Dans la deuxième circonscription du Loiret, La candidate RN, Élodie Babin est arrivée en tête du scrutin sans même avoir fait campagne. Elle décline aujourd'hui l'invitation à un débat d'entre deux tours. Son adversaire fustige une candidature fantôme qui, au nom de l'équité, le prive, lui aussi d'exposition médiatique.
Les électeurs de la 2eme circonscription du Loiret ne savent pas grand-chose d'Élodie Babin. La candidate n'a organisé aucune réunion publique ni aucun tractage. Son visage n'apparaît pas non plus sur sa profession de foi.
Il faut dire que cette mère de famille de 34 ans, conseillère régionale depuis 2021, ne vit pas dans le Loiret où elle se présente, mais à Saint-Rémy-sur-Avre en Eure-et-Loir. Pourtant, son absence sur le terrain comme son manque de notoriété n'a pas empêché la candidate du Rassemblement National d'arriver en tête au 1er tour des législatives avec 32,9% des voix.
Depuis sa qualification au second tour, Élodie Babin ne s'est pas davantage montrée sur les marchés ni d'ailleurs dans les médias. Et cette situation n'arrange pas son adversaire, Emmanuel Duplessy (NFP), arrivé second au premier tour avec 28% des voix.
J’appelle à l’organisation d’un débat avec la candidate du Rassemblement National.
— Emmanuel Duplessy (@EmmDuplessy) July 3, 2024
Les habitants de la 2ème circonscription du #Loiret méritent un débat éclairé sur les problématiques qui les concernent au quotidien afin de pouvoir choisir, en conscience, leur député. pic.twitter.com/KN2ux4ZSHo
Il attendait de se confronter à son opposante lors du traditionnel débat d'entre-deux tours organisé sur toutes les antennes locales de France Bleu, mais cette dernière n'a jamais donné suite aux multiples invitations de la radio. "Ça pose clairement la question de comment on permet aux citoyens de faire leur choix et puis moi clairement ça me retire des moyens d'expressions puisque les médias me disent que, sans Madame Babin, c'est impossible de me laisser la parole dans un souci d'équité".
La campagne a été très courte alors on informe les citoyens avec les moyens qu'on a. Il y a des discours nationaux qui sont très caricaturaux et qui ne correspondent pas à ce que moi je suis et la manière dont je travaille depuis des années sur le territoire, et j'aurais trouvé ça utile d'avoir des leviers pour que les gens puissent me découvrir, et les médias sont naturellement un vecteur important.
Emmanuel DuplessyCandidat NFP sur la 2e circonscription du Loiret
Un effacement qui interroge son opposant sur les capacités de sa rivale "fantôme" à endosser le rôle de député en cas d'élection : "Le rassemblement national n'essaie même pas de sauver les meubles en envoyant quelques militants coller des affiches, organiser une diffusion de tracts", déplore-t-il. "Si elle n'est déjà pas capable de défendre sa candidature, je ne vois pas bien comment elle va réussir à défendre nos concitoyens, les besoins de nos territoires."
21 candidats du Rassemblement national ont refusé ou annulé des débats sur France Bleu
Élodie Babin n'est pas la seule à avoir esquivé un débat d'entre-deux tours. Selon un décompte effectué par nos confrères de France Bleu mardi 2 juillet, 21 candidats du Rassemblement National ont annulé ou refusé de débattre sur leurs antennes.
C'est notamment le cas de Corine Fougeron dans la 2e circonscription d'Indre-et-Loire. La radio locale explique que la candidate RN avait pourtant donné son accord avant de finalement annuler sa venue. La candidate RN justifie ce désistement de dernière minute par sa présence "indispensable" à la commission de propagande qui se tenait en préfecture au même moment. Mais ses arguments ont rapidement été réfutés par son adversaire, le député Renaissance sortant Daniel Labaronne, qui afin d'être présent, avait lui-même désigné un mandataire pour le représenter à cette commission.
❌Fuir le débat, c'est trahir la démocratie !
— Daniel Labaronne (@LabaronneDaniel) July 2, 2024
Mon opposante #RN @CorineFougeron a annulé à la dernière minute le débat d'entre-deux-tours, invoquant un faux prétexte dénoncé par @FBTouraine.
Choisissez entre un candidat enraciné dans notre territoire ou une candidate fantôme. https://t.co/OcyXVHznqC
Même topo dans l'Indre où les candidats RN qui se sont qualifiés au second tour avaient donné leur accord de principe à France Bleu Berry puis se sont désistés. Marc Siffert, candidat LR associé au RN sur la 2e circonscription, explique dans un tweet refuser tout bonnement de débattre avec son opposant, le député LR sortant Nicolas Forissier, "car j’ai été informé qu’il avait négocié une alliance avec M. Sapin, du Nouveau Front Populaire, dès le 28 juin (soit bien avant le premier tour), démontrant le peu d’intérêt qu’il a pour ses électeurs."
Sur la 1ere circonscription, la candidate RN Mylène Wunsch elle, ne "veut pas perdre son temps dans des bavardages stériles", écrit-elle dans un communiqué, après son refus de débattre avec le député Horizons sortant François Jolivet.
"Élodie est malade"
Mais le cas d'Élodie Babin est différent si on en croit Aleksandar Nikolic, son conjoint et chef de file du Rassemblement National en Centre-Val de Loire. "Élodie est malade", explique-t-il, joint par téléphone. "Cela fait 10 jours qu'elle a le covid, donc elle ne fait pas de terrain."
Si Élodie Babin n'a pas fait campagne en raison de son état de santé - ce dont "doute sincèrement" son opposant - Aleksandar Nikolic reconnaît que depuis que le nom de la candidate est associé à une polémique, cette dernière "s'est braquée".
Elle ne veut plus répondre parce que, derrière ça, on l'accuse de choses qui ne correspondent absolument pas à la réalité. Elle a fait campagne en 2022, elle a fait campagne aux départementales en 2021 où il y a eu d'ailleurs des couvertures presse, où il y a eu des reportages. Elle est conseillère régionale, elle est déjà intervenue à la Région. Ce n'est pas l'affaire du siècle sincèrement.
Aleksandar NikolicChef de file du Rassemblement national en Centre-Val de Loire
Aleksandar Nikolic se demande même "si son profil pour représenter le RN gêne". "Elle en pleure en fait. Derrière les candidats, derrière les gens sur lesquels on peut s'acharner parfois, il y a des personnes qui ont une vie. Ce sont des humains."
Quant à l'absence de photos de la candidate sur sa profession de foi, le leader régional du RN la justifie par la rapidité de la campagne et par la stratégie du parti à "faire élire des députés pour qu'on puisse avoir une majorité absolue" et pour que ces derniers votent les lois proposées par le Rassemblement national : "C'est ça qui intéresse aujourd'hui les gens".