L'écrivain loirétain Maurice Genevoix entre au Panthéon ce mercredi 11 novembre. La cérémonie rendra hommage à travers lui aux anciens combattants de la Grande Guerre que l'académicien a si bien décrit dans son recueil "Ceux de 14".
La célébration de l'Armistice et la panthéonisation de l'écrivain originaire du Loiret, Maurice Genevoix (1890-1980), aura une teinte particulière en cette journée du 11 novembre 2020.
Ses cendres seront transférées au Panthéon, ce mercredi, lors d'une cérémonie nocturne, à partir de 18 heures, à laquelle devraient assister une trentaine de personnes maximum, contexte sanitaire oblige. La cérémonie sera diffusée par France Télévisions.
Prévue initialement le 11 novembre 2019, la cérémonie a été repoussée d'un an afin de l'adosser au centenaire de l'inhumation du Soldat inconnu sous l'Arc de triomphe.
"Ceux de 14" entrent au Panthéon
La panthéonisation de l'écrivain-combattant Maurice Genevoix avait été annoncée par Emmanuel Macron le 6 novembre 2018, lors d'un déplacement aux Eparges, dans la Meuse, à l'occasion du centenaire de la fin de la Grande Guerre. Un lieu emblématique : c'est là-bas que Maurice Genevoix a été blessé à la main gauche lors d'une terrible bataille, en 1915.Emmanuel Macron a voulu que la consécration de cet écrivain soit également celle des combattants de la Première guerre mondiale. Maurice Genevoix, dont la vocation littéraire est née dans les tranchées, a immortalisé la mémoire de ces Poilus dans ses récits. Entre 1916 et 1921, il publie cinq volumes, de "Sous Verdun" à "Les Éparges", un témoignage de soldat finalement réédité en un seul volume, en 1949, sous le titre "Ceux de 14".
Je souhaite que ceux de 14, simples soldats, officiers, engagés, appelés, militaires de carrière, sans grade et généraux, mais aussi les femmes engagées auprès des combattants, car ceux de 14, ce fut aussi celles de 14, toute cette armée qui était un peuple, tout ce grand peuple qui devint une armée victorieuse, soient honorés au Panthéon. Je souhaite qu’ils franchissent ce seuil sacré avec Maurice Genevoix, leur porte-étendard.
Une cérémonie particulière
Le cercueil de l'écrivain, porté par la Garde républicaine, sera transféré au Panthéon après un passage, mardi, par l'Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm, où Maurice Genevoix avait étudié avant la guerre. L'étendard du 106e régiment d'infanterie, auquel appartenait l'écrivain, sera déployé.
Deux œuvres en hommage aux anciens combattants, commandées par l'Etat, seront dévoilées à cette occasion. Les six vitrines de verre et d'acier du plasticien allemand, Anselm Kiefer, décrivant des scènes de la Grande Guerre, et la composition du compositeur français, Pascal Dusapin, trôneront et résonneront dans l'enceinte du Panthéon. Une initiative inédite depuis 1924.
Les noms de 15.000 soldats de la Grande Guerre seront prononcés en leur hommage tandis qu'un jeu de lumière illuminera le Panthéon. Un extrait de son oeuvre "Ceux de 14" devrait être lu par des comédiens ainsi qu'une lettre à son ami Robert Porchon, mort au front.
Autre symbole : 101 cubes en verre, chacun contenant une poignée de terre de l’un des 101 départements français, seront disposés sur le parvis du Panthéon. Sur le 101ème cube, une poignée de terre des Eparges, lieu de son combat, et une poignée de terre des Vernelles (Loiret), où s’était installé, seront déposées.
Maurice Genevoix et la Sologne
Né dans la Nièvre, Maurice Genevoix grandit à Châteauneuf-sur-Loire, dans le Loiret, et s'installe ensuite à Saint-Denis-de-l'Hôtel, dans le hameau Les Vernelles. Toute sa vie, l'écrivain nourrit sa plume du spectacle de la Sologne et du Val de Loire. Proche de la nature, il publie plusieurs ouvrages inspirés par ces paysages, dont son chef d'oeuvre Raboliot (1925) pour lequel il obtiendra le Goncourt, La boîte à pêche (1926) ou La Forêt perdue (1967).Retrouvez une page spéciale consacrée à Maurice Genevoix dans votre 19/20.