"Je ne voulais pas encore m'aventurer dans des crédits" : cette Loirétaine cède une part de sa maison à une start-up en échange de travaux de rénovation

Pour pouvoir rénover son logement, une habitante de Château-Renard dans le Loiret a choisi une solution de financement innovante. Elle a cédé un pourcentage de sa maison à une entreprise qui, en échange, a pris en charge le montant de ses travaux.

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Samantha* a beau aimer sa maison des années 70, il y avait urgence à lui redonner un petit coup de jeune. Certaines portes-fenêtres en simple vitrage, en plus d'être cassées, sont de vraies passoires thermiques. Tout comme sa toiture, qui a besoin d'être isolée. Mais cette aide-soignante et conseillère en immobilier de 42 ans, a déjà bénéficié d'aides comme MaPrimeRénov' dans le passé et ne peut donc plus y prétendre. "J'ai des crédits pour ma voiture, pour ma maison et je suis seule avec un enfant à charge. Ça fait beaucoup quand même. Et puis les banques ne financent pas facilement", explique-t-elle.

Elle découvre par hasard, au fil de son réseau dans l'immobilier, l'existence de Vasco, une start-up bordelaise. "Au début, je doutais du sérieux de l'entreprise parce qu'il y a beaucoup d'arnaques. Mais quand j'ai commencé à les appeler pour en savoir plus j'ai été rassurée", relate-t-elle.

"Chez nous, c'est sans conditions de revenus ou d'endettement, d'âge ou de santé"

L'entreprise, créée en 2023, propose de payer jusqu'à la totalité des projets de rénovation des particuliers en échange d'une part de leur maison. Elle devient ainsi propriétaire d'une partie du bien. L'idée a germé dans la tête de Mathieu Guerchoux, Sébastien Prot et Hervé DeGreve, les trois cofondateurs, après un simple constat : "Il existe plein d'aides et de solutions bancaires pour financer la rénovation énergétique, mais malheureusement cela ne suffit pas toujours, notamment parce qu'il y a plein de ménages qui ne peuvent pas emprunter", explique Sébastien Prot. "Et puis nous n'avons pas les mêmes critères qu'une banque, chez nous, c'est sans conditions de revenus ou d'endettement, d'âge ou de santé".

Le principe est le suivant : prenons l'exemple d'une maison dont la valeur a été expertisée et évaluée à 300 000 euros. Les travaux de rénovation énergétique, eux, sont estimés à 30 000 euros, soit 10% de la valeur du bien que Vasco va financer. "En échange, on va acheter une part du bien. Donc, on va aller chez le notaire et acquérir une part de la maison. On va détenir un peu plus que ce qu'on va financer, donc si on apporte 10% du capital, on va détenir 14% du bien." Le propriétaire garde en revanche la totalité du droit d'usage de la maison. "Il n'est absolument pas question que nous occupions le logement", rassure Sébastien Prot.

Des travaux financés grâce à une foncière immobilière

Pour rembourser la start-up, il n'y a aucune mensualité à payer comme ce serait le cas avec un crédit bancaire. Les propriétaires ont trois solutions :

  • Racheter la part détenue par Vasco,
  • Rembourser l'entreprise au moment de la vente du bien,
  • Prolonger le contrat pour 10 années de plus moyennant une part supplémentaire du capital.

Les travaux sont financés grâce à une foncière immobilière indépendante qui a obtenu l'agrément Entreprise Solidaire d'utilité Sociale (ESUS) dans laquelle épargnent des particuliers. "Ils le font par conviction, pour placer leur argent dans une épargne qui sert à aider des gens à rénover les logements des plus modestes, mais aussi parce qu'il y a un avantage fiscal de 25% grâce à l'agrément." 

Si Vasco est précurseur en France, ce modèle existe déjà à l'étranger. Les trois entrepreneurs le trouvaient "particulièrement adapté à la rénovation énergétique". En plus d'être complémentaire aux aides de l'État, "On améliore le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) et le bien prend de la valeur. Ça peut aller jusqu'à 20% de la valeur de la maison en fonction des travaux. Et les clients vont aussi réaliser des économies d'énergie."

"Je suis libre ! Je n'ai pas de souci à me faire"

Samantha a cédé environs 20% de sa maison à Vasco contre un financement de 22 000 euros. Les travaux chez elle devraient débuter prochainement. "Je suis libre ! Je n'ai pas de souci à me faire en me disant : "J’ai encore ça a remboursr chaque mois, je vais me retrouver à découvert !". J'ai le temps de mettre de l'argent de côté pour pouvoir rembourser Vasco. Et puis si je ne veux pas vendre, dans 10 ans, je pourrai toujours faire un crédit, car, d'ici là, j'aurais fini de payer ma maison."

Vasco a déjà accompagné 10 projets de rénovation énergétique et devrait en prendre en charge une cinquantaine supplémentaire d'ici à la fin de l'année. À long terme, la start-up espère en financer plusieurs centaines par an.

*Le nom a été changé à la demande de l'intéressée dans un souci de discrétion.

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