Être la star d’un court-métrage, une expérience incroyable pour ces enfants abîmés par la vie

Ils ont entre 0 et 18 ans. Tous ont quitté leur famille sur décision de justice et ont été placés dans un des villages de la Fondation Action Enfance. Le temps d’une journée ou deux, ils ont pu se mettre dans la peau d’un personnage et découvrir les secrets d’un tournage. Un projet social et pédagogique appelé "ACTION ENFANCE fait son cinéma".

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La vie ne leur a pas toujours fait de cadeau. Les jeunes placés à la Fondation ont tous une histoire difficile. Pour les uns, un vécu de maltraitance ou de négligences graves, pour d’autres des carences éducatives importantes. Pour assurer à ces enfants un cadre de vie de qualité, Action Enfance a mis en place une structure d’accueil unique : le Village d’Enfants et d’Adolescents.

Reconnue d’utilité publique, la Fondation est implantée dans 9 départements. Le Centre-Val de Loire compte des villages en Touraine et dans le Loiret.  « Nous avons la particularité d’accueillir des fratries, ce n’est pas toujours le cas dans d’autres structures » nous explique Christelle Dugrosprez, éducatrice à Amilly.

6e édition du projet "ACTION ENFANCE fait son cinéma"

La Fondation Action Enfance a lancé en 2018 le projet  "ACTION ENFANCE fait son cinéma". Depuis, tous les ans, c’est LE rendez-vous qu’attendent les 200 enfants et adolescents placés, mais aussi par les membres du personnel de la Fondation et les quelque 300 étudiants issus des 4 meilleures écoles françaises de cinéma (ESRA, EICAR, CLCF, 3iS).

Pendant quelques jours, tous vivent une aventure spéciale. Les étudiants en cinéma ont la possibilité de réaliser dans le cadre de leurs études un court-métrage et les enfants qui ont été retenus lors d’un casting, cela leur permet de découvrir les métiers du 7e art, et ainsi avoir une parenthèse joyeuse dans leur quotidien.  

À Montargis, immersion sur le tournage d’une satire sociale

En ce dernier jour de tournage ce mercredi 22 février, le temps n’est pas à la fête sur Montargis. Pourtant, malgré la pluie, la bonne humeur règne devant l’hôtel où est rassemblée toute la troupe. Une dizaine d’étudiants en cinéma s’affairent pour préparer la scène.

Le décor est planté : nous sommes dans une salle de réunion d’une entreprise de fabrication de doudous. Autour de la table, l’ambiance est tendue. Des salariés, joués par les enfants, et le directeur de l’usine interprété par un comédien professionnel, Thomas da Costa se toisent. L’usine est à l’arrêt, car les salariés veulent une augmentation. Ils veulent plus de bonbons !

La satire sociale a été écrite par Lucas Poisson, un étudiant de l’école 3iS. Il a aussi endossé le rôle de réalisateur. "Travailler avec des enfants, c'est un défi, mais c’est un plaisir de tous les jours. Ce n’est jamais ce qu’on attendait et parfois, c'est même mieux que ce qu’on attendait", raconte-t-il, enthousiaste.

"Le scénario raconte un peu le climat social qu’on vit en ce moment avec un décalage comique, un décalage amené par les enfants eux-mêmes. On est dans un climat de revendications et ces enfants reflètent les revendications des salariés actuels. Ils fabriquent des doudous et ils veulent plus de bonbons de la direction. L’idée ce n’est pas de faire un film social complètement réaliste, l’idée est de relater la société d’aujourd’hui de manière enfantine, je trouve que ce point de vue-là est intéressant", explique le jeune réalisateur-scénariste.

"Je voulais un rôle de méchante"

L’une des enfants star du jour, Cassandra, est au centre de l’action.  A 9 ans et demi, elle prend beaucoup de plaisir à participer au film. "J’ai un peu la pression d’avoir tous ces grands autours de moi et toute cette attention, mais ça reste amusant."

Sa collègue, Rose, 10 ans et demi, joue le rôle de la directrice adjointe. "Je voulais un rôle de méchante, c’est plus rigolo, mais je ne pense pas que je repasserai les castings l’année prochaine, c’est long un tournage, on doit refaire beaucoup de fois les mêmes choses, moi, je suis venue, car je voulais aller au Grand Rex !."

C’est en effet l’objectif ultime, la projection des 15 courts métrages devant un jury de célébrité au Grand Rex à Paris en juin. Trois films seront distingués par un prix. Il y aura notamment un prix du public dont le vote est ouvert à tous sur internet via ce lien.

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