Interrogé par France 3 sur l'affaire Benalla, le co-rapporteur de la commission d’enquête et sénateur du Loiret, Jean-Pierre Sueur, a livré son sentiment sur les révélations de Médiapart. Selon lui, le rapport sera remis d'ici quelques mois.
Après les dernières révélations de Médiapart, ce sera - sauf autre rebondissement - la prochaine grande étape de l'affaire Benalla. Le sénateur du Loiret, Jean-Pierre Sueur, a annoncé que le rapport de la commission d'enquête, dont il est co-rapporteur, serait remis "bien avant l'été".
Interviewé par France 3, il s'est cependant strictement refusé à évoquer l'orientation qu'a pris ou non le rapport : "Je ne dis rien de ce que seront nos conclusions. On va tout vérifier, continuer à travailler, l’on va rendre dans quelques temps le rapport, et là, on vous dira."
Il estime cependant que cette affaire est le fait de "dysfonctionnements, graves, lourds. Cette affaire est grave."
Le problème russe
Le 31 janvier, le journal indépendant Médiapart révèle plusieurs enregistrements de conversations entre Alexandre Benalla et le "'troisième homme" de l'affaire : Vincent Crase, ancien responsable de la sécurité chez LREM.
Les bandes mettent à mal les déclarations faites par les deux hommes devant la commission d'enquête, où il parlent pourtant sous serment.
C'est particulièrement vrai pour l'affaire du contrat russe. En 2018, Vincent Crase aurait passé, via sa société de sécurité, un contrat pour assurer la protection d'un oligarque russe, Iskander Makhmudov, entre autres soupçonnés de liaisons mafieuses.
"Ce que Mr Benalla a dit lors de la commission d’enquête, c’est qu’il n’y avait aucune intervention de sa part, par rapport à ces contrats avec l’oligarque russe, relate Jean-Pierre Sueur. (...) Mais les éléments donnés par Mediapart sont pour le moins troublants. Il est clair qu’il est intervenu dans ce contrat ou ces contrats alors qu’il était à l’Elysée, et ça pose des problèmes de déontologie, d’indépendance."
Mensonges et dysfonctionnements
Peut-être un rien revanchard face à ce personnage qui lui a donné du fil à retordre, le sénateur du Loiret rappelle : "Quand on ment à une commission d’enquête parlementaire, la loi prévoit une sanction, décidée par la justice, mais qui peut être de 5 ans de détention, et 75 000 euros d’amende."
Pour lui, le scandale Benalla est avant tout rendu possible par une série d'anomalies. "Sans doute parce que beaucoup de personnes pensaient qu’il avait une importance particulière, une protection particulière, qu’il était doté d’un pouvoir particulier. Toujours est-il qu’à l’Elysée pour commencer, dans un certain nombre de ministères, à la préfecture de police, dans des ambassades… Toute une série de choses se sont mises à dysfonctionner."
Il prend pour exemple le téléphone Teorem haute sécurité qu'Alexandre Benalla n'a pas rendu en quittant ses fonctions. "Dans n'importe quelle entreprise, on remet son matériel de travail en partant. Lui, il est parti de l'Elysée le 31 juillet avec son téléphone, et qu’est-ce qu’il s’est passé ? Rien. Le 4 octobre, on s’est rendu compte qu’il manquait un téléphonr. Qu’est ce qu’on a fait ? Rien."
Qu'en dira la commission d'enquête ? Sans doute beaucoup de choses.