"La Belle de Grignon" est une péniche berrichonne. Elle mesure 27 mètres, pèse 20 tonnes et aura nécessité 30 000 heures de travail. Elle a été mise à l'eau et baptisée ce week-end à Vieilles-Maisons-sur-Joudry, dans l'est du Loiret.
L’aventure commence il y a 10 ans. Des passionnés, tous bénévoles décident de construire une péniche berrichonne, la Belle de Grignon, un bateau en bois de 27 mètres de long. Ils s’installent dans le port de Grignon sur la commune de Vieilles-Maisons-sur-Joudry dans le Loiret.
Certes, le projet est un peu fou mais l’idée, c’est de faire revivre le port, relancer la batellerie fluviale sur le canal d’Orléans à travers un bateau, la flûte berrichonne, qui fût essentiellement utilisé au 19ème siècle sur le canal de Berry, pour transporter jusqu'à 60 tonnes de fret.
Une dizaine d’artisans à la retraite : charpentier, chaudronnier, maçon… ont travaillé sur l’ouvrage pendant que d’autres réalisaient un travail de recherche très précieux sur l’histoire de Grignon.
La Belle de Grignon va maintenant pouvoir voguer sur les flots paisibles du canal d’Orléans. Le conseil départemental du Loiret, qui s'apprête à devenir le propriétaire du canal, fera de cette péniche l'une des attractions majeures. Après des travaux de réfection du canal et des écluses, la Belle de Grignon devrait pouvoir naviguer jusqu'à Montargis et Briare dans quelques années.
Un peu d’histoire
Le hameau de Grignon est situé sur la commune de Vieilles-Maisons. Sa proximité avec la forêt d’Orléans, les nombreux étangs qui l’entourent et la rivière Joudry toute proche permettent son alimentation en eau et donc la construction d'un port. Le port de Grignon nait, construit par des compagnies privées en 1676.
Deux ans plus tard, le premier tronçon du canal de Mahieu rejoignant le Loing puis la Seine est construit lui-aussi.
En 1692, après la construction du deuxième tronçon de Grignon à Combleux puis Orléans, 1 500 bateaux passent sur le canal d’Orléans. Au début du 19ème siècle, on en recense plus de 3 000 chaque année. L’activité du port est alors forte entre chargements, déchargements, réparations des bateaux : voituriers, haleurs, mariniers, maçons, charpentiers, aubergistes, charrons et autre personnel du canal s’affairent. Mais le trafic va peu à peu décliner jusqu’en 1954, date de la fermeture du canal d'Orléans.
Regardez le reportage réalisé sur la Belle de Grignon par Alain Heudes et Isabelle Racine
Intervenants :
Rolande Thiais, fille de mariniers de Loire
Jean-Jacques Lapeyre, charpentier de la "Belle de Grignon"
Denis Godeau, président de l'association MLC
Quelques chiffres
• 27 m, c’est la longueur de la péniche• 40 m3 de bois, du chêne provenant de la forêt d'Orléans
• 20 tonnes représentent le poids total de cette flûte
• 100 000 euros, le montant des achats nécessaires pour mener à bien ce projet. Financement : le conseil départemental, la Région Centre Val de Loire, la fondation du patrimoine.
• 30 000 heures de travail pour la construction du bateau et 20 000 heures pour l’aménagement du port