration qui ne lui a toujours pas versé son salaire de septembre. Avec l'impression de ne pas être entendue. "Je suis exaspérée, on est face à un mur", confie-t-elle, jointe par France 3. Sans explication, et sans solution à court-terme, ce trou dans son compte en banque affecte rapidement son moral et sa santé. "Je suis à bout, je ne dors plus. Je sors de chez le médecin, je suis arrêtée 15 jours. Je ne peux pas aller devant les élèves comme ça."
Plus que la simple retenue du salaire, c'est l'impression de se heurter à une administration impersonnelle et indifférente qui blesse. "Heureusement que je vis des choses très belles avec mes trois classes", reconnaît Virginie Lagneaux. "C'est une administration qui est debout depuis des lustres, et c'est avec elle qu'on vit les choses les plus moches."
L'Éducation nationale parle beaucoup de ses problèmes de recrutement, mais il ne faut pas s'étonner, quand on est considérés comme ça, que les gens pètent un plomb, se suicident.
Virginie Lagneaux, enseignante
Des erreurs en cascade
Contacté par France 3, le rectorat reconnaît et déplore une erreur informatique et comptable, dont les origines remontent à la fin de l'année 2019. "Les services suivaient ce dossier, mais il y a eu des complications totalement exceptionnelles", regrette l'institution. De fait, les explications du rectorat sont révèlent les difficultés "rarissimes" rencontrées par un système administratif complexe, qui doit garantir le suivi de 43 000 enseignant dans la seule académie Orléans-Tours.
L'administration est parfaitement consciente des conséquences graves pour l'intéressée. Ce n'est pas normal, c'est rarissime.
Rectorat de l'académie Orléans-Tours
Fin 2019, donc, l'enseignante, en temps partiel, a choisi de sur-cotiser. C'est-à-dire de cotiser à sa retraite au même taux qu'un temps plein, sacrifiant une partie de son salaire pour consolider sa retraite.
Mais quelque temps plus tard, les conditions de son temps partiel changent, sans que la sur-cotisation ne soit recalculée, ce qui a constitué une première erreur. Virginie Lagneaux cotise désormais un peu moins que ce qu'elle devrait, et touche donc un peu trop. Au cours des mois, sans que les services ne s'en aperçoivent, la dette s'accumule, pour atteindre une somme d'un montant "très important" au bout d'un an, lorsque l'erreur est enfin détectée.
Plutôt que de prélever brutalement ce trop-perçu, l'administration tente, pour faciliter les choses, d'étaler la dette sur plusieurs mois. Les prélèvements destinés à rétablir l'équilibre devaient s'échelonner jusqu'en décembre 2023. Oui mais voilà, c'est là que se glisse la fameuse "erreur informatique" intervenue en septembre. "Quand en septembre, la demande de paiement est arrivée au service qui s'en occupe, une anomalie a été détéctée et le versement est rejeté."
Un épilogue positif
Une fois l'erreur identifiée, un acompte a bien été versé à l'enseignante, mais au mois d'octobre, lorsque cet acompte a été de nouveau retiré, le problème n'était toujours pas résolu, et le salaire de septembre a été une nouvelle fois bloqué. D'où la situation dans laquelle elle se retrouve à la mi-novembre.
"C'est la conséquence de la complexité de ce dossier", déplore-t-on au rectorat, qui assure avoir tout mis en œuvre pour corriger la situation au plus vite. La paie de novembre devrait ainsi pouvoir rééquilibrer les comptes de Virginie Lagneaux. Au prix, hélas, de plusieurs semaines très éprouvantes.