IVG dans la constitution : comment ont voté les parlementaires du Centre-Val de Loire ?

Alors que la majorité des parlementaires de la région Centre-Val de Loire ont voté en faveur de l'inscription de l'IVG dans la constitution, d'autres dénoncent un plan de "communication" de la part du gouvernement.

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C'est un vote historique dont la dimension symbolique dépasse nos frontières. Depuis le 4 mars, la France est le premier pays du monde à inscrire l'interruption volontaire de grossesse (IVG) dans sa constitution. Le résultat d'une lutte qui a débuté dans les années 70, d'abord par les revendications des mouvements féministes avant d'être portée devant la représentation nationale par Simone Veil en 1974.

"C'est une grande victoire des féministes et des femmes, se réjouit Charles Fournier, le député écologiste d'Indre-et-Loire, il faut saluer le travail de Mélanie Vogel, élue écologiste, Mathilde Panot de La France Insoumise, d'Aurore Berger de Renaissance. C'est une victoire transpartisane".

Du "contre" au "pour"

Le parti présidentiel et ses alliés ont voté presque unanimement pour le "pour". Pourtant, il y a près de quatre ans, en juillet 2018, cette même majorité avait retoqué un texte visant à constitutionnaliser l'IVG.

La députée Renaissance d'Indre-et-Loire, Fabienne Colboc, fait partie de ceux qui s'étaient opposés à la réforme de 2018 et qui ont, cette fois, voté en faveur du texte : "C'est surtout le contexte géopolitique, explique-t-elle, quand on voit ce qu'il se passe en Hongrie, en Pologne ou aux États-Unis, les choses ont évolué si rapidement". Un constat qui reste à nuancer au sujet de la Pologne et de la Hongrie, deux pays pour lesquels l'accès à l'IVG a été menacé à plusieurs reprises avant 2018.

Division à droite

À droite comme à l'extrême droite, les parlementaires sont plus divisés. En Centre-Val de Loire, par exemple, les sénateurs Les Républicains d'Eure-et-Loir ont tous voté "contre" tandis que ceux du Loiret ont voté "pour".

"Je me suis beaucoup posé la question", explique Pauline Martin, sénatrice LR du Loiret qui a finalement choisi le "pour" à contrecœur. "Ce n'est pas un moment historique. Cette inscription ne change pas grand-chose", dénonce l'élue qui estime que le droit à l'avortement n'est pas menacé : "Aucun parti ne remet en cause ce droit, même le RN".

Selon elle, ce vote est avant tout un "piège" politique tendu par Emmanuel Macron : "Le débat s'est réduit à pour ou contre l'IVG, or ce n'est pas ça. Il ne faut pas que la constitution devienne un catalogue des droits sociaux. Mais il était inaudible pour la population de voir un élu voter contre"

Lors du congrès, Olivier Marleix, le député Les Républicains d'Eure-et-Loir et patron du groupe LR à l'Assemblée nationale a, quant à lui, pointé le "risque" de créer "un droit absolu", tout en estimant que les élus devaient ce vote "à la liberté des femmes", évoquant les "menaces" planant sur l'avortement dans le monde.

Réactions timides au RN

Du côté du RN aussi, les avis divergent. Près de la moitié, des parlementaires du Rassemblement national se sont abstenus ou se sont opposés au texte.

C'est le cas de Mathilde Paris, la députée du Loiret : "Tel qu'il est rédigé, l'article de loi ne devrait satisfaire ni les pro-IVG ni les anti-IVG. Il ne fige dans le marbre aucune condition d'accès à l'IVG, cela signifie que l'on pourrait très bien demain durcir les conditions d'accès", réagit-elle par SMS.

Celle qui comparait, en 2014, l'IVG à la Shoah, semble avoir changé de position à ce sujet : "Je suis personnellement attaché à la loi Simone Veil qui a mis un terme aux avortements clandestins qui mettaient la vie de nombreuse femme en danger".

À l'inverse, Thomas Ménagé, également député RN du Loiret et porte-parole du parti de Marine Le Pen, a voté "pour" tout en dénonçant une mesure "de communication" de la part d'Emmanuel Macron.

Une réaction timide, à l'image de celle de sa cheffe de file, Marine Le Pen, qui indiquait quelques jours avant le vote que son groupe voterait pour l'article de loi "même si personne en France ne met en danger" l'accès à l'IVG.

Mis en application

Une analyse que ne partage pas du tout Charles Fournier : "Il est faux de dire que l'IVG n'est pas en danger en France", affirme-t-il, citant notamment une séquence diffusée sur la chaîne CNEWS, présentant l’avortement comme la première cause de mortalité dans le monde. "Désormais, il y a encore la question de l'accès à l'interruption volontaire de grossesse, qui est encore très inégal sur le territoire. Cette constitutionnalisation doit permettre une mise en application concrète de ce droit".

En Centre-Val de Loire, par exemple, les territoires ruraux sont toujours sous-dotés en termes de moyens, rendant, parfois, très difficile l'accès à l'IVG pour certaines femmes.

 

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