Aurore Bligny a déposé plainte contre un refuge du Loiret où elle a adopté son chien, Tiger. Elle accuse le personnel d'avoir minimisé la pathologie dont souffre l'animal. L'association assure de son côté, avoir été transparente au moment de l'adoption.
Depuis plus de deux mois, Tiger et sa propriétaire on construit une belle complicité. A grand coups de papouilles, de caresses et de parties de balles, Aurore et son chien semblent s'être trouvés. Depuis des années, Aurore rêvait d'un compagnon à quatre pattes et s'est décidée à franchir le pas en avril en se rendant dans un refuge animalier.
Adepte des randonnées, des voyages en van et des activités sportives, cette trentenaire affirme avoir bien détaillé son mode de vie aux bénévoles. Ils lui présentent donc Tiger, en lui notifiant que l'animal a des problèmes de santé. "Je savais qu'il avait un léger trouble neurologique et qu'il marchait d'une manière un petit peu spéciale mais dans la mesure où c'était compatible avec mon mode de vie, je me suis dit que ça ne me dérangeait pas qu'il ait ce petit handicap", explique Aurore.
"Il perdait l'équilibre, il tombait, parfois juste pour un trottoir"
Séduite par son caractère, Aurore, très émue, repart donc chez elle avec Tiger. Elle réside en appartement, dans le centre-ville d'Orléans, et décide donc dès le lendemain, d'amener Tiger faire sa première balade.
Mais ce qui devait être un moment de plaisir pour tous les deux prend une toute autre tournure. "J'ai été prise de panique parce que je me suis aperçue que le chien avait ses 4 pattes en sang. C'est lié à sa façon de marcher", relate-t-elle.
Les griffes de Tiger s'usent effectivement anormalement sur le bitume, et jour après jour, Aurore décèle de nouveaux problèmes. "J'ai découvert que son état de santé se dégradait. Il perdait l'équilibre, il tombait, parfois juste pour un trottoir, il ne peut pas monter ou descendre les escaliers."
Aurore consulte alors plusieurs vétérinaires qui diagnostiquent à Tiger une ataxie cérébelleuse : une maladie dégénérative, incurable et parfois évolutive qui entraine des troubles de la motricité et de l'équilibre. La nouvelle propriétaire de Tiger soupçonne le refuge d'avoir minimisé l'état de santé du chien, d'autant que son certificat de bonne santé, pourtant obligatoire au moment de la cession d'un animal, ne lui a pas été délivré.
Elle réussit à obtenir le document dix jours plus tard auprès du vétérinaire qui suivait Tiger lorsqu'il était au refuge. Sur ce dernier, la pathologie est bien mentionnée. Pensant avoir été trompée, elle décide alors de déposer plainte contre le refuge.
Je l'ai fait pour les futurs adoptants, parce que je souhaiterais que le refuge puisse changer ses pratiques et applique plus de transparence envers les futurs adoptants [...] Quand on est trompés, ça a forcément des répercussions in fine sur l'animal qui, lui, n'a rien demandé.
Aurore Bligny - Propriétaire adoptante de Tiger
Dans un même temps, Aurore choisit de rendre son histoire publique et lance une pétition en ligne pour, exiger "la transparence et la protection des animaux au refuge de la Ferté-Saint-Aubin". Elle récolte à ce jour plus de 200 signatures.
"Je lui ai bien parlé de l'ataxie, au moins deux fois"
A la SPA du Centre, (NDLR : une association autonome qui n'appartient pas au réseau SPA historique), la responsable se dit très affectée par cette situation. Si elle reconnait que le certificat de bonne santé de Tiger n'était pas prêt au moment de son adoption, elle affirme néanmoins avoir longuement présenté à sa future propriétaire la pathologie de l'animal. "J'ai parlé à cette dame et je lui ai bien parlé de l'ataxie, au moins deux fois. Je lui ai dit que ça pouvait être dégénératif", argue Laetitia Boyer. "Il avait une perte d'équilibre, elle l'a bien constaté pendant la balade."
A son tour, le refuge a décidé de déposer plainte contre Aurore qui a fait opposition au chèque qu'elle avait délivré à l'association, et qui correspond aux frais d'adoption de Tiger. "On aurait préféré que ça se règle à l'amiable", regrette Laëtitia Boyer. "Nous pensions avoir fait un beau sauvetage. Lors de l'adoption, nous pleurions ensemble. C'était très émouvant. Nous étions très contentes qu'elle le sauve et elle aussi. Et de voir toutes ces histoires, 2- 3 jours après, parce qu'elle n'a pas compris peut-être sa pathologie … ça fait mal."
J'ai peur pour la réputation du refuge, parce que nous sommes en grande difficulté financière. Cette histoire ne va pas faire venir les adoptants.
Laëtitia Boyer - Responsable du refuge autonome de la SPA du Centre
Malgré le conflit qui les oppose, Laëtitia et Aurore s'entendent au moins sur un point : Tiger est heureux dans son nouveau foyer. Aurore n'a d'ailleurs jamais envisagé de s'en séparer. "Je ne me voyais pas le rendre comme une vulgaire paire de chaussures qu'on retourne dans un magasin et, au final, que ce soit lui qui en paye les pots cassés. Donc j'ai choisi de le garder jusqu'au bout et de profiter du temps qu'il nous reste."