Plus d'une centaine de personnes se sont réunies à Nibelle, dans le Loiret, en soutien à une famille de confession musulmane. Le 9 décembre, ces Nibellois avaient découvert que quelqu'un avait déposé quatre pattes de sanglier tranchées devant leur porte.
Ils attendaient 50 participants, mais finalement plus d'une centaine de personnes se sont rassemblées ce 19 décembre en fin de matinée devant l'église de Nibelle, à mi-chemin entre Orléans et Montargis. Prévue depuis une semaine, la manifestation avait pour but d'exprimer le soutien du village à l'un des siens, et de protester contre les actes islamophobes.
Des pattes de sanglier devant la porte d'une famille musulmane
Dix jours plus tôt, le jeudi 9 décembre, Turgut Bastan, 59 ans, découvre devant sa porte quatre pattes de sanglier tranchées. Un acte menaçant, et avec de forts relents islamophobes pour ce mécanicien de confession musulmane et pour sa famille. Choqués et indignés, les villageois se sont immédiatement organisé en collectif, annonçant la tenue d'une manifestation pour condamner le geste.
Un village "indigné"
Au cœur du rassemblement, sous les banderoles du "Collectif anti-discrimination", Turgut Bastan ne cache pas son émotion. "Ça me fait plaisir, je vois que je ne suis pas tout seul, qu'il y a des gens qui nous soutiennent", confie-t-il à France 3. Néanmoins, le mécanicien, qui affirme s'entendre à merveille avec ses voisins, ne s'explique toujours pas ce geste malveillant. "J'ai grandi ici, ça fait cinquante ans que je suis là. Ma jeunesse s'est passée à Nibelle", poursuit-il. "Celui qui a fait ça, il n'est pas obligé de m'aimer, mais au moins on peut se respecter, vivre ensemble avec n'importe qui, n'importe quelle religion."
"Cet acte est inhabituel et scandaleux" insiste pour sa part Patrick Rousseau, fondateur du collectif. "On est ravis que les gens aient réagi de cette façon. Il fallait faire ça pour montrer notre indignation face à un geste inacceptable." Les manifestants proviennent pour la plupart de Nibelle même, et des villages environnants, même si quelques-uns sont aussi venus d'Orléans, observe l'organisateur. Parmi ces derniers, des membres de l'Union communiste libertaire et du collectif antifasciste orléanais récemment constitué.
Au-delà du geste lui-même, c'est aussi l'occasion pour les organisateurs d'afficher leur franche opposition à "certains discours politiques qui peuvent induire, faciliter, favoriser" les insultes, les menaces à caractère raciste ou islamophobe, voire un "passage à l'acte". Dans le monde politique aussi, ce qui s'est passé à Nibelle fait réagir. "Ce passage à l'acte est inquiétant", juge par exemple la députée LREM du Loiret Caroline Janvier, et "montre que les discours d'intolérance, la libération de la parole xénophobe, homophobe, misogyne sont suivis d'actes". Des discours portés notamment à l'extrême-droite de l'échiquier politique par le candidat à la présidentielle Éric Zemmour.
Dès le 9 décembre, une main courante a été déposée à la gendarmerie, qui a mené une enquête de voisinage. Pour le moment aucune interpellation n'a été rapportée.