L'ensemble des syndicats de l'Education nationale ont appelé à une mobilisation générale lundi 12 novembre. Selon la FSU du Loiret, au-delà des revendications sur le budget 2019, les orientations du ministre Blanquer font craindre pour l'avenir de la fonction publique.
"Jean-Michel Blanquer prône les "écoles de la confiance", nous on a plutôt l'impression de voir se profiler une école de la défiance." Comme nombre de représentants syndicalistes, mais aussi de professeurs, Bruno Chirouse est inquiet. Professeur des écoles à Orléans, il est aussi le secrétaire départemental de la Fédération Unitaire Syndicale (FSU).Ce lundi 12 novembre, l'ensemble des syndicats de l'Education nationale ont appelé à la grève. Plusieurs manifestations sont prévues en France. Dans le Loiret, elles auront lieu à Orléans et Montargis, à partir de 14heures.
"Il y a plusieurs raisons à tout ça. Mais de manière générale, il y a un projet éducatif du gouvernement qui nous inquiète au plus haut point. A commencer par le budget 2019, l'argument qui réunit toutes les organisations syndicales. Il est en deça de ce qu'on préconise, ce n'est pas une nouveauté, mais là, il y a un véritable virage."
L'épineuse question des suppressions de postes
Ce sont d'abord plus de 2600 postes qui vont être supprimés dans le secondaire, à la rentrée 2019, et 400 de plus parmi le personnel administratif. Le gouvernement avait bien tenté un tour de passe-passe, en présentant plutôt la différence entre les postes supprimés et les postes créés, mais la ruse n'a pas pris.
Car les postes créés le seront, eux, dans le primaire, et serviront à mettre en place principalement la mesure de dédoublement des CP et des CE1 dans les zones prioritaires. 1900 postes créés. Insuffisant, pour la FSU.
"C'est leurrer les gens, de dire qu'on donne la priorité aux primaires. On crée 1900 postes ? A la FSU, on a chiffré que, pour appliquer le dédoublement des CE1 sur tout le territoire, il en faudrait 4000. Et quid des autres ? Les CE2, les CM1, les écoles qui ne sont pas en zone prioritaire et qui croulent sous les effectifs ?"
Les coupes apparaissent d'autant plus illogiques que les effectifs, eux, sont censés augmenter. Là encore, petit rétropédalage du gouvernement : le secrétaire d'Etat Olivier Dussopt avait annoncé le contraire sur FranceInfo en septembre, avant de se rétracter.
En effet, en mars, une note de la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) estimait : "les effectifs du second degré vont continuer à croître à chaque rentrée entre 2018 et 2022." En 2019, on parle de 40 000 élèves supplémentaires.
D'autres points sensibles
En plus du point suppression de postes, de nombreux points de réformes crispent la FSU du Loiret. Bruno Chirouse cite, pêle-mêle :
- La possible fin des écoles supérieurs du professorat et de l'éducation (ESPE), qui deviendraient des instituts. Sur ce sujet où l'on dispose encore de peu d'informations, la FSU craint un moyen de faire des étudiants des contractuels, en retardant leur titularisation.
- La transformation de la filière professionnelle, et notamment la réduction des heures d'enseignement général. Un collectif d'enseignants s'en est ému aujourd'hui même dans les colonnes de Libération : "la nouvelle réforme proposée laisse peu de place à une scolarité humaine et vivante."
- "L'évaluation constante" des professeurs mais aussi des élèves et des établissements. A titre d'exemple, les élèves de CP seraient évalués deux fois dans l'année, les CE1, 6ème et Seconde au début de l'année. Le gouvernement souhaite aussi contractualiser les établissements pour les pousser à atteindre des objectifs quinquennaux, comme l'indique le site Challenges.
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L'Education, et au-delà ?
La grève sera-t-elle suivie et poursuivie ? "C'est toujours la surprise, on a jamais de données par rapport à ça. Sur les 450 écoles du Loiret, 25 nous ont fait un retour. Sur 190 collègues, on annonce 93 grévistes. Est-ce que ce chiffre est fiable sur le Loiret ? Bien sûr que non. Mais on sait que certaines écoles seront fermées."
Derrière cette mobilisation, la FSU garde en tête un autre objectif : une mobilisation générale du service public, en janvier. "Le projet Cap 22 du gouvernement nous inquiète au plus haut point. Derrière ça, il y a l’avenir de la fonction publique. "
