Municipales 2020 : "Etre maire, c’est comme dans un mariage, on est élu pour le meilleur et pour le pire"

Le maire de Nevoy, Michel Beeuwsaert dresse le bilan de ses mandats rythmés notamment par la problématique des rassemblements évangéliques qui se déroulent chaque année sur sa commune.

30 années au service de la vie communale de Nevoy

Il est né près de Honfleur dans le Calvados mais a passé presque toute sa vie dans le giennois. A 67 ans, le très actif maire de Nevoy Michel Beeuwsaert raccrochera l’écharpe tricolore en mars prochain. Une décision prise lors du précédent scrutin en 2014 : "Il n’y a pas que la vie politique qui compte, il y a aussi la vie personnelle. C’est très important pour moi", confie ce patriarche, qui envisage une retraite recentrée sur la famille, les voyages et la pêche qu’il adorait pratiquer lorsqu’il avait encore le temps de s’y adonner. "On a toujours un pincement au cœur de quitter une fonction comme celle-là. Je pense qu’aujourd’hui j’ai une vie très remplie par cette tâche et du jour au lendemain je vais pouvoir prendre un peu de temps pour moi".

Le terme "remplie" semble un peu léger à en regarder la carrière de celui qui est encore le premier magistrat du village pour quelques mois. Installé à Nevoy en 1978, il œuvre depuis près de 30 ans au sein de la vie communale. Son arrivée en politique se fait un peu par hasard, en 1987, lorsqu’il est élu conseiller municipal pour la première fois : "Après la démission d’un tiers au conseil, je me suis présenté sur une liste de 5. J’étais déjà bien actif dans mon entreprise mais j’ai été convaincu par mes camarades de liste qui m’ont poussé à y aller". Des colistiers qui ont eu le nez fin puisque Michel Beeuwsaert sera nommé 19 années consécutives premier adjoint en charge des finances avant de devenir maire pour 12 années.


Gien : une aide et un handicap à la fois

Lorsqu’il dresse le bilan de ses deux mandats, Michel Beeuwsaert reconnaît qu’il est passé au travers des problématiques récurrentes rencontrées par les communes rurales. A Nevoy, on n’a pas forcément besoin de chercher longtemps un médecin pour se soigner et on ne manque pas non plus d’activités : "On est accolés à une ville de 17.000 habitants : Gien. Donc tous ces problèmes de santé et d’animation … tout cela se développe dans la commune de Gien et on en profite.  Nous, nous avons plutôt l’aspect associatif. Ici le tissu associatif est très important".

Mais si la proximité avec Gien a des avantages, elle a aussi ses inconvénients : "On est en train de perdre tous nos commerces les uns après les autres du fait de la proximité de la grande ville. C’est un souci car une partie de la population est vieillissante et ne peut pas se déplacer" déplore-t-il.

A côté de cela, "petite Nevoy" a bien grandi et a pris, au passage, un bon coup de jeune. Depuis 1989, la population de la commune est passée de 800 à 1300 habitants : "On est devenus très attractifs parce-que Nevoy se positionne géographiquement du même côté que la zone artisanale de Gien et la centrale de Dampierre. C’est donc le bon compromis pour aller travailler à la centrale ou à Gien".

Le difficile dossier des rassemblements évangéliques

Nevoy voit même parfois sa population multipliée par 10 mais cela en revanche, est bien loin de réjouir le maire sortant. En 1988, l’association évangélique tzigane "Vie et Lumières" acquiert un terrain de 130 ha sur la commune de Nevoy. A l’époque, Michel Beeuwsaert est premier adjoint : "Les habitants étaient stupéfaits que les gens du voyage aient réussi à acheter 130 hectares sur la commune. On a essayé de s’y opposer dès qu’on l’a su mais le montage financier pour l’achat a empêché tout recours de la commune. On n’a jamais pu faire capoter la vente et on n’avait pas le soutien de l’Etat." Raconte-t-il.

Dès l’année suivante, un rassemblement regroupant jusqu’à 7000 caravanes est organisé. "J’ai en ai même recensé 8000 une année" précise le maire de Nevoy. "On n’avait pas les gendarmes pour assurer la sécurité, on n’a pas pu barrer les chemins, on n’avait pas d’équipes pour nettoyer, on n’avait rien de tout ça. C’était un peu rocambolesque les 5 premières années".

Michel Beeuwsaert se souvient des problèmes de larcins, des perturbations de la tranquillité publique et des nombreuses rixes alcoolisées. "Quand on avait un problème, on appelait leur police interne et ils ne faisaient pas dans la dentelle. C’était un peu folklorique ! L’intervention était assez musclée. Ils arrivaient dans un bar ou il y avait des bagarres, ils leur tapaient dessus a tout va et sortaient tout le monde du bar".

En 31 ans de vie communale, le rassemblement évangélique annuel est sans conteste le plus gros dossier que le maire ait eu à traiter. Un évènement qui soulève encore des mouvements de protestation. "Au début, les relations avec les organisateurs du rassemblement étaient très tendues. Aujourd’hui il y a une relation plus saine. On essaie de mettre en place des choses au niveau sanitaire, de l’organisation, de la tranquillité publique de façon à ce que les habitants le ressentent le moins possible".


"Je n’ai plus confiance en l’Etat"

Michel Beeuwsaert l’avoue, s’il le pouvait, il ferait cesser ces rassemblements qui se perpétuent depuis 30 ans sur sa commune. D’autant que depuis 2011, ce n’est plus un mais 2 évènements qui sont organisés à Nevoy. Et malgré les promesses de l’Etat de trouver un autre terrain pour accueillir ce deuxième regroupement, aucune solution décente n’a encore été trouvée. Cet été, les élus du giennois ont à nouveau manifesté leur mécontentement aux côté des habitants : "Je n’ai plus confiance en l’Etat", déplore le maire. "Parce que quand vous vous retrouvez dans un bureau à Matignon, qu’on vous assure que vous n’aurez pas de second rassemblement et que quelques mois plus tard on vous dit qu’on n’a rien pu faire, qu’on ne peut pas leur donner de terrain, pour moi, l’Etat n’a pas tenu sa parole".

Face à cette problématique majeure pour sa commune, Michel Beeuwsaert revendique un caractère de battant, forgé grâce au sport qu’il a longtemps pratiqué et qui lui a transmis ses valeurs : "Quand on est élu on ne doit pas démissionner à la première difficulté. C’est comme dans un mariage, on est élu pour le meilleur et pour le pire. Il faut essayer de faire avec et si les gens nous font confiance, nous devons essayer de résoudre les problèmes quels qu’ils soient. C’est comme ça que je vois mon rôle de maire".

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