Grève des sages-femmes du Loiret : "C’est non seulement un métier qui n’attire plus mais qui très vite décourage"

Les sages-femmes sont en grève, à l’appel de l’organisation nationale syndicale des sages-femmes. Nombre d'entre elles, venues du Loiret, ont prévu de monter à Paris ce jeudi 7 octobre, pour participer à une manifestation nationale.

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Elles l'ont promis : la mobilisation sera forte. Une grande journée de manifestation est prévue à Paris ce jeudi 7 octobre, à laquelle les sages-femmes du Loiret et de la région comptent bien participer. Après avoir atteint selon elles, "un point de rupture", elles espèrent voir ce mouvement devenir historique "pour l’avenir de la profession mais également pour le respect de la santé des femmes", explique Roselyne Vinas, Présidente du Conseil de l’Ordre des sages-femmes du Loiret.

Une mobilisation à la hauteur de la déception provoquée par les récents arbitrages du ministre de la santé Olivier Veran. Un rapport de l'IGAS (Inspection générale des affaires sociales), diligenté par le ministère à la suite des nombreuses mobilisations des sages-femmes, préconisait en effet une augmentation salariale de 624 euros net par mois pour la profession en milieu hospitalier. Mais le ministère de la Santé leur octroie finalement le versement d’une prime de 100 euros ainsi qu’une hausse de salaire d’environ 100 euros brut par mois.

Un arbitrage du ministère "choquant et insultant"

C’est donc une nouvelle douche froide, alors que les sages-femmes s’étaient déjà senties exclues des accords du Ségur de la Santé à l’issue desquels elles avaient obtenu une prime de 183 euros nets mensuels, au même titre donc que les personnels non médicaux.

"Quand vous avez un ministre de la santé qui vous annonce au départ que les sages-femmes hospitalières vont être revalorisées à hauteur des médecins. Ils ont eu 1000 euros et on annonce 100 euros pour les sages-femmes. Est-ce que vous trouvez que c’est respectueux ? C’est choquant, c’est insultant", tonne Muriel Cheradame, membre du conseil d’administration de l’Union Nationale et Syndicale des Sages-Femmes (UNSSF).

Une reconnaissance médicale et non paramédicale

Toutes déplorent également l’absence d’évolution de leur statut alors que leurs compétences elles, ne cessent d’accroitre. Depuis 2016, elles peuvent prescrire une contraception, assurer un suivi gynécologique de prévention, prodiguer une IVG médicamenteuse ou vacciner leurs patientes et leurs nouveau-nés. "Les sages-femmes ne demandent pas forcement à avoir un calqué  du statut actuel des médecins et dentistes hospitaliers, elles demandent à ce qu’il y ait une reconnaissance médicale de leur profession au sein de l’hôpital public, et pas une reconnaissance paramédicale comme c’est le cas actuellement", détaille Roselyne Vinas.

Et puis au cœur des revendications, il y a bien évidement aussi et surtout les conditions de travail qui ne cessent de se dégrader. En cause : les décrets de périnatalité de 1998. Ils fixent les effectifs en maternité et sont considérés aujourd’hui comme obsolètes par la profession, car bien en deçà des besoins actuels.

"Quand vous avez un personnel qui est lui-même maltraité par l’institution  du fait qu’il n’y ait pas de remplacements, qu’on est toujours à flux tendu, qu’il faut venir travailler même si on est malade ou fatigué et qu’on va multiplier les gardes, on va se retrouver dans une situation où on n’est plus en mesure d’accompagner les couples dans la physiologie", déplore Muriel Cheradame.

C’est cette maltraitance institutionnelle qui amène des conditions de travail dégradées et qui font que les sages-femmes se retrouvent dans des situations à pouvoir être elles-mêmes maltraitantes.

Muriel Cheradame - membre du conseil d’administration de l'UNSSF

Toujours le plus beau métier du monde ?

Alors ce qui se trouvait être considéré hier comme le plus beau métier du monde, aujourd’hui ne séduit plus. "C’est non seulement un métier qui n’attire plus mais qui très vite décourage", constate Muriel Cheradame. "J’étais hier en communication avec une sage-femme hospitalière qui arrête son métier après trois mois d’exercice à cause des conditions de travail." 

"A l’heure actuelle, les étudiantes sages-femmes se reconvertissent même en cours d’études", ajoute Roselyne Vinas. "Des sages-femmes tout juste diplômées se reconvertissent immédiatement après le diplôme et des sages-femmes exerçant depuis moins de 5 ans quittent aussi la profession."

Le 25 septembre, un sixième mouvement de grève des sages-femmes en un an avait semblé particulièrement suivi dans le libéral selon les syndicats, qui annoncaient la fermeture d’au moins la moitié des cabinets en France. "Les patientes pouvant bénéficier d’une sortie de maternité précoce ne le pourront pas car il n’y aura pas de prise en charge à domicile par une sage-femme libérale. Elles doivent donc rester 24 heures de plus à l’hôpital", expliquait Muriel Cheradame. Dans les hôpitaux aussi, les grévistes s'étaient faits-es connaitre "mais sont difficiles à chiffrer", car le personnel y est alors assigné.

 

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