À Châteauroux, toutes les écoles sont déjà équipées de boutons d'alerte attentat

La Première ministre Elizabeth Borne envisage de sécuriser les établissements scolaires à l'aide de boutons d'alerte attentat. À Châteauroux, toutes les écoles sont déjà équipées de ce dispositif depuis plusieurs années.

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Trois semaines après l'attentat d'Arras dans lequel le professeur de français Dominique Bernard a été tué, le gouvernement réfléchit à des solutions pour renforcer la sécurité des établissements scolaires. Le 6 novembre dernier, Elizabeth Borne a évoqué la piste d'un bouton anti-attentat qui serait positionné dans chaque classe afin d'alerter immédiatement les forces de l'ordre en cas de danger. " Ce que je recherche, c'est des mesures efficaces. Ça existe dans certains établissements (…) mais je pense que c'est une réponse qui peut être généralisée ", a expliqué la Première ministre au micro de France Inter, précisant que le ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal, devait rencontrer les présidents des associations d'élus locaux dans la journée afin d'établir avec eux un plan d'action pour sécuriser les établissements.

Plusieurs villes de France ont en effet déjà mis en place ce type de dispositifs. C'est notamment le cas de Nice qui a rapidement voulu sécuriser ses écoles après les attentats sur la promenade des Anglais en juillet 2016. À Châteauroux, les 31 écoles de la ville sont également équipées de boutons anti-attentats. " On a commencé par rencontrer les directeurs d'école pour savoir comment construire un produit parce que rien de tel n'existait sur le marché ", explique le maire de Châteauroux Gil Averous. L'entreprise castelroussine Thoonsen Trading, leader dans la conception d'antivols pour la grande distribution, a été choisie pour le concevoir et le fabriquer. " Il y a eu un prototype modifié plusieurs fois. Après un an de mise au point, on l'a testé dans 6 écoles et quand on est arrivé à un dispositif qui nous plaisait bien, on l'a généralisé à toutes les écoles ", relate l'édile.

"Ça permet de protéger le personnel et les enfants mais aussi de ralentir la progression des attaquants"

Le principe est simple : en cas de danger, l'enseignant appuie sur le bouton et l'alerte est immédiatement envoyée à la police municipale. " Les policiers sont équipés de tablettes sur lesquelles l'alerte va apparaître et on va savoir dans quelle école et dans quelle salle de classe elle a été déclenchée. Ils ont le plan des écoles sur leur tablette et vont ainsi pouvoir intervenir plus rapidement." Pour encore d'avantage de sécurité, l'alerte est également envoyée aux autres écoles situées à proximité et les portes de chaque classe sont équipées de barres qui se rabattent automatiquement et verrouillent la classe de l'intérieur. " La consigne c'est : tout le monde s'enferme et les enfants se cachent sous les tables. Ça permet de protéger le personnel et les enfants mais aussi de ralentir la progression des attaquants ".

Le boîtier a aussi été équipé d'un deuxième bouton baptisé "AIDE". Un dispositif interne qui, en cas de problème, permet d'alerter non pas la police, mais le directeur de l'établissement. " C'est une double sécurité ", explique Laetitia Nabrin, la directrice de l'école élémentaire Saint-Martial. "Si l'enseignant a un enfant qui fait un malaise, s'il a une altercation avec un parent un peu virulent, ça lui permet de rapidement demander du renfort." A Saint-Martial, les enfants participent à un exercice attentat et intrusion et un exercice confinement chaque année. "Ils savent que la sirène n'est pas le même que l'alarme incendie. Le son est différent. Ça leur permet de savoir comment réagir en fonction de la sirène et d'acquérir des réflexes et, plus on a de réflexes, plus on a de chance de s'en sortir."

"La difficulté n'est pas dans les lycées et les collèges mais plutôt dans les communes rurales"

Si le dispositif est donc largement validé dans le Berry, l'étendre à tous les collèges et lycées de France laisse perplexe le maire de Châteauroux. Pour équiper toutes ses écoles, la municipalité castelroussine a dû débourser pas moins de 256 000 euros. " Si je prends ma casquette de Président de Villes de France, les départements et les régions ont suffisamment de moyens pour sécuriser leurs établissements ", constate Gil Averous. " La difficulté n'est pas dans les lycées et les collèges mais plutôt dans les communes rurales. Non seulement ça représente un coût, mais ces communes n'ont, pour la plupart, pas de commissariat ou de gendarmerie à proximité immédiate pour intervenir rapidement."

Pour le concepteur du bouton d'alerte attentat, Jacky Thoonsen, le projet du gouvernement arrive un peu tard. Il a arrêté sa production après deux ans de commercialisation. " Quand on a conçu le boîtier, on est partis d'un produit qu'on utilisait pour les incivilités aux caisses de supermarché et qu'on a adapté. On y croyait. On a fait des films promotionnels, j'avais même un commercial à temps plein là-dessus. On a équipé quelques magasins, on a fait les écoles de la ville de Châteauroux et puis on ne vendait plus rien."

Alors même avec la promesse d'un regain du marché, l'entrepreneur s'interroge à relancer le produit. " On a enlevé la ligne de production alors, tout remettre en place, c'est compliqué et puis on est en forte croissance sur d'autres secteurs alors on ne sait pas si ce serait vraiment intéressant pour nous."

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