Jérôme Germain, alias Gotho, est un jeune mangaka originaire du Loiret. À 32 ans, il publie son premier manga au mois de mai, "Nodoka", grâce à un financement participatif.
C’est un enfant du Loiret. Né à Montargis, il a vécu à Sury-aux-Bois avant d’habiter à Lorris et de travailler à Gien. Mais quand il prend son crayon, Jérôme Germain part très loin sur une autre planète, où des personnages modernes évoluent dans des décors médiévaux.
Il y retrouve Nodoka, une fillette de 12 ans armée d’un double canon scié et son garde du corps Key, chevalier de la table ronde. "Ensemble, ils vont essayer de trouver un de leurs compagnons qui se trouvent dans un village. Mais ce village est sous la domination des golems, des entités en pierre qui ont asservi tout le peuple en esclavage. Ils vont essayer de libérer ces habitants", raconte celui qui signe ses mangas sous le nom de Gotho.
Dans quelques semaines, les lecteurs pourront découvrir en version papier, les aventures de ses deux héros. Après une première vie sur internet, le premier tome sera imprimé et publié en mai par Kippon Dream, grâce au financement participatif. 2 510 euros ont été récoltés.
En 2019, Jérôme Germain avait déjà sorti les cinquante premières pages de Nodoka. Cette fois-ci, l’histoire sera publiée complètement. Mais pour l’instant, il n’a pas le temps de savourer car il faut fabriquer les contreparties aux contributions. "C'est encore un petit peu de boulot".
Auteur de shōnen
À 32 ans, cette publication est l’aboutissement de plusieurs années de travail. Il commence le dessin quand il est petit, en recopiant les bandes dessinées qu’il lisait : Astérix, Lucky Luke, Tintin, Boule & Bill, Kid Paddle… Au collège, il découvre le manga avec la série Negima. Il se convertit au genre. "Les personnages vont faire avancer l’histoire, via leurs actions, leurs pensées, leurs sentiments. En BD, c’est plus le côté narratif qui compte. On suit une histoire où on a mis des personnages", distingue Jérôme Germain.
Il prend des cours de peinture et dessin qui lui permettent de travailler son style, d’abord proche des auteurs de One Piece ou de Full Metal Alchimist. "J’ai un trait plus marqué, plus brut". Ses mangas sont à classer dans la catégorie shōnen, à destination des ados garçons.
Après des études d’arts graphiques à Tours et grâce à l’expérience, son coup de crayon a bien évolué.
Il a gagné en maturité, en maîtrise. Je me permets plus de choses maintenant. Actuellement, je dessine une armée entière de plusieurs centaines de milliers de personnages qui rentrent en action. C’est qqch que je n’aurais pas fait, il y a huit ans. C’était déjà compliqué de redessiner de la même façon d’une case à l’autre trois ou quatre personnages. Maintenant c’est devenu instinctif.
Jérôme Germain
Un second tome à suivre
Depuis deux ans, son rythme de production a changé. D’une page, il en dessine désormais deux par jour. Mais Jérôme Germain travaille toujours à l’ancienne : pas d’ordinateur, ni de tablette, tout est dessiné à la main sur des feuilles.
Par la suite, il numérise ses planches pour les mettre en ligne. C’est comme cela qu’il a été remarqué en 2020 par Kippon Dream, une association qui veut faire du manga 100 % français. "J’ai aimé la mise en scène, l’enchainement des cases et puis l’humour. Il est omniprésent dans les planches et dans les chapitres. À ce niveau-là, ça se rapproche de la BD franco-belge", détaille Romain Damoizeau, fondateur et responsable éditorial à Kippon Dream.
Gotho se verrait-il dessiner à plein temps ? "Ça me parait compliqué. J'estime que je n'ai pas la vitesse d'exécution suffisante", admet-il. En dehors du dessin, il travaille dans un magasin de jouets à Gien. En 2024, le second tome de Nodoka devrait être publié. À condition que les contributions du financement participatif soient suffisantes.